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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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les deux
principaux sentiers conduisant au haut plateau des Uxiens. On décida que
Cratère et ses attaquants emprunteraient le moins escarpé des deux qui menait
aux cols donnant sur la Perside, et qu’Alexandre affronterait avec les Agrianes
et deux bataillons « d'écuyers » le plus difficile, qui montait
directement vers les hauteurs que tenaient les guerriers ennemis.
    Cratère attendit que le roi commence
à gravir l’escarpement avec ses troupes, concentrant sur lui le gros des forces
uxiennes, pour s’engager, à l’abri de l’abondante végétation, sur le sentier
des cols.
    Les Uxiens qui défiaient Alexandre
se mirent aussitôt à décocher des flèches, à projeter des cailloux à l’aide de
leurs frondes, à lancer à mains nues un grand nombre de pierres, qui roulaient
le long de la pente. Mais les Agrianes s’aplatissaient derrière la moindre
aspérité avant de poursuivre leur chemin à découvert avec une incroyable
agilité, pour s’abriter à nouveau derrière des troncs d’arbres et des rochers.
Quand ils se dressèrent enfin devant les premiers défenseurs, ils les
attaquèrent avec une telle férocité que ceux-ci furent incapables de répondre à
leurs coups. Nombre d’entre eux tombèrent, la gorge tranchée par leurs
couteaux, d’autres s’effondrèrent en comprimant leurs entrailles, qui
s’échappaient de leurs ventres blessés. Les Agrianes savaient
s’économiser : ils ne frappaient que pour tuer, pour blesser gravement
leurs adversaires ou les terroriser en leur infligeant de graves blessures.
    Les « écuyers »
emboîtèrent le pas aux Agrianes. Une fois sur le haut plateau, ils
recomposèrent leurs rangs et foncèrent vers les villages de pierres sèches et
de briques crues, où les hommes partageaient leur logis avec leurs animaux en
une sorte de symbiose primitive. Alexandre leur ordonna d’employer des flèches
incendiaires, et bien vite les toits de paille et de foin qui recouvraient ces
pauvres cabanes se transformèrent en brasiers, et les bêtes apeurées
s’enfuirent de toutes parts.
    Surpris par cette invasion
inattendue, les Uxiens se précipitèrent vers les cols, où ils pensaient mettre
sur pied une défense plus efficace ; mais ils y trouvèrent les attaquants
de Cratère qui les accueillirent avec des nuées de flèches et de javelots, les
abattant en grand nombre.
    Coincés entre les troupes
d’Alexandre et celles de Cratère, les Uxiens se rendirent, mais le roi les
frappa d’un lourd châtiment : on leur confisquerait leurs terres et on les
déporterait dans la plaine afin de libérer le passage entre la Susiane et la Perside.
    Dès que les interprètes leur
apprirent le sort qui les attendait, les Uxiens se jetèrent aux pieds du
souverain en pleurant et en l’implorant, en poussant des cris de désespoir
auxquels se joignirent ceux de leurs femmes et de leurs enfants. Mais Alexandre
était inébranlable : il leur dit qu’ils auraient d’abord dû accepter ses
propositions, et qu’ils sauraient ainsi que ses menaces étaient toujours
fondées, qu’aucune force au monde ne pouvait l’arrêter.
    Or, l’un des guides susiens leur
suggéra de demander l’intercession de la reine mère Sisygambis, la seule
personne qui eût de l’influence sur le cœur de l’implacable conquérant. Les
Uxiens suivirent ce conseil et dépêchèrent en cachette deux de leurs chefs vers
la reine, à travers les lignes macédoniennes.
    Quatre jours plus tard, alors que la
cavalerie avait elle aussi gravi la piste la plus difficile, ils revinrent sur
le haut plateau en brandissant une lettre en grec dans laquelle la reine
suppliait Alexandre d’autoriser ces malheureux à demeurer sur leurs
terres :
    Sisygambis à Alexandre, salut !
    Des représentants du peuple des
Uxiens sont venus me demander d’intercéder en leur faveur auprès de toi. Je
sais qu’ils t’ont insulté et irrité, mais le châtiment que tu comptes leur
infliger est encore plus grave que la mort. Il n’existe, en effet, rien de plus
douloureux que d’être arraché à la terre où l’on a vécu depuis l’enfance, aux
sources qui ont étanché votre soif, aux champs qui vous ont nourri, à la vue du
soleil qui se lève et se couche derrière l’horizon de vos montagnes.
    Tu m’as donné à plusieurs reprises
le nom de mère, le nom le plus doux qui soit, un nom uniquement destiné à
Olympias, qui t’a mis au monde dans le palais royal de Pella. En vertu de ce
titre qui

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