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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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leur en fais cadeau ! J’ai offert à chacune de mes amies des présents fort coûteux… Ça au moins, je ne l’ai pas oublié ! ajouta-t-il avec une moue ironique.
    — Moi non plus ! cracha Svetlana. Crois-tu que je ne me sois pas aperçue de cet outrage supplémentaire ? Cette idiote de Marfa arborait une bague assez voyante pour sauter aux yeux de n’importe qui. Je l’ai reconnue à l’améthyste qui l’ornait : c’était celle qui avait appartenu autrefois à ta sœur. Or tu m’avais dit que je pouvais porter toutes ses parures et en disposer à ma guise !
    — Par le Christ, voilà une des sources de ton malheur, chère épouse ! La mesquinerie de ton âme n’a d’égale que la médiocrité de ton esprit !
    — Il prend plaisir à me blesser, observa froidement Svetlana, d’autant plus qu’il espère m’abaisser devant toi, fils d’Artem. Ah ! Si tu savais quelle satisfaction lui procurait le désarroi du boyard pendant que l’enquête piétinait ! Mais rien n’est comparable aux morbides jouissances qu’il éprouve à humilier les malheureuses qui le croient amoureux et lui font confiance.
    — Espèce de démon femelle ! explosa Igor, perdant son calme. Attends un peu, c’est moi qui te traînerai devant le Tribunal du prince : la diffamation est punie par la loi !
    Svetlana ne daigna pas lui accorder un regard. L’air pensif, elle fixait l’aryballe qu’elle serrait entre ses doigts. Comme elle dégrafait sa cape de sa main libre, Philippos remarqua qu’elle portait la même robe d’intérieur que pendant sa visite plus tôt dans la soirée. Se tournant vers lui, elle déclara d’un ton grave :
    — Cette conversation a assez duré. Ce monstre échappé de l’Enfer ne craint point la justice de Dieu ; va-t-il aussi se moquer de celle des hommes ? Il ne me reste qu’une seule chose à faire, brave Philippos : te confier cette preuve tangible des meurtres qu’il a commis. Tu as été le premier à l’avoir démasqué et à venir le capturer au fond de sa tanière. À toi l’honneur de remettre l’aryballe au boyard Artem… Allez, attrape ! dit-elle soudain en lui lançant le précieux récipient.
    Était-ce l’émotion qui l’avait rendue maladroite ? Le flacon avait atterri sur le sol à trois ou quatre pas du garçon et à égale distance d’Igor. Ils se précipitèrent tous deux pour le ramasser. Mais avant que l’un ou l’autre eût pu l’atteindre, Svetlana, qui avait ôté son ample cape, abattit celle-ci sur la fiole comme un filet. Philippos se prit les pieds dans le tissu et faillit perdre l’équilibre. Igor lui aussi trébucha. Il lâcha un juron et s’agrippa au bras du garçon…
    Mais déjà, Svetlana les avait rejoints. D’un geste brusque, elle saisit le poignet droit de Philippos et le tordit violemment, avec une force peu commune chez une femme. Il ne put retenir un cri de douleur et desserra ses doigts, laissant échapper son épée. Svetlana s’en empara aussitôt.
    — Reculez tous les deux ! ordonna-t-elle en les menaçant de son arme.
    Ils s’exécutèrent. Tout étourdi, Philippos se massa machinalement le poignet.
    — Désolée, l’ami ! lui dit la jeune femme. C’est une vieille querelle entre mon époux et moi, nous devons la régler entre nous. Alors, ne fais pas le malin – car je manie l’épée aussi bien qu’un guerrier éprouvé !
    Igor émit un rire sceptique.
    — Permets-moi d’en douter, ma douce… En vérité, tu as l’air d’une poule qui a trouvé un couteau ! Crois-tu pouvoir m’effrayer ?
    Il esquissa un pas vers sa femme. L’instant d’après, la pointe de la lame effleura sa gorge. Une goutte de sang perla à l’endroit de l’égratignure. Igor poussa un rugissement sourd qui ressemblait à un râle.
    — Arrière, coquin ! s’écria Svetlana. Plus un geste !
    Comme il battait en retraite, elle lança au garçon tout abasourdi un regard triomphant.
    — Tu es témoin, Philippos ! Tu as tout vu : le criminel s’est trahi. Igor a reconnu ce flacon et a tenté de mettre la main dessus. Voilà qui équivaut à un aveu !
    Philippos observa le jeune boyard qui affichait une expression froide et méprisante. Il se détourna avec ostentation de sa femme et se dirigea vers ses vêtements éparpillés sur le sol. Ayant ramassé sa tunique, il l’enfila tranquillement et se mit à ajuster son large ceinturon de cuir auquel était suspendu son poignard. Svetlana brandit son

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