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Le sang des Borgia

Le sang des Borgia

Titel: Le sang des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mario Puzo
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d’une robe de cardinal, donna des instructions à quatre cavaliers masqués et encapuchonnés :
    — Faites exactement ce que je vous dis. Il ne doit pas y avoir de traces ! Il faut en finir une bonne fois pour toutes.
    Les quatre hommes, traversant les dunes, se dirigèrent vers la chaumière d’une vieille femme qu’on appelait Noni. Elle s’avança vers eux d’un pas lourd, son panier d’osier à la main.
    L’un des cavaliers se pencha pour lui parler à voix basse, comme s’il lui confiait un grand secret. Elle hocha la tête, se dirigea vers son jardin et revint quelques instants plus tard avec une poignée de baies noires. Entrant dans sa petite maison, elle les glissa dans un sac de cuir qu’elle tendit à l’homme qui l’avait suivie.
    — Merci ! dit-il.
    Puis il sortit son épée et, d’un coup rapide, lui fendit le crâne.
    En quelques instants, la chaumière fut envahie de flammes où disparut le corps de Noni.
    Les quatre hommes remontèrent en selle et se perdirent dans les collines.
    Le matin du banquet devant célébrer les victoires de César et le onzième anniversaire de sa propre accession au trône de saint Pierre, Alexandre se leva un peu barbouillé. Toute la nuit, il s’était retourné dans son lit, sans pouvoir fermer l’œil. Il voulut, comme toujours, caresser son amulette en disant une prière. Portant la main à son cou, il ne sentit pas la chaîne et resta incrédule : des années auparavant, il y avait fait souder le porte-bonheur, qu’il ne pouvait donc perdre. Et pourtant elle n’était plus là. Inquiet, il appela ses serviteurs à grands cris, convoqua Brandao, César et Geoffroi ; mais tous eurent beau chercher, l’amulette demeura introuvable.
    — Je ne sortirai pas d’ici tant qu’on ne l’aura pas retrouvée ! proclama-t-il.
    Ils l’assurèrent qu’ils poursuivraient leurs recherches sans relâche.
    Le soir, leurs efforts étaient demeurés vains, et le cardinal Coroneto fit savoir que tout le monde attendait que le banquet commence. Le pape se laissa convaincre mais mit chacun en garde :
    — Si demain matin elle ne m’a pas été rendue, les affaires de l’Église devront attendre !
    La fête devait avoir lieu dans le château du cardinal Coroneto, aux environs de Rome. Les tables avaient été installées dans ses magnifiques jardins, au bord d’un lac ; des fontaines coulait une eau cristalline semée de pétales de rose. Il faisait beau, les mets étaient délicieux : crevettes génoises aux herbes et au citron, gibier en sauce de baies de genièvre, crêpes garnies de fruits et de miel. Un chanteur napolitain, des danseurs siciliens vinrent aussi distraire les convives.
    Les domestiques servaient avec abondance des vins qu’ils versaient dans des gobelets d’argent. Coroneto, véritable montagne de graisse, leva le sien pour porter un toast aux Borgia, comme la trentaine d’aristocrates romains présents.
    Alexandre avait décidé d’oublier ses soucis et se sentait d’excellente humeur. Il plaisantait avec ses fils – César à sa droite, Geoffroi à sa gauche –, et alla même jusqu’à poser les bras sur leurs épaules. C’est alors que Geoffroi se pencha pour parler à son frère et, par accident ou non, fit tomber le gobelet que César tenait en main, répandant un vin rouge comme le sang sur son pourpoint de soie brodé d’or.
    Un serviteur vint pour réparer les dégâts, mais César le renvoya d’un geste agacé.
    À mesure que la soirée passait, le pape se sentait de plus en plus las. Son corps tout entier le brûlait ; il préféra s’excuser. César, lui aussi, n’allait pas très bien, mais il ne pensa qu’à son père, très pâle et qui suait à grosses gouttes.
    Alexandre fut ramené au Vatican brûlant de fièvre, pouvant à peine parler.
    Michele Maruzza, son médecin, fut aussitôt convoqué. Il examina le malade, secoua la tête, se tourna vers César et dit :
    — Je crains que ce ne soit la malaria.
    Puis il examina son interlocuteur de plus près :
    — Vous-même n’avez pas l’air d’être au mieux. Mettez-vous au lit, je reviendrai demain matin vous voir tous les deux.
    Ce nouvel examen lui montra que le père et le fils étaient sérieusement malades et avaient toujours la fièvre.
    Maruzza, ne sachant trop si c’était l’effet de la malaria ou d’un poison, décida aussitôt une application de sangsues, qu’il avait pris soin d’apporter. Il ouvrit une jarre au fond de laquelle elles se

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