Le secret d'Eleusis
Petitier. Le câble orange suivait la galerie de gauche. Gaëlle avait donc le choix entre l’obscurité et la lumière. Elle allait opter pour l’obscurité, afin de pouvoir se cacher, lorsqu’elle songea que Mikhaïl s’était peut-être emparé de la lampe torche. Dans ce cas, il allait avoir un avantage sur elle. Elle s’engagea donc dans la galerie de gauche. Au-dessus d’elle, elle aperçut une protubérance rocheuse, contre laquelle une échelle en bois avait été attachée à l’aide d’une corde blanche usée. Elle gravit rapidement les échelons. Une fois en haut, elle s’agenouilla pour dénouer la corde et retirer l’échelle, mais les nœuds étaient si humides et serrés qu’elle ne pouvait même pas y passer un ongle. Tout à coup, elle entendit Mikhaïl approcher. Il était trop tard.
Elle s’enfonça dans la grotte et atteignit le sommet d’un rebord en pente, si lisse qu’il semblait avoir été poli. Elle s’assit, jambes tendues, et se laissa glisser en se retenant avec les mains et les talons. Elle arriva à l’entrée d’une galerie très différente, qui avait été creusée dans la roche. Le sol était plat et le plafond, voûté. Les murs, parfaitement lissés, étaient incrustés d’éclats de marbre et de pierres précieuses. Par endroits, le plâtre avait survécu. Il était orné de peintures qui, à en juger par le panier de brosses et de pinceaux posé sur le sol, avaient été récemment nettoyées par Petitier. À gauche, Gaëlle discerna un jeune homme penché au-dessus d’un taureau et, à droite, trois déesses qui tendaient des pavots, des grappes de raisin, des champignons et autres dons de la terre, tandis que des serpents se faufilaient entre leurs pieds.
La galerie débouchait en haut d’un escalier. Gaëlle ne put pas descendre très loin, car une grande partie du plafond et de la paroi de droite s’était effondrée en laissant un mur infranchissable de décombres. Petitier avait posé une échelle en bois contre les pierres et creusé un petit trou en haut du mur, par lequel il avait fait passer le câble orange. Ainsi, une petite lampe éclairait l’autre côté. Gaëlle monta à l’échelle avec l’espoir de se faufiler dans le trou, mais celui-ci était juste assez grand pour introduire un appareil photo muni d’un flash. Cette fois encore, elle comprit qu’elle s’était trompée sur Petitier. Il ne s’était pas rendu au congrès de peur que ses activités ne soient découvertes. En tant qu’archéologue, il avait simplement considéré que ce qui se trouvait de l’autre côté de ce mur était trop important pour qu’il s’y aventure seul. Il n’était donc pas allé plus loin.
Gaëlle entendit une respiration rauque derrière elle. Elle se retourna et vit Mikhaïl à l’autre bout de la galerie. Sa chemise déchirée laissait entrevoir son torse musculeux couvert de tatouages. Il portait le Mauser en bandoulière et tenait son couteau de chasse à la main. Gaëlle redescendit de l’échelle, mais elle ne pouvait ni s’enfuir ni se cacher. Voyant qu’elle se trouvait dans une impasse, il s’approcha d’elle lentement en arborant presque un air fanfaron. Elle ramassa une grosse pierre. Arrivé en haut de l’escalier, il descendit les marches avec nonchalance en glissant son couteau dans sa ceinture. Elle attendit qu’il soit assez près pour lui lancer la pierre au visage. Mais il devait s’attendre à son geste : il lui bloqua aisément le poignet et le lui tordit jusqu’à ce qu’elle lâche la pierre. Puis il l’attrapa par les cheveux et la traîna jusqu’en haut de l’escalier, avant de la jeter dans la galerie. Il la coucha sur le dos et posa les pieds sur ses poignets pour la clouer au sol.
— Je vous en supplie ! implora-t-elle. Laissez-moi partir !
Il éclata de rire, comme s’il s’agissait d’une plaisanterie.
— Ça fait longtemps que j’attends ce moment, dit-il en travaillant une érection déjà visible à travers son pantalon. Je vous l’ai dit, j’ai donné ma parole à votre petit ami.
La lumière vacilla, comme si le groupe électrogène était sur le point de manquer de carburant. Puis un bruit attira l’attention de Gaëlle, qui tourna la tête sur le côté et aperçut au bout de la galerie une troisième personne, armée de la masse.
— Vous ! s’écria Mikhaïl.
— Oui, moi, confirma Knox.
II
La matinée avait été mitigée à l’unité des soins intensifs. Un des
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