Le secret d'Eleusis

psilocybine. Gaëlle éclata de rire. Petitier était toxico... Elle retourna à la maison. Le chien s’était réveillé. Elle espérait avoir gagné un peu de crédit grâce à la nourriture qu’elle lui avait donnée, mais constata rapidement qu’il n’en était rien. Maintenant qu’il avait repris des forces, il était d’autant plus déterminé à défendre son territoire. Il gronda, montra les crocs et tira si fort sur les deux cordes que Gaëlle craignit que l’une ou l’autre ne finisse par céder. Elle rangea les œufs et les légumes dans le cellier et s’attela une nouvelle fois au déchiffrement du code de Petitier.
    IV
    Mikhaïl était ravi d’avoir réussi à faire parler Knox dans les règles de l’art. Sûr d’avoir suscité l’admiration de ses hommes, il se tourna vers Boris mais lui trouva une expression dubitative.
    — Oui, vous avez quelque chose à dire ? l’encouragea-t-il.
    Boris prit un air contrit, s’excusant par avance de ce qu’il allait dire.
    — Je me demandais, commença-t-il, l’homme dont vous avez parlé hier, l’historien, celui qui avait vu la Toison d’or de ses propres yeux, qui l’avait touchée, vous vous souvenez ?
    — Bien sûr que je m’en souviens, eh bien ?
    — Vous a-t-il... enfin, vous a-t-il parlé spontanément ? Ou avez-vous dû... enfin, vous comprenez ?
    — Quelle importance ? Il ne m’a pas menti, si c’est ce que vous insinuez. Il m’a dit la vérité.
    — Oui, j’en suis sûr, mais comment pouvez-vous...
    — Il a dit la vérité, décréta Mikhaïl. Mettriez-vous mon jugement en doute ?
    — Non, monsieur. Bien sûr que non.
    — Bien.
    Les doutes de Boris avaient néanmoins entamé la bonne humeur de Mikhaïl. Celui-ci allait démontrer à ses hommes qu’ils pouvaient se fier à son jugement. Il baissa les yeux vers Knox.
    — Racontez-moi ce qui s’est passé, lui ordonna-t-il. Depuis le début.
    — C’était l’idée d’Augustin ! s’écria Knox. Je ne voulais pas être mêlé à cette affaire.
    — C’était quoi, son idée ?
    — Petitier est venu lui demander de l’aide. Il pensait que quelqu’un voulait s’emparer de la Toison d’or. Mais Augustin a voulu prévenir les autorités. Il faut le comprendre, la Toison d’or est un morceau d’Histoire ! Petitier est devenu fou. Ils se sont battus et... vous connaissez la suite. Mais Augustin n’a fait que se défendre.
    — C’est ce qu’il vous a raconté ?
    — Il n’aurait jamais fait ça délibérément.
    — Bien sûr ! ricana Mikhaïl.
    Il était toujours surpris par la naïveté des suiveurs.
    — Et que s’est-il passé ensuite ? demanda-t-il.
    — Il m’a appelé dans ma chambre. Il était complètement paniqué. Je lui ai promis de l’aider. On devait aller chercher Claire, sa petite amie, à l’aéroport. Alors on a fait comme s’il ne s’était rien passé, comme si Petitier avait été agressé et volé après notre départ. On a emporté la Toison d’or à l’aéroport et on l’a déposée dans un casier de la consigne avant l’arrivée de Claire.
    — Où est la clé de ce casier ?
    — On savait qu’on serait probablement fouillés à notre retour, alors on l’a cachée là-bas. Il y a une haie tout autour du parking courte durée. On avait l’intention de retourner la chercher quand les choses se seraient calmées.
    Mikhaïl se rassit sur le canapé. Cette histoire était plausible, mais Knox semblait mettre beaucoup d’empressement à la raconter. Il se tourna vers Boris.
    — Qu’en pensez-vous ? l’interrogea-t-il.
    — Je ne sais pas, répondit Boris. C’est possible.
    — Davit ?
    — Ne me demandez pas mon avis, monsieur. Je ne suis pas payé pour ça.
    — Voilà qui est utile...
    — On pourrait lui demander de décrire la Toison d’or à Édouard, suggéra Zaal. Lui, il pourra nous dire si ça sonne vrai.
    — Excellente idée ! s’exclama Mikhaïl.
    Il regarda autour de lui et fronça les sourcils.
    — Mais où est passé notre cher historien ? demanda-t-il.

Chapitre 31
    I
    Édouard avait vécu dans l’angoisse toute la matinée. Impatient de savoir si Nina et les enfants avaient été secourus, il n’avait pas pu passer le moindre coup de fil. Mais dès que les autres s’étaient occupés de Knox, il était allé s’enfermer dans sa chambre avec le téléphone portable. Dans la salle de bains attenante, il avait ouvert le robinet de la douche et téléphoné à