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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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dont le cuir était craquelé et dont l’une des molettes étoilées était grippée par la rouille. Ces éperons se transformèrent en pièces à conviction.
    Car le 6 février 1891, trois bandits masqués prirent d’assaut l’Atlantic Express de la South Pacific lors d’un ravitaillement en eau à Alila. Ce n’était pas nous, mais ce fut quand même les Dalton que l’on accusa. La gaucherie même des malfaiteurs, si peu caractéristique de nos méthodes, constituait la meilleure preuve de notre innocence. Il n’y avait pas eu d’argent volé, car le mécanicien avait fait feu à quatre reprises sur les voleurs, qui s’étaient dégonflés et avaient bondi hors de la voiture en tirant au petit bonheur la chance, comme si leurs pistolets leur tremblaient dans les mains. Le chauffeur avait cependant été touché à l’estomac alors que les criminels fuyaient en direction de leurs montures et il était mort le lendemain dans l’après-midi, en crachant du sang dans une bassine.
    La Southern Pacific avait affecté à l’enquête sur cette tentative de vol à main armée et ce meurtre l’agent spécial W. E. Hickey, qui s’était vu assigner le détective Will Smith comme assistant. Et ce fut avant même d’avoir entrepris la moindre investigation que Smith s’installa à un bureau à cylindre au dépôt ferroviaire de Fresno pour rédiger un télégramme à l’attention de Hickey, à San Francisco. À la suite des mots « Principaux suspects » figuraient Grattan Dalton, William Marion Dalton, Robert Renick Dalton, Emmett Dalton et Jack Parker.
    Parker étant la marque du stylo à encre qu’il utilisa.
    Mon frère Bob et McElhanie, le garçon auquel je ressemblais, résidaient à ce moment-là avec Grat à l’hôtel Grand Central de Fresno, où ils consacrèrent la majeure partie de leurs journées à jouer jusque vers le milieu du mois de mars, et ils prenaient leur petit déjeuner à une table couverte d’une nappe en lin quand, un beau jour, après avoir enfourné un toast dans sa bouche, Conway, le barman avec qui Grat s’était lié et qui vivait sur place s’approcha pour évoquer avec Grat l’attaque d’Alila et la traque des meurtriers. Il n’arrêtait pas de répéter : « Je me demande bien qui a pu faire le coup. » Puis, avant le début de sa journée de travail qui débutait à deux heures, il s’était rendu au bureau du shérif O’Neill, où il avait relu la circulaire affichée au mur promettant « une récompense de 5 000,00 $ pour l’arrestation et la condamnation de tous les individus impliqués dans la tentative de vol ».
    Pendant ce temps-là, des hommes de Smith fumaient des cigarettes roulées et prenaient des notes, perchés sur leurs chevaux devant le domicile de Bill. Ils suivaient Grat partout et le 3 mars, le shérif O’Neill l’arrêta, puis le conduisit aux frais de la Southern Pacific jusqu’aux bureaux de la sécurité de la compagnie à San Francisco, où, d’après un quotidien de la ville, l’ Examiner , étaient aussi interrogés Cole Dalton et Jack Parker. Ce qui n’était que foutaises.
    Attablé dans sa cuisine en compagnie de Breckinridge, Bill ne put qu’enrager en parcourant les journaux locaux.
    « Tu penses qu’il y a moyen de sauver les meubles ? s’inquiéta mon frère.
    — Honnêtement, il est trop tôt pour le dire. »
    Bob, qui avait toujours su quand s’éclipser, ficha le camp de l’hôtel Grand Central et vécut pendant quelques semaines dans une écurie de louage, dans une ville où l’on produisait du vin et où McElhanie fut un temps embauché pour attacher des ceps de vigne à des échalas.
    Grat fut libéré à San Francisco, mais interpellé de nouveau à Fresno par William Smith, qui s’imaginait que ce genre de harcèlement inciterait le reste de la bande à se montrer. Lorsqu’il constata qu’il n’en était rien et qu’il se lassa de s’entretenir avec mon frère, Smith le relâcha et, sitôt hors de prison, Grat se rendit au bordel, où il passa la nuit, avant de faire halte chez un cireur de chaussures, puis au saloon de l’hôtel Grand Central. Conway, son ami d’un temps, enfila son tablier blanc, lui offrit cinq whiskies et le questionna :
    « C’est toi qui as fait le coup, pas vrai ? Tu peux me le dire. C’est toi qui as attaqué ce train à Alila. La description qu’ils donnent, c’est ton portrait craché. »
    Grat siffla son dernier whisky et Conway sortit un pistolet de dessous

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