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Le sang des Dalton

Le sang des Dalton

Titel: Le sang des Dalton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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suivit les rails des yeux. « Le mécanicien envoie un coup de sifflet avant de s’engager dans cette courbe. Je jette un coup d’œil aux alentours et si je réponds d’abord par le signal vert, puis par le rouge, c’est que je vois personne de suspect et qu’il peut freiner pour récupérer le courrier. » Il la dévisagea. « Ça doit être vachement déroutant pour une femme.
    — Mais vous expliquez très bien », le rassura-t-elle.
     
     
    Bob traversa la Prairie en compagnie de Pierce et Newcomb et ils arrivèrent à l’abri en gazon sous une pluie de septembre si drue qu’elle bosselait nos chapeaux. Doolin, Powers, Broadwell et moi nous pressions sous un peuplier, des gouttes plein la figure, en ciré ou sous des couvertures de laine. Broadwell avait fourré son chat Turtle sous sa chemise et lui soufflait de la fumée de cigarette au nez. Amos Burton, lui, était parti à Dover pour conter fleurette à des filles de couleur la semaine précédente et nous ne l’avons pas revu avant 1892.
    Bob portait le ciré blanc qu’il mettait pour voler des chevaux en hiver. Son chapeau était tellement imbibé de flotte que le bord s’affaissait plus bas que ses oreilles et son nez et qu’il lui fallait renverser la tête en arrière pour nous apercevoir. Il a souri.
    « Et si on dévalisait un autre train ? » a-t-il proposé.
    Nous avons érigé un dais de fortune avec quatre grosses branches et une couverture et Doolin a préparé un pot de tisane au-dessus d’un feu fumant. Comme de coutume avec les habitations en gazon, la mienne se dissolvait sous la pluie. L’eau dégouttait à travers le toit de terre et d’herbe et tambourinait sur les lits et le fourneau comme des grains de café. Nous sommes donc restés accroupis dehors sous la pluie, à discuter de la Missouri, Kansas and Texas, aussi surnommée MK&T ou Katy. La récolte de coton de l’été était en train d’être vendue et on acheminait l’argent par train jusqu’aux banques de Fort Worth et Dallas. D’après Bob, un petit groupe d’hommes pouvait s’en emparer. Eugenia avait engrangé les renseignements nécessaires et nous rejoindrait le lendemain dans l’après-midi. Doolin avait écouté un moment, puis il était allé disposer des bouilloires dehors pour recueillir de l’eau de pluie, car celle de la rivière avait un goût de gypse qui gâtait ses gâteaux et son pain.
    Le lendemain matin, la pluie s’était tarie et nous avons passé l’après-midi à l’intérieur de l’abri au milieu de ribambelles entrecroisées de chaussettes, de chemises et de sous-vêtements longs qui séchaient sur des cordes à linge. Newcomb a épluché du maïs, débarrassé ses oignons, ses poivrons verts et sa laitue de la terre du potager et étalé le tout sur la table en vue d’un festin destiné à célébrer notre retour aux affaires.
    Puis, pendant que Bob, Doolin et Powers pénétraient dans l’eau marron de la Canadian et se récuraient avec du savon, je me suis accroupi, nu, sur la berge, avec un rasoir, une bande de cuir pour l’aiguiser et un morceau de miroir tacheté. Powers était blanc comme de l’albâtre, à l’exception du visage et des mains ; Bob était uniformément bronzé, à force de nager nu avec Miss Moore. Broadwell est descendu jusqu’au bord en glissant, ses plus beaux vêtements sur le bras, un blaireau et un bol dans la main droite.
    « Regarde-moi Doolin qui s’observe la bistouquette, a-t-il lâché, avant de s’écrier : Qu’est-ce que tu fiches, Bill, tu pêches à l’asticot ?»
    Doolin afficha un sourire.
    « J’ai bien le droit d’espérer une touche ! » a-t-il fait valoir.
    Broadwell a attendu que mon rasoir soit à deux doigts de ma joue couverte de mousse et m’a flanqué une claque sur la cuisse.
    « Emmett, mon gars ! Content de te voir !
    — Ce que tu peux être pénible parfois, Dick ! » ai-je soupiré.
    Mon frère, dans l’eau jusqu’aux chevilles, a souri à Broadwell en se séchant.
    « Ça va être une sacrée java, pas vrai ? a-t-il lancé.
    — Est-ce que je pourrai danser joue contre joue avec elle, Bob ?»
    Powers s’est éloigné de la rive à la nage et a flotté sur le dos jusqu’à un bouquet de joncs.
    À la nuit tombante, je me suis perché sur le toit, les jumelles aux yeux, tandis que les autres, à croupetons, fumaient des cigarettes et se passaient un miroir et un peigne.
    « Je ne veux pas de langage grossier, ni de sous-entendus

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