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Le roi d'août

Le roi d'août

Titel: Le roi d'août Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Pagel
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l'instant.
    — Hardi ! cria-t-il. Rompez le combat ! Suivez-moi !
    Tout en lançant ces instructions que rien, sinon sa présence d'esprit, ne l'autorisait à donner, il martela le bras armé d'un deuxième Français, lequel lâcha son épée et fut contraint d'abandonner la mêlée.
    Galvanisés par son exemple, ses compagnons redoublèrent d'ardeur et parvinrent à se débarrasser de trois assaillants. Ceux qui restaient, surpris de ce regain d'énergie, marquèrent un temps d'arrêt, si bien que les Anglais parvinrent à se dégager. Suivant les indications de Renaud, ils tournèrent bride pour galoper en direction du village, traversant un champ cultivé que les paysans temporairement expropriés savaient destiné à être sacrifié sur l'autel des plaisirs de leurs maîtres. L'ennemi hésita un instant puis se décida pour la poursuite.
    C'était bien ce qu'avait escompté le jeune homme : à huit contre cinq, les chances redevenaient équilibrées pour peu qu'on quittât le terrain découvert. Forçant leurs destriers quasi épuisés, les fuyards arrivèrent aux premières maisons avec trente toises d'avance.
    — Arrêtez-vous ! hurla Renaud quand ils se furent engagés dans la rue principale. Pied à terre ! Aidez-moi !
    Une charrette avait été abandonnée à l'entrée d'une grange. Comprenant ce que méditait leur capitaine improvisé, les chevaliers anglais s'empressèrent de lui obéir et de pousser le petit véhicule en travers de la rue, de manière à le rendre invisible à leurs poursuivants avant qu'il ne fût trop tard.
    La ruse porta fruit au-delà de toute espérance. À peine les cinq hommes avaient-ils terminé leur ouvrage que les Français déboulaient à leur tour dans le village – groupés, comme ils l'étaient depuis le début, ce qui allait pour la première fois être une faiblesse.
    Les deux premiers foncèrent tête baissée dans la charrette. Leurs chevaux, les jambes brisées, s'affaissèrent avec de grands hennissements de douleur, les catapultant hors de leurs selles et les envoyant rouler au sol, où ils demeurèrent inertes, à tout le moins étourdis. Les bêtes suivantes freinèrent des quatre fers, folles de terreur, et se cabrèrent, se bousculèrent, au point que la plupart des cavaliers furent eux aussi désarçonnés. Deux ou trois furent mis hors de combat par des coups de sabots erratiques avant que les destriers encore indemnes ne s'enfuient. Les autres se relevèrent tant bien que mal, éprouvés par leur chute. Certains n'eurent pas même le temps de récupérer une arme avant que les Anglais, escaladant les restes disloqués de la charrette, ne se ruent à leur rencontre. Il ne leur faudrait pas bien longtemps pour succomber.
    Un seul Français était demeuré en selle. Celui-là, Renaud l'avait remarqué depuis longtemps. Il ignorait de qui il pouvait s'agir – l'homme avait perdu son écu, sa cotte d'armes était en lambeaux –, mais c'était à coup sûr un chevalier de grande habileté, qu'il avait vu remporter nombre de duels. S'il parvenait à le capturer, il en tirerait une rançon princière.
    Il enfourcha à nouveau son cheval et, laissant ses alliés à leur besogne, s'engagea dans une ruelle adjacente. Sorti du village, il contourna les premières maisons afin de rejoindre le site du combat.
    Il ne restait que trois Français en état de se battre. Les deux premiers, à pied, affrontaient chacun un adversaire. Le cavalier, quant à lui, résistait aux assauts conjoints de deux Anglais mais paraissait devoir vaincre. Lui aussi armé d'une masse, il vint d'ailleurs à bout d'un de ses antagonistes avant que Renaud ne se hissât à sa hauteur.
    — Il est à moi ! hurla l'arrivant.
    Nul ne disputa cette affirmation : bientôt, alors que, chez les piétons, la victoire anglaise ne faisait aucun doute, les deux chevaliers montés échangèrent leurs premiers coups. Ni l'un ni l'autre n'ayant plus de bouclier, ils ne pouvaient parer qu'à l'aide de leur arme et ne s'en privaient pas : la moindre erreur risquait de leur coûter cher. Une série de passes qui eut pour principal effet de fatiguer un peu plus leurs bras leur permit de se reconnaître mutuellement comme des adversaires de valeur. Ils s'écartèrent l'un de l'autre d'un commun accord pour reprendre leur souffle.
    — Compliments, messire ! déclara l'inconnu, haletant. Si tous ceux qui se battaient sous votre bannière avaient eu votre habileté, nous ne vous aurions pas

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