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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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que son cynisme et sa rouerie m'effrayent, et font peur à beaucoup, mais que la reine a approuvé sa méthode. La Cour a besoin de temps, le traité de paix est sur le point d'être signé à Munster. Ensuite, les troupes retirées des frontières reviendront à Paris. À ce moment, le Parlement s'inclinera. Ou alors…
    — Mais des gens qui ne sont pour rien dans cette querelle voient leur ferme brûlée, leur maison ravagée, leur famille violentée, monsieur ! s'insurgea Gaston. J'ai une ferme à Picquenard, près d'Orgeval, et mon fermier m'a écrit que des déserteurs se sont installés dans la forêt des Alluets, s'attaquant sans vergogne aux maisons et aux châteaux isolés sans que le prévôt des maréchaux ne parvienne à les empêcher de nuire.
    — Ces dommages sont inévitables, comme dans toute guerre. Le Parlement se rendra bientôt compte combien il a tout à perdre à s'opposer au roi.
    *
    Ainsi Mazarin ne participait-il pas à la conférence, mais la dirigeait comme un marionnettiste. Le 4 octobre, ayant reçu de bonnes nouvelles de Munster, il suggéra à la reine d'accepter les dernières propositions des parlementaires sur les lettres de cachet. Il n'y a point d'inconvénient à promettre ce qu'on est décidé à ne jamais tenir , lui rappela-t-il, alors qu'elle hésitait.
    Les négociations se poursuivirent ensuite sur le budget, la remise du quart des tailles, le payement des gages et des rentes, et la mise en liberté des prisonniers d'État. Pendant ce temps, à Paris, le tumulte s'intensifiait. Tandis que le Parlement discutait d'un nouvel édit du Tarif acceptable par tous afin de faire entrer quelques ressources dans les caisses de l'État pour payer les troupes et réduire les pillages, les marchands de vins et les bateliers, opposés à cet impôt, pénétrèrent dans le Palais de justice et mirent en pièces le carrosse d'un président de chambre. Les désordres s'étendirent rapidement et plusieurs témoins assurèrent avoir vu le Grand Coesre en personne, un jeune homme défiguré, avec un œil en moins et d'une sauvagerie inimaginable, écarter ceux qui s'opposaient à lui à coups de boullaye, le martinet à neuf queues des rois d'Argot.
    On le revit quelques jours plus tard quand les marchands d'eau manifestèrent à leur tour au Palais. Il y eut aussi une émeute des marchands de bois. Un autre président de chambre fut pris à partie. Tout devenait prétexte à désordre, surtout contre ceux désirant un accommodement avec la reine. En quelques jours, les francs taupins de la cour des Miracles tinrent le haut du pavé dans la capitale.
    Gaston de Tilly apprenait ses violences avec une inquiétude croissante. Quand un exempt lui parla des gueux, et qu'on lui décrivit le Grand Coesre, il devina qu'il s'agissait de l'Échafaud. Ce pendard était toujours au service du marquis de Fontrailles qui lui aussi enflammait la populace contre les parlementaires fidèles à la Cour. Puisqu'il paraissait impossible d'arrêter le marquis, une lettre de cachet l'exila sur ses terres. Ainsi, banni, ceux qui lui accorderaient une aide pourraient être poursuivis à leur tour.
    Malgré cela, les émeutes reprirent et s'étendirent même aux provinces. Celles-ci envoyèrent des délégations à Saint-Germain où elles furent reçues avec une grande arrogance par le prince de Condé. Les plus pessimistes voyaient arriver une révolution identique à celle qui se déroulait en Angleterre.
    Le 22 octobre, la reine accepta pourtant de signer une déclaration reprenant, sous une forme atténuée, les vingt-sept articles de la Chambre de Saint-Louis. En privé, Mazarin déclara qu'elle en avait pleuré, car cette déclaration et la royauté ne pouvaient subsister ensemble . En même temps, on apprenait que la paix était faite en Europe. Le traité de Westphalie, auquel l'Espagne ne s'était pas associée, donnait à la France les évêchés de Metz, Toul et Verdun, l'Alsace (sauf Strasbourg) et Pignerol. Le cardinal avait enfin les mains libres. La reine annonça qu'elle rentrait à Paris.
    Mazarin aurait préféré attendre encore mais la Cour vivait à l'étroit à Saint-Germain et les querelles de logement et de préséances y étaient incessantes. Il savait aussi par ses espions que Monsieur et le prince de Conti étaient décidés à revenir dans la capitale. Or si la Cour se disloquait, il serait impossible de faire front contre les parlementaires.
    Gaston de Tilly revint donc chez lui.

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