Le retour

mère.
     
    J'ai trouvé ça en
dessous du matelas en changeant le drap de votre lit. C'est à toi?
     
    - Ben oui, avoua
Richard sans la moindre trace de remords apparent.
     
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    - T'as pas honte,
maudit vicieux?
     
    - Ben quoi? Ces
filles-là sont pas toutes nues.
     
    - D'abord, tu vas
changer de ton quand tu me parles.
     
    Tu m'entends, mon
effronté? fit Laurette, menaçante.
     
    - C'est correct,
consentit Richard en reculant d'un pas.
     
    - Ensuite, il
faut être un beau vicieux pour s'amuser à regarder des portraits de guidounes
en cachette. T'iras te confesser.
     
    - Ben oui, fit
l'adolescent en poussant un soupir d'exaspération.
     
    - Je suppose que
tu t'es dépêché de montrer ça à ton frère par-dessus le marché.
     
    - Je l'ai pas
montré à personne. Pas plus à Jean-Louis qu'à Gilles, mentit-il.
     
    - A cette heure,
va me jeter ça dans la poubelle au plus vite, lui ordonna sa mère. Ici, c'est
une maison honnête. Je veux plus jamais voir de ces affaires-là ici dedans.
     
    Sur ces mots bien
sentis, la mère de famille quitta la chambre, suivie par son fils qui jeta
ostensiblement son calendrier dans la poubelle de la cuisine. Au moment où il
allait faire demi-tour, sa mère le rappela.
     
    - Minute!
Ramasse-moi ton calendrier et déchire- le avant de le jeter.
     
    - Pourquoi,
m'man?
     
    - Prends-moi pas
pour une niaiseuse, Richard Morin, fit sa mère. Je te connais assez pour savoir
que t'es ben capable de revenir le chercher dans la poubelle aussitôt que
j'aurai le dos tourné. Envoyé! Grouille! Fais ce que je viens de te dire.
     
    L'adolescent, la
mort dans l'âme, fut contraint de déchirer le calendrier "artistique"
sous les yeux de sa mère avant de regagner sa chambre à coucher.
     
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    Quelques minutes
plus tard, Gilles vint le rejoindre, tout heureux de l'après-midi qu'il venait
de passer en compagnie de sa petite amie.
     
    - Je te dis qu'il
y avait du inonde qui louait des canots, dit-il à son frère. La gondole avait
de la misère à avancer tellement il y en avait. Il y avait aussi du monde
étendu partout sur des couvertes sur le gazon et...
     
    - La mère t'a
rien dit? demanda abruptement son jeune frère.
     
    - Sur quoi?
     
    - Elle a trouvé
le calendrier en dessous du matelas.
     
    Elle m'a fait un
sermon presque aussi long que celui du curé Perreault à matin. Elle m'a obligé
à le jeter, bâtard!
     
    - Bon. Puis
après! Tu feras comme avant. Tu regarderas les annonces de brassières et de
petites culottes dans le catalogue de Eaton.
     
    - Ça va être le
fun encore! Tous les portraits sont en brun et blanc, se plaignit Richard. A
part ça, les filles sont même pas belles.
     
    - Dans ce cas-là,
t'as juste à attendre que ton bum, Jutras, te présente sa soeur. Tu m'as dit
qu'elle ressemblait à une des filles du calendrier.
     
    Chapitre 11
    Une mauvaise
nouvelle
    Le lendemain
matin, Gérard quitta la maison en même temps que sa femme. La veille, il avait
entendu un client du restaurant-épicerie Paré dire que la brasserie Dow
embauchait. Il voulait être parmi les premiers à se présenter au bureau du
personnel en ce lundi de juin. De plus, il devait se présenter au bureau du
docteur Miron à une heure trente.
     
    - Ça va me faire
une maudite belle journée! jura-t-il en attendant le tramway, coin Fullum et
Notre-Dame. En tout cas, si j'ai une job à matin, que le diable emporte le
docteur. Je mettrai pas les pieds là.
     
    Avant de lui
accorder son congé du sanatorium Saint-
    Joseph, le
docteur Laramée lui avait ordonné de se présenter un mois plus tard chez son
médecin de famille, Albert Miron, pour un contrôle médical. Le spécialiste
avait d'ailleurs déjà pris rendez-vous pour lui le 4 juin avec le docteur
Miron.
     
    - Je m'en sacre,
se dit Gérard. Même si j'ai un rendez-
    vous, j'irai pas.
Je suis guéri. Je vois pas pourquoi j'irais niaiser là.
     
    Son séjour de
trois ans en sanatorium ne lui avait pas enlevé ses préventions à l'encontre
des médecins. Pourtant, n'importe quel observateur impartial aurait facilement
remarqué que le père de famille était de plus en plus
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    silencieux depuis
quelque temps. Il était visible qu'il n'en pouvait plus de faire du porte à
porte depuis un mois, cinq jours par semaine, pour quémander un emploi. Même
s'il affirmait être prêt à accepter n'importe quel travail, les portes se
fermaient toutes devant lui. Il avait beau tout faire pour dissimuler aux siens
le