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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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faisait partie
de l’escorte. Lui au moins ne montrait rien de ses sentiments et gardait une
expression impassible que Gengis pouvait approuver.
    Lorsque la fille du roi sortit du palanquin, un murmure d’admiration
monta des guerriers venus voir cette dernière preuve de leur triomphe. Vêtue de
soie blanche brodée d’or, elle avait les cheveux relevés et maintenus sur le
sommet de la tête par des épingles d’argent. Gengis admira la beauté
irréprochable de sa peau blanche. Comparée aux femmes de son peuple, elle était
une colombe parmi des corneilles, mais il se garda d’exprimer sa pensée. Elle s’avança
vers lui sans le regarder, les yeux pareils à des lacs sombres de désespoir, s’inclina
gracieusement, les mains croisées devant elle.
    Gengis sentit croître la colère des gardes xixia mais les
ignora. S’ils réagissaient, ses archers les tueraient avant qu’ils aient eu le
temps de dégainer leur sabre.
    — Sois la bienvenue dans ma yourte, Chakahai, dit-il.
    Ho Sa traduisit d’une voix à peine plus haute qu’un murmure.
    Gengis toucha l’épaule de la jeune femme qui se redressa, le
visage sans expression. Elle n’avait pas cette vigueur nerveuse à laquelle ses
femmes l’avaient habitué et il se sentit troublé quand une faible trace de son
parfum parvint à ses narines.
    — Je pense que tu vaux plus que tous les autres
présents de ton père, dit-il, l’honorant devant ses guerriers de paroles qu’elle
ne pouvait comprendre.
    Ho Sa commença à traduire mais Gengis le fit taire d’un
geste brusque. De la main, Gengis releva le menton de la princesse pour l’obliger
à le regarder. Il vit de la peur et aussi un éclair de dégoût quand sa peau
brunie par le soleil toucha celle de Chakahai.
    — J’ai fait une bonne affaire, femme. Tu me donneras de
beaux enfants.
    Il savait déjà que ces rejetons ne pourraient pas être ses
héritiers, mais la beauté de cette fille l’enivrait. Il ne pouvait l’installer
dans la même yourte que Börte et ses fils ; elle était trop fragile, elle
n’y survivrait pas. Il lui donnerait une tente, pour elle seule et les enfants
qu’elle aurait.
    Gengis se rendit compte que ses guerriers attendaient la
suite avec un intérêt croissant. Nombre d’entre eux échangeaient coups de coude
et murmures. Il tourna son regard vers Ho Sa et l’officier qui se trouvait près
de lui. Les deux hommes étaient blêmes de rage. Lorsque le khan signifia à l’escorte
de retourner à Yinchuan, Ho Sa fit demi-tour avec les autres, mais l’officier
lui lança un ordre et Ho Sa se figea, bouche bée.
    — J’ai besoin de toi, lui expliqua Gengis, amusé par sa
stupeur. Ton roi te prête à moi pour un an.
    Ho Sa referma la bouche quand il comprit. Il suivit d’un
regard amer l’escorte qui repartait pour Yinchuan, le laissant avec la jeune
fille tremblante qu’il était venu offrir aux Loups.
    Gengis se tourna vers l’est, respira l’odeur du vent, imagina
les cités des Jin au-delà de l’horizon. Elles étaient ceintes de murailles qu’il
ne pourrait briser et il ne mettrait pas de nouveau son peuple en danger par
ignorance.
    — Pourquoi m’as-tu demandé ? éructa soudain Ho Sa.
    — Nous ferons peut-être de toi un guerrier, dit Gengis
en lui tapotant le genou.
     
     
    Par tout le camp, les Mongols démontaient les yourtes et se
préparaient au départ. Quand la nuit vint, il ne resta plus que la tente du
khan sur son grand chariot. Éclairée de l’intérieur par des lampes à huile, elle
brillait dans l’obscurité et était visible par tous ceux qui, étendus sur des
tapis, s’emmitouflaient dans leurs fourrures pour dormir à la belle étoile.
    Penché au-dessus d’une table basse, Gengis étudiait une
carte tracée sur un épais papier. Ho Sa était le seul ici à savoir qu’elle avait
été recopiée à la hâte par un des scribes de Rai Chiang : le roi était
trop rusé pour courir le risque qu’une carte portant son sceau tombe dans les
mains de l’empereur Wei. Même les noms avaient été écrits en langue jin.
    Gengis pencha la tête d’un côté puis de l’autre en tentant d’imaginer,
grâce aux lignes et aux dessins, de véritables villes. C’était la première fois
qu’il voyait une carte mais, en présence de Ho Sa, il ne voulait pas révéler
son inexpérience. D’un doigt sombre, il suivit une ligne bleue montant vers le
nord.
    — C’est le grand fleuve que les éclaireurs ont

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