Le secret d'Eleusis
l’autre face. Au centre, figurait une rosette, symbole de la royauté minoenne. Elle reposa la réplique dans la caisse et orienta la torche vers le mur le plus proche, où des traces de peintures anciennes à peine visibles ornaient encore la pierre. Elle remonta jusqu’au plafond puis éclaira le fond de la grotte. Une galerie s’enfonçait dans le noir. Gaëlle envisagea de chercher un endroit où se cacher puis changea d’avis. Elle pouvait défendre l’entrée de la grotte mais, si elle laissait Mikhaïl entrer, elle serait perdue.
Le faisceau lumineux devint plus faible. Malgré leur poids, les piles commençaient à être usées. La lumière lui étant trop précieuse pour qu’elle la gaspille, Gaëlle éteignit la torche et la remit dans la caisse, avant de retourner à son poste. Avec le temps, en l’absence du moindre signe de la part de Mikhaïl, son espoir grandit. Mais soudain, elle entendit des bruits au-dehors. La grotte redevint sombre.
— Vous commencez à vous sentir seule, non ? demanda Mikhaïl.
— Laissez-moi tranquille !
— C’est charmant, ici. Vous seriez bien sur la mousse.
— Allez-vous-en !
— Je ne peux pas. J’ai donné ma parole à votre petit ami. Et je tiens toujours ma parole.
Mikhaïl s’apprêtait à entrer. Gaëlle le sut dès qu’elle perçut cette petite pointe d’excitation dans sa voix. Elle serra le manche du pic et leva son arme au-dessus de sa tête. « Un seul coup, implora-t-elle en silence, c’est tout ce que je demande. »
Elle entendit le corps ramper, aperçut la tête sous la casquette de base-ball. Sans hésiter, elle abattit le pic de toutes ses forces. La tête roula sur le plancher et s’arrêta sur une joue ! C’étaient les yeux de Iain qui fixaient Gaëlle et non ceux de Mikhaïl ! La jeune femme poussa un hurlement et lâcha le pic juste au moment où Mikhaïl surgit, son couteau ensanglanté à la main. Elle s’engouffra aveuglément dans la grotte. Le sol était glissant. Elle dérapa et tomba en s’écorchant un coude et un genou, avant de se cogner la tête contre la pierre. Elle se releva, chancelante, et longea une paroi, bordée de flaques d’eau glacée. Dans ses tennis en toile, elle avait les pieds trempés.
Derrière elle, elle entendit Mikhaïl tirer sur le starter du groupe électrogène. Le moteur démarra au quart de tour et des lampes s’allumèrent tout autour d’eux. Privée de l’obscurité dont elle avait fait son refuge, Gaëlle se retrouva aussitôt à la merci de Mikhaïl.
III
Knox avait les jambes en coton. Il ne cessait de se tordre les chevilles sur les pierres sur lesquelles il prenait appui. Il avait l’impression d’avoir mis des heures à faire le tour de la caldeira mais, en réalité, cela ne lui avait pas pris plus de vingt minutes. Au début, il avait commencé à descendre l’escarpement sans savoir où il allait, puis il avait fini par atteindre un rocher semblable à une pomme de pin couchée qu’il avait repéré à l’avance. Il se trouvait désormais juste au-dessus de la mer d’ajoncs. Malheureusement, la petite clairière était vide.
Que pouvait-il faire ?
Le souffle court, paralysé par un point de côté, il se laissa tomber à genoux et se coucha à plat ventre pour se pencher au-dessus du rocher et chercher un moyen de poursuivre sa descente. Ce ne serait pas facile, mais il y parviendrait. Si le premier tiers était presque à pic, les prises étaient nombreuses, même pour quelqu’un qui n’avait pas l’habitude de l’escalade. Ensuite, la pente était de moins en moins raide et débouchait directement dans le champ d’ajoncs.
Knox donna encore quelques instants de répit à ses jambes endolories, puis se cramponna des deux mains à de grosses racines, avant de se laisser pendre dans le vide. Il chercha du bout des pieds des prises assez solides pour supporter son poids, lâcha une des racines et passa la main le long de la falaise pour descendre un peu. Il progressa avec une lenteur frustrante, sans regarder en bas, puis arriva à l’endroit où la pente devenait moins abrupte. Là, l’escarpement se composait de bandes de calcaire qui, ne s’étant pas érodées au même rythme, s’étaient transformées en gigantesques marches. Knox allait pouvoir accélérer un peu. Il se tourna face au vide et sauta sur la marche inférieure en pliant les jambes pour amortir le choc à l’arrivée. Il chancela mais se laissa tomber contre la paroi pour
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