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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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négociations, Anne d'Autriche accepta la reconduction du droit annuel. Les choses auraient pu reprendre un cours normal si les partisans de la cour avaient été majoritaires au Parlement. Or ce n'était pas le cas. La sagesse de la reine fut jugée comme une reculade et les conseillers les plus agités, galvanisés par le coadjuteur de l'archevêque de Paris, se persuadèrent d'avoir gagné. Ils voulaient maintenant une épreuve de force et, le 2 mai, la Cour des aides, la Chambre des comptes et le Grand Conseil demandèrent la réunion des états généraux !
    Le marquis de Fontrailles, qui poussait à une république, fut un de ceux ayant lancé cette idée. En même temps, Paul de Gondi, par ses libéralités et ses aumônes, entretenait sa popularité dans le peuple parisien.
    *
    Au milieu du mois de mai, par une chaleur d'enfer, un carrosse de location arriva à Mercy. Il devait être trois heures de l'après-midi. Friedrich Bauer, qui sommeillait sur un banc de pierre dans la cour du château, se leva aussitôt et, saisissant le fourreau de la lourde épée à l'espagnole posée à côté de lui, s'approcha de la voiture avec méfiance.
    Sans attendre qu'on lui ouvre la porte, un gros bonhomme, au visage épais et au front dégarni dégoulinant de sueur, en descendit.
    — Dieu soit loué, un peu d'air ! haleta le voyageur, en se passant un mouchoir de toile de Hollande sur le front.
    Bauer l'examina avec curiosité. Il ne l'avait jamais vu, mais comme il était sans arme, ainsi que son valet et son cocher, il ne s'inquiéta pas.
    — Je suis M. Rossignol, lui dit le voyageur. Suis-je bien au château de M. le marquis de Vivonne ?
    — Monsieur Rossignol ! s'exclama Bauer. M. Fronsac fa être surpris ! Moi c'est Friedrich Bauer, le garde du corps de M. le marquis.
    Toujours en s'épongeant la sueur du visage, Rossignol balaya du regard la cour du château. Il avait devant lui un bâtiment à deux étages dont la toiture d'ardoise avait été refaite depuis peu. Au niveau du sol s'ouvraient des remises et la cuisine. Un escalier de pierre grimpait sans doute dans la grande salle.
    Cette partie ancienne du bâtiment était flanquée de deux corps de logis neufs construits en brique et en pierre. L'ensemble formait donc une sorte de U autour de la cour pavée avec un dernier côté constitué d'une solide grille de fer forgé.
    — M. Fronsac est avec son fermier. Je vais le chercher… Attendez-le dans la salle du château en vous rafraîchissant. Je vais prévenir Mme la marquise et les servantes pour qu'on vous apporte à boire ainsi qu'à vos gens.
    — Qu'on s'occupe d'eux ! approuva Rossignol d'un signe de tête envers son valet et le cocher. Mais pour moi, je préfère vous accompagner. Je suis encore tout secoué par ce voyage infernal et j'ai besoin de marcher !
    Déjà Margot Belleville, l'intendante, arrivait, suivie d'une domestique. En quelques mots, et avec son horrible accent allemand, Bauer expliqua qui était le visiteur et leur demanda de prévenir Mme la marquise, alors dans ses appartements avec ses enfants et la nourrice. Il insista aussi pour qu'on porte immédiatement un verre de vin blanc frais à M. Rossignol, et un autre pour lui, tant il n'aurait pas été correct de laisser M. Rossignol boire seul.
    La cuisine étant située à quelques pas, la servante revint rapidement avec un cruchon et deux pots pendant que Margot demandait aimablement au visiteur des nouvelles de la capitale. Les deux hommes vidèrent rapidement leur verre, puis sortirent de la cour.
    À gauche s'étendaient des écuries, mais Bauer ne s'y dirigea pas. Accompagné par M. Rossignol, il contourna le château, longeant les bois sur une centaine de toises avant de déboucher sur une petite plateforme exposée au vent.
    Trois hommes étaient là qui examinaient le sol. Rossignol reconnut le marquis de Vivonne en tenue campagnarde : des chausses à gros plis avec un épais pourpoint lie-de-vin à basques longues et sans haut de manches. Il dissimula un sourire en remarquant que sa chemise de Hollande était quand même nouée aux poignets par des rubans noirs.
    Les deux autres étaient en guêtres de grosse toile et sabots. Le plus grand, en chemise, se révélait aussi large d'épaules qu'un portefaix. Ses cheveux blonds mêlés de blanc se confondaient avec une épaisse barbe qui lui couvrait le visage à l'exception de son gros nez cassé. Ses mains épaisses étaient calleuses et velues.
    Le

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