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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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que des soldats qui lui emboîtent le pas où qu’il aille ! Tous les anciens domestiques, esclaves, affranchis, échansons, ont été renvoyés du palais et remplacés ; les plats servis sont goûtés trois fois par trois personnes différentes, les coupes de vin qu’on lui présente sont changées dès qu’il y a porté ses lèvres ; rien n’arrive des cuisines sans avoir été examiné, reniflé, goûté ! Tout est contrôlé, rien ne lui parvient sans avoir été au préalable vérifié, jusqu’à ses parfums ou l’eau de son bain !
    Un autre esclave vint se courber devant Varius et lui fit à son tour l’aveu de son échec :
    — Seigneur, dit-il contrit, je n’ai rien pu faire moi non plus. Sitôt arrivé aux cuisines, le structor (148) m’a reconnu. Il s’est souvenu que je faisais partie du service impérial et il m’a fait chasser. Comment aurais-je pu verser le poison dans les amphores ? Comment aurais-je pu approcher le jeune César ?
    — Il n’est plus César ! vociféra Varius.
    Et il abattit de toutes ses forces son sceptre sur le crâne de l’esclave, qui s’écroula à ses pieds. L’autre dévisagea avec effroi le corps effondré de son camarade et recula sur les genoux, se mettant hors de portée du sceptre de l’empereur.
    — Laisse, dit Soemias. Inutile de décimer tout le personnel, cela ne changera rien.
    — Peut-être, bougonna l’adolescent, mais cela me soulage.
    Il renifla avec dédain et fit signe à Myrismus de s’approcher :
    — Puisque mes envoyés ne peuvent pas éliminer Alexianus, lui dit-il, qu’ils chargent tous ceux qui vivent dans l’entourage de cette petite vermine de le faire à leur place. Que l’on fasse savoir à tous ceux qui côtoient mon cousin au Palatin, y compris ses professeurs, que celui qui m’en débarrassera sera largement récompensé. Qu’on leur dise que ma générosité sera sans limites : ils pourront prendre dans mon palais tout ce qu’ils seront capables de soulever d’or et de pierres précieuses. Et peu m’importe la façon qu’ils emploieront pour le tuer pourvu qu’ils le tuent ! Ce ne sont pas les moyens qui manquent ! Ils peuvent tout aussi bien le noyer dans sa piscine, lui trancher la gorge, l’étrangler, l’étouffer avec sa toge, lui briser la nuque… Cela m’est égal !
    Depuis plus d’une semaine, il vivait dans l’obsession de la mort de son cousin. Et son imagination débordante, cette imagination qu’il ne pouvait contrôler, qui échappait sans cesse à sa volonté, s’en allait errer dans les plus sombres sphères de ses pensées pour en rapporter des intentions épouvantables et terribles, d’odieuses et ingénieuses idées de meurtre.
    — Je ferai ce que tu me demandes, sois tranquille, répondit le préfet en hochant la tête.
    — Autre chose, ajouta Varius, l’œil mauvais. J’en ai assez d’entendre tout le monde l’appeler encore César alors qu’il n’est plus rien ! Je veux que l’on recouvre de boue toutes les inscriptions gravées sur le socle des statues qu’on a érigées en son honneur, le jour de l’adoption ! Que l’on macule son nom comme s’il n’avait jamais existé et comme s’il était déjà mort !
    Myrismus s’élança avec rapidité pour exécuter les ordres de l’empereur, lequel, tout à coup rasséréné par les résolutions qu’il venait de prendre et qu’il trouvait fort judicieuses, alla s’asseoir sur son trône avec une pose de majesté tranquille.
    — Tu ne devrais pas informer tout le Palatin que tu souhaites éliminer Alexianus, lui reprocha Soemias, contrariée. Tu parles trop !
    — Et toi, tu parles pour ne rien dire, lui rétorqua Varius.
    — Je n’agis que pour ton bien !
    — Élagabal m’a fait savoir que bientôt ma volonté ne rencontrerait plus aucun obstacle, déclara l’adolescent. Les mages m’ont assuré qu’Alexianus serait la dernière personne à se dresser contre moi et que je saurai le vaincre.
    Soemias se demanda s’il était réellement convaincu de ce qu’il disait ou s’il tentait de s’en persuader. Ce ton de fanfaronnade s’accordait mal avec sa couardise naturelle.
    — Et si c’était le contraire ? interrogea-t-elle, découragée et animée d’un terrible pressentiment.
    — Depuis quand doutes-tu des prédictions de mes devins ? cracha Varius. Tes avertissements auraient-ils plus de valeur que ceux des fidèles desservants de l’astre divin ?
    — Ne sous-estime pas

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