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Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate

Titel: Le scandaleux Héliogabale : Empereur, prêtre et pornocrate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emma Locatelli
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l’ambition de Mammaea. Elle est prête à tout pour gagner la pourpre.
    — Ta sœur ne me fait plus peur. Les mages m’ont dit que je n’avais plus rien à craindre d’elle.
    — Ils se trompent.
    Varius brandit son sceptre dans un geste de colère :
    — Mes devins ne se trompent jamais ! Ce sont eux, qui, du fond des chambres secrètes, ont la connaissance de la raison mystérieuse et profonde de l’univers ! Ce sont eux qui, agenouillés devant la pierre lumineuse et les entrailles des veaux sacrés, déchiffrent le sens de l’avenir, et cela depuis le premier Sampsigeram !
    Et, sur cette tirade pompeuse, il fit signe qu’on lui amenât son gros lion, qu’un serviteur, à l’autre bout de la pièce, tenait en laisse. Il fit coucher le fauve à ses pieds et lui caressa nonchalamment la crinière. L’animal étira ses énormes pattes devant lui, s’installa paisiblement sur son coussin, comme un beau sphinx sur son piédestal. Afin de parfaire le tableau, qu’il trouvait intéressant, Varius posa à son tour ses deux mains sur ses genoux et releva dédaigneusement le menton, dans l’attitude hiératique et ridiculement solennelle d’une divinité égyptienne.
    — Ne doute plus jamais des paroles d’Élagabal, dit-il.

CHAPITRE XXXIX
    Chaque matin, quand le temps le lui permettait, Maesa sortait faire sa promenade dans la cour à péristyle, devant l’ aula regia (149) .
    L’espace était restreint mais agréable, surtout aux beaux jours. Décoré de topiaires, de plantes grasses et de lauriers-roses, c’était le seul endroit de l’ancien palais de Domitien où la princesse acceptait encore de dégourdir ses vieilles jambes percluses d’arthrite et gonflées par la goutte.
    Ce jour-là, constatant que le temps était plus clément, elle était sortie plus tôt. Le soleil, en effet, avait réussi à percer les nuées grises qui depuis un mois assombrissaient Rome. La veille encore, une fine poussière d’eau avait tout imprégné, en dedans comme au-dehors, salissait les murs et les colonnes, rendait l’herbe glissante. Mais au petit jour, sous l’haleine vive qui chassait les nuages, le ciel avait pris une gaieté limpide de printemps retrouvé.
    Maesa marchait en compagnie de Valerius Comazon, lequel la tenait par le bras et accordait, avec une bonne grâce évidente, son pas d’ours sur l’allure un peu traînante de la vieille princesse. Et tous deux avançaient sans un mot, comme deux amis fidèles, partageant en silence la primeur des premiers rayons du jour.
    Ils offraient un spectacle surprenant : elle, encore robuste pour ses soixante-cinq automnes, massive mais toujours majestueuse, ses lèvres épaisses avalées par sa bouche édentée, le cheveu rare, l’œil encore vif, et lui, toujours rouge, toujours lourd, le torse gonflé comme une outre, qui soutenait avec une tendresse empressée cette grosse statue de marbre comme si elle allait soudain s’effriter et s’écrouler à ses pieds.
    — Je me sens un peu lasse, avoua Maesa en passant sur son front une main sèche dont les doigts ne se pliaient plus que difficilement.
    Et elle s’arrêta, visiblement essoufflée d’avoir trop marché. Comazon avait remarqué qu’elle semblait plus fatiguée que les autres fois et lui proposa de rentrer.
    — Non, dit-elle en remuant sa grosse charpente, faisons encore quelques pas… Cela est bon pour mes vieux muscles, ils se ramollissent de jour en jour.
    Elle tourna vers lui sa face large, sillonnée de rides profondes, dont l’énergie implacable, sinon la volonté, rayonnait encore sous les traits ravagés.
    — Ah ! Valerius, poursuivit-elle, les dieux ne sont pas tendres avec nous, pauvres mortels ! Ils nous donnent la sagesse en même temps qu’ils nous privent de nos forces… Ils donnent d’une main et reprennent de l’autre. Tout cela est bien cruel ! J’ignorais que vieillir fût si difficile à supporter.
    — C’est parce que les dieux sont jaloux, lui fit remarquer Comazon. Si nous possédions la sagesse du grand âge et la vigueur de la jeunesse à la fois, imagine ce que nous pourrions accomplir sur cette terre… Nous deviendrions leurs égaux.
    — Sans doute, acquiesça Maesa avec un sourire las.
    Ils firent quelques pas sur la pelouse, lentement. Soudain, une silhouette, sombre et tassée, apparut de derrière une colonne de marbre et se planta devant eux. Mammaea venait de les rejoindre, pâle sous le petit jour, mais d’une humeur

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