Le secret d'Eleusis
Knox et lui posa son couteau contre la gorge.
— Vous serez responsable de sa mort, déclara-t-il. Vous avez compris ?
— Oui, répondit Knox.
— Bien, alors partons d’ici.
II
Gaëlle ne pouvait plus appeler le berger allemand « le chien ». Ses recherches lui soufflèrent le nom d’Argo. Elle le prononça à voix haute et l’animal se retourna avec un air interrogateur, les oreilles tendues.
— Alors, ce sera Argo ! dit-elle.
Il était en plein soleil ; il fallait qu’elle trouve un moyen de le mettre à l’ombre. Elle pouvait détacher la corde, mais elle craignait qu’il ne s’attaque à Iain lorsque celui-ci reviendrait. Elle alla chercher le balai qui se trouvait dans la remise et balaya son enclos pour le nettoyer le mieux possible. Ensuite, elle se rendit dans la chambre de Petitier. Là, elle sortit un tiroir de la commode en pin bancale, le vida et y jeta une couverture pour faire un panier, qu’elle alla poser dans un angle de l’enclos. Puis elle jeta quelques vieux pulls de Petitier sur le grillage pour créer une zone d’ombre. Enfin, elle retourna chercher les bols d’Argo et les remplit de nouveau, avant de les déposer à l’intérieur de l’enclos. Ce n’était pas l’idéal, mais c’était déjà mieux.
Elle s’approcha d’Argo, s’accroupit et ouvrit les bras.
— Viens, mon chien !
Elle enroula ses bras autour de lui et le serra contre elle pour réinstaurer un climat de confiance avant de le déplacer. Il accepta son étreinte, mais il avait l’haleine si forte et le poil si repoussant qu’elle ne prolongea pas davantage ce contact.
Elle alla chercher une paire de ciseaux à ongles et un désinfectant dans son sac. Mais, à la réflexion, elle décida de prendre les choses en main. Elle remplit la bassine d’eau et la posa à côté d’Argo. Puis elle retourna chercher une serviette à la maison, ainsi qu’un tee-shirt blanc, qu’elle trouva dans la chambre de Petitier. Elle versa un peu de shampooing à la pomme dans la bassine et remua l’eau jusqu’à ce qu’elle obtienne de la mousse. Argo avait dû comprendre ce qui se préparait, car il avait reculé aussi loin que les piquets de ses deux laisses le lui permettaient. Gaëlle prit la bassine, avança vers lui et en versa un tiers sur son dos, avant de courir hors de sa portée. Elle lui laissa le temps de digérer sa disgrâce, puis s’accroupit et baissa les yeux humblement jusqu’à ce qu’elle soit sûre d’avoir obtenu son pardon. Enfin, elle s’approcha de nouveau et lui frotta le poil avec le tee-shirt. Il n’apprécia guère cette initiative. La queue entre les pattes, il gémit et poussa des cris plaintifs. Voyant que cela n’arrêtait pas Gaëlle, il se mit à grogner d’un air menaçant.
Elle comprit le message et recula aussitôt. Malheureusement, elle ne pouvait pas s’arrêter maintenant. Il était trempé et couvert de mousse. Elle souleva la bassine et la vida au-dessus de lui en veillant à ne pas lui mouiller les yeux. Puis elle retourna chercher de l’eau à la maison. Il glapit et jappa en sautillant d’un côté et de l’autre pour essayer d’échapper à la douche, mais elle tint bon et le rinça copieusement. Elle s’approcha une dernière fois de lui, la serviette à la main, et commença à le sécher. Au début, elle le sentit frémir d’indignation, mais il finit par aimer ça. Il cessa de se débattre et la laissa faire.
Elle entreprit ensuite de couper tous les nœuds qu’il avait dans le poil à l’aide de ses ciseaux à ongles. Puis elle versa du désinfectant sur ses plaies et ses croûtes. Curieusement, il ne protesta pas non plus. Il baissa la tête et posa le museau contre son épaule, sa main et sa joue. Lorsqu’elle sentit sa truffe humide et sa langue râpeuse et gluante, elle éprouva une grande affection pour lui. Elle l’enveloppa de nouveau dans la serviette et le serra fort en posant la tête contre lui et en respirant l’odeur fraîche de son shampooing à la pomme. À cet instant, elle sut que, Petitier étant mort, elle ne pourrait plus jamais se séparer de ce chien. Tout ce qu’elle se demandait, c’était comment Daniel réagirait lorsqu’il apprendrait que leur futur foyer s’était déjà agrandi.
Elle détacha la corde du tronc de l’olivier. Après avoir enroulé la laisse plusieurs fois autour de son poignet, elle la tint fermement près du collier. Puis elle la détacha du piquet en métal et conduisit
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