Le secret d'Eleusis
Iain lorsqu’il reviendrait ; peut-être aurait-il une idée. Néanmoins, lorsqu’elle rentra dans la maison, elle remarqua de nouveau l’odeur de vinaigre qu’ils avaient sentie le matin même. Or, le vinaigre, du moins l’acide acétique, était utilisé comme fixateur dans les travaux photographiques. La chambre noire devait donc se trouver à l’intérieur de la maison. Gaëlle regarda s’il y avait du vinaigre à la cuisine et dans le cellier, puis reprit ses recherches, pièce par pièce. Elle observa les placards et les moindres recoins, retira les livres pour regarder derrière les étagères, tapota sur les murs en écoutant s’ils sonnaient creux. Rien. Elle était de plus en plus perplexe. Debout au milieu du séjour, les mains sur les hanches, elle regarda autour d’elle.
Elle avait toujours mal à la cheville. Découragée, elle se laissa tomber dans le fauteuil. À ce moment-là, elle vit pour la première fois les motifs des tapis jetés négligemment sur le sol, en particulier celui du plus grand d’entre eux : décoloré mais encore flamboyant, il représentait Thésée et Ariane, situés de part et d’autre d’un redoutable labyrinthe et reliés par un fil d’or.
IV
Couché sur le côté à l’arrière de la fourgonnette, les mains attachées dans le dos, Knox entendit un avion décoller et sut qu’ils étaient arrivés à l’aéroport. Le véhicule cahota sur un ralentisseur ; le choc lui laboura les côtes, encore douloureuses après l’épreuve de la simulation de noyade. Le conducteur s’arrêta, passa la marche arrière et se gara. Knox n’avait pas la moindre idée de la façon dont il allait s’en sortir. L’homme imposant qui le surveillait avait les bras croisés et les yeux résolument baissés. Pour lui, ce n’était visiblement pas une partie de plaisir.
Côté passager, la portière s’ouvrit. Mikhaïl entra, s’agenouilla sur le siège et se retourna pour attraper Knox par les cheveux et l’attirer vers lui.
— Je vais retirer votre bâillon, annonça-t-il en posant la lame de son couteau contre la gorge de Knox. Vous n’allez faire aucun bruit et me dire très exactement où se trouve la clé. C’est compris ?
Knox acquiesça et, lorsque Mikhaïl desserra le bâillon, il cracha la boule, qui resta suspendue autour de son cou comme un sinistre médaillon.
— Je vous écoute, dit Mikhaïl.
Knox avait les lèvres sèches et irritées. Il les humecta du bout de la langue.
— Il faut que je voie où nous sommes, déclara-t-il.
Il se pencha en avant et Mikhaïl s’écarta de son champ de vision. Les lignes de métro et de chemin de fer se trouvaient sur la gauche et le terminal, sur la droite. En face, une passerelle couverte pour piétons reliait les deux côtés. L’ensemble du parking était entouré d’une haie touffue mais bien entretenue, comme dans son souvenir.
— Alors ? demanda Mikhaïl.
— Notre voiture était garée de l’autre côté, répondit Knox en faisant un signe de tête en direction d’une zone où toutes les places étaient occupées.
Malheureusement, le conducteur d’un 4x4 partit juste à ce moment-là et laissa une place libre. Boris alla aussitôt s’y garer.
— Alors ? répéta Mikhaïl.
— Je ne vois rien d’ici. Laissez-moi sortir et j’irai la chercher.
— C’est ça ! s’exclama Mikhaïl en enfonçant un peu plus la lame de son couteau. Je vous conseille de retrouver la mémoire rapidement.
— C’est Augustin qui l’a cachée, pas moi.
— Mais vous étiez avec lui.
— Oui.
— Alors ?
— C’est à peu près aux deux tiers de cette rangée de voitures, au pied d’un des arbustes. Augustin a gravé ses initiales sur l’écorce.
— Et quelles sont ses initiales ?
— AGP.
— Allez-y ! ordonna Mikhaïl à Davit et Boris.
— Bien, monsieur.
Knox regarda avec désespoir les deux hommes se lancer dans leurs vaines recherches, tandis qu’il sentait contre sa gorge le couteau froid comme de la glace de Mikhaïl.
Chapitre 34
I
Gaëlle poussa le fauteuil contre le mur et souleva le tapis. Dans le sol, elle repéra aussitôt une trappe, dont le bois avait travaillé au fil des ans. Elle dut tirer brusquement sur la poignée en corde pour quelle pivote sur ses gonds. Un nuage de poussière s’éleva dans la pièce en dégageant une subtile odeur de vinaigre.
Un escalier étroit et raide, couvert de toiles d’araignée et de moutons de poussière,
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