Le retour

être en train de
surveiller ses jeunes frères et soeurs dans la cour voisine.
     
    Laurette prit les
draps et entra dans la chambre de Jean-
    Louis. Après
avoir repoussé les persiennes qui plongeaient la pièce dans l'obscurité, elle
rejeta les couvertures par terre et enleva le drap pour le remplacer par un
drap propre. Après avoir replacé les couvertures et l'oreiller, elle entra dans
la chambre voisine que se partageaient Gilles et Richard. La mère de famille
répéta les mêmes gestes.
     
    Cependant, au
moment où elle bordait le drap propre sous le matelas, elle sentit un papier
contre ses doigts. Intriguée, elle souleva le coin du matelas pour découvrir
une grande enveloppe brune qu'elle s'empressa d'ouvrir pour en tirer le
calendrier de Richard.
     
    - Ah ben, bout de
viarge! s'exclama-t-elle en examinant la jeune mannequin rousse qui semblait la
défier dans un costume de bain des plus provocants. Il manquait plus que ça!
Les petits maudits vicieux! Attends donc qu'ils reviennent, eux autres! Ils
vont m'en tendre! dit-elle, les dents serrées, en lançant le calendrier sur la commode
avant de finir de faire le lit.
     
    Elle se dépêcha
de refermer les persiennes de la fenêtre de la chambre de Jean-Louis, prit le
calendrier et alla rejoindre son mari, toujours en train de lire son journal
sur le balcon.
     
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    - Tu devineras jamais
ce que je viens de trouver sous le matelas de la chambre des gars, lui
dit-elle, l'air farouche.
     
    - Quoi?
demanda-t-il sans se donner la peine de lever le nez de son journal.
     
    - Tiens. Regarde,
fit-elle en laissant tomber le calendrier sur ses genoux.
     
    Gérard referma
son journal et prit le calendrier. Avec un début de sourire et un plaisir assez
évident, il se mit à en tourner les pages sans trop se presser.
     
    - Bon! Ça va
faire, dit Laurette avec humeur en le lui arrachant des mains après avoir
constaté qu'il s'attardait un peu trop à scruter l'anatomie des jeunes filles
photographiées.
     
    Je sais pas
auquel des deux ça appartient, mais ça prend un petit maudit cochon pour
s'amuser à regarder ça.
     
    - Ben...
     
    - Ben quoi?
     
    - Rien.
     
    - Ça me surprendrait
pas pantoute que ça soit à Richard, cette cochonnerie-là. Il va falloir que tu
lui parles quand il va rentrer.
     
    - C'est sûr que
c'est pas comme les images qu'on met dans notre livre de messe, fît remarquer
Gérard, mais c'est pas non plus la fin du monde.
     
    - OK. Laisse
faire. J'ai compris, fît sa femme sur un ton rageur. T'as l'air de trouver ça
normal que tes gars s'amusent à regarder des filles toutes nues.
     
    - Exagère donc
pas, cybole! dit Gérard en élevant la voix. Elles sont pas toutes nues
pantoute. Elles sont juste pas trop habillées.
     
    - T'appelles ça
pas trop habillées, toi?
     
    Laurette tourna
les talons et claqua la porte-
    moustiquaire pour
bien montrer sa fureur. Elle laissa
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    tomber le
calendrier sur le comptoir. Elle sortit sa boîte de tabac Sweet Caporal et ses
tubes en papier en claquant les portes d'armoire pour faire sentir son
mécontentement.
     
    Ensuite, armée de
son tube métallique, elle se mit à fabriquer sa provision de cigarettes pour la
semaine.
     
    Avant de sortir
sa chaise berçante sur le trottoir pour prendre un peu l'air, au milieu de
l'après-midi, la mère de famille alla déposer le calendrier sur le lit de la
chambre de ses fils. Un peu avant cinq heures, elle vit Richard revenir en
chahutant sur la rue Emmett avec ses deux copains. Ces derniers le laissèrent
devant la porte avant de poursuivre leur route sur la rue Archambault.
     
    - Est-ce que
Gilles est revenu du parc Lafontaine?
     
    demanda-t-il à sa
mère avant d'entrer dans la maison.
     
    - Non, dit
sèchement Laurette. Mais moi, j'ai affaire à toi, ajouta-t-elle en se levant
avec effort de sa chaise berçante pour le suivre à l'intérieur. Viens dans ta
chambre une minute, lui ordonna-t-elle au moment où il allait passer sans
s'arrêter devant la porte de sa chambre à coucher.
     
    Intrigué, Richard
entra dans sa chambre et aperçut immédiatement son calendrier sur le
couvre-lit. Comme la pièce était plongée dans la pénombre à cause des
persiennes fermées dans la chambre de Jean-Louis, sa mère alluma le plafonnier.
     
    - À qui c'est
cette cochonnerie-là? demanda-t-elle sèchement à son fils.
     
    - Vous avez
encore fouillé dans mes affaires, l'accusa-t-il.
     
    - J'ai pas
fouillé dans tes affaires, se défendit sa