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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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silencieuses de
la ville endormie.
     

40
    Le régent Antipatros le reçut dans l’ancienne salle du trône,
emmitouflé dans un manteau de laine brute et vêtu d’un pantalon de feutre. Un
grand feu brûlait au milieu de la salle, mais une bonne partie de la chaleur
s’échappait, avec la fumée, par un trou ouvert au centre du plafond.
    « Comment te portes-tu,
général ? demanda Aristote.
    — Bien, quand je suis loin de
Pella. La seule vue de la reine me donne la migraine. Et toi, comment vas-tu,
maître ?
    — Je vais bien, moi aussi, mais
le poids des ans commence à se faire sentir. Et je n’ai jamais supporté le
froid.
    — Quelles sont les raisons de
ta visite ?
    — Je désirais faire une
offrande sur la tombe du roi avant de regagner Athènes.
    — Cela t’honore, mais c’est
également très dangereux. Si tu te débarrasses des gardes que je t’assigne,
comme puis-je te protéger ? Attention, Aristote, la reine est une
véritable tigresse.
    — J’ai toujours entretenu de
bons rapports avec Olympias.
    — Cela ne suffit pas, commenta
Antipatros en se levant et en s’approchant du feu, devant lequel il tendit les
paumes de ses mains. Je te jure que cela ne suffit pas. » Il s’empara d’un
pot sur le bord du foyer, et prit deux coupes de bonne céramique attique.
« Un peu de vin chaud ? »
    Aristote acquiesça.
    « Des nouvelles
d’Alexandre ?
    — D’après le dernier message de
Parménion, il traversait la Lycie.
    — Tout se passe donc bien.
    — Pas tout, hélas.
    — Qu’y a-t-il ?
    — Alexandre attend des
renforts. Les jeunes gens auxquels il a accordé une permission et les nouvelles
recrues sont déjà dans les Détroits, mais ils sont bloqués par la flotte de
Memnon. Si mes calculs sont justes, à l’heure qu’il est Alexandre pourrait se
trouver dans la grande Phrygie, du côté de Sagallassos ou Célènes. Il doit
certainement s’inquiéter en constatant que personne n’arrive.
    — Ne peut-on donc rien
faire ?
    — La supériorité de Memnon sur
mer est écrasante : si je donnais à ma flotte l’ordre d’appareiller, il la
coulerait avant même qu’elle ne puisse prendre le large. Nous sommes dans le
pétrin, Aristote. Mon seul espoir est que Memnon tente un débarquement sur le
territoire macédonien : dans ce cas, je pourrais espérer le battre. Mais
l’homme est rusé, et il ne se hasardera certainement pas à faire un mouvement
erroné.
    — Alors, quelles sont tes
intentions ?
    — Je n’en ai aucune pour le
moment. J’attends que Memnon se décide à faire le premier pas : il ne peut
tout de même pas rester éternellement à l’ancre. Et toi, maître ? As-tu
donc effectué ce voyage dans le seul but de déposer une offrande sur la tombe
du roi Philippe ? Si tu ne me dis pas la vérité, j’aurai du mal à te
protéger.
    — Je devais voir quelqu’un.
    — À propos de la mort du
roi ?
    — Oui. »
    Antipatros hocha la tête, comme s’il
s’attendait à cette réponse.
    « Restes-tu quelque temps parmi
nous ?
    — Je repars demain. Je rentre à
Athènes. Par la mer, si je trouve un bateau à Méthône. Sinon, par la route.
    — Comment est la situation à
Athènes ?
    — Bonne, tant qu’Alexandre
remporte des victoires.
    — Eh oui, soupira Antipatros.
    — Eh oui », répéta
Aristote.
    Alexandre prit ses quartiers à
Célènes, non loin des sources du Méandre. C’était la résidence du satrape de la
grande Phrygie. Il ne rencontra aucune difficulté car tous les soldats perses
s’étaient barricadés dans une forteresse, au sommet de cette belle ville – un
éperon rocheux qui surplombait un petit lac aux eaux transparentes, créé par le
fleuve Marsyas, affluent du Méandre. Cette troupe ne devait pas être importante
car elle n’essaya pas de défendre la muraille, qui ne semblait pas en très bon
état.
    Lysimaque effectua une
reconnaissance autour de la forteresse et revint de fort mauvaise humeur.
« Elle est imprenable, dit-il. On y accède uniquement par une poterne
située à mi-côte, du côté oriental. Mais les marches qui conduisent à l’entrée
ne peuvent être gravies que par un seul homme à la fois, sous la menace de deux
bastions. Il faudrait imposer un blocus, en espérant que l’ennemi n’a pas
amassé trop de vivres. Pour ce qui est de l’eau, elle coule en abondance, et
ces gens-là disposent certainement d’un puits, relié au lac.
    — Et si nous leur demandions

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