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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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signalé ?
demanda-t-il, tournant un regard interrogateur vers Ho Sa.
    — Huan He, répondit le Xixia. Le fleuve Jaune.
    Il se tut aussitôt, ne voulant pas se montrer bavard en
compagnie des généraux mongols qui emplissaient la yourte : Arslan, Khasar,
Kachium, d’autres qu’il ne connaissait pas. Ho Sa avait eu un mouvement de
recul quand Gengis lui avait présenté Kökötchu. Le chamane décharné lui
rappelait les mendiants fous de Yinchuan et émettait une odeur qui vous
contraignait à retenir votre respiration.
    Gengis fit courir son doigt le long du fleuve vers le
nord-est jusqu’à un petit symbole qu’il tapota.
    — Cette ville est à la lisière des terres des Jin, dit-il.
    Une fois de plus il regarda Ho Sa et celui-ci hocha la tête
avec réticence.
    — Baotou, lut-il sous le minuscule dessin.
    — Ces marques, au nord, qu’est-ce que c’est ?
    — Une partie de la muraille extérieure, répondit le
Xixia.
    Gengis plissa le front.
    — J’en ai entendu parler. Les Jin se cachent de nous
derrière, n’est-ce pas ?
    Ho Sa dissimula son irritation.
    — Ils n’ont pas élevé ces murailles pour vous mais pour
séparer notre royaume et le leur. Tu as franchi la plus faible des deux, tu ne
passeras pas celle qui entoure Yenking. Personne n’a jamais réussi.
    Gengis eut un grand sourire avant de reporter son attention
sur la carte. Cette confiance en soi excessive agaçait Ho Sa. Quand il était
enfant, son père l’avait emmené au fleuve Jaune, il lui avait montré la
muraille du Nord, qui même alors présentait des brèches et dont des pans
entiers s’étaient écroulés. On ne les avait pas relevés depuis. Ho Sa se
demandait comment les Jin avaient pu devenir aussi négligents. Leur muraille
extérieure ne valait rien, d’autant que les barbares se trouvaient déjà de l’autre
côté. Le Xixia en constituait le point faible et les Mongols avaient déferlé
vers le sud. Envahi de honte à cette pensée, il regarda Gengis en se demandant
ce qu’il projetait.
    — Tu as l’intention d’attaquer Baotou ? lâcha
soudain Ho Sa.
    — Pour hurler au pied de ses murs comme je l’ai fait
ici ? répliqua le khan. Non, je rentre chez moi, dans les monts du Khenti.
Je vais retrouver les collines de mon enfance, chasser avec mon aigle et
épouser la fille de ton roi. Mes fils doivent connaître la terre qui m’a vu
naître. Ils deviendront forts, là-bas.
    Dérouté, Ho Sa leva les yeux de la carte.
    — Alors, pourquoi parlons-nous de Baotou ? Qu’est-ce
que je fais ici ?
    — J’ai dit que moi, je rentrais. Toi, tu ne rentres pas.
Cette ville se trouve trop loin pour craindre mon armée. Ses portes sont
sûrement ouvertes, les marchands y entrent et en sortent comme ils veulent.
    Ho Sa remarqua que Khasar et Arslan le regardaient en
souriant. Gengis lui tapota l’épaule.
    — Dans une ville fortifiée comme Baotou, il y a des
bâtisseurs, des architectes. Des hommes qui connaissent le moindre aspect de
ses défenses.
    Ho Sa garda le silence et le khan poursuivit :
    — Ton roi n’a pas voulu me renseigner mais toi, tu le
feras, Ho Sa. Tu te rendras dans cette ville, avec mes frères Khasar et Temüge.
Trois hommes peuvent pénétrer là où une armée ne le peut pas. Tu poseras des
questions jusqu’à ce que tu trouves les hommes qui ont construit ces murs et
savent tant de choses, et tu me les amèneras.
    Ho Sa vit que tous lui souriaient à présent, amusés par son
expression consternée.
    — Ou alors je te tue et je demande à ton roi un autre
officier, ajouta Gengis avec douceur. Il faut toujours laisser à un homme le
choix entre la vie et la mort. Tout le reste, on peut le lui prendre, mais
jamais ça.
    Ho Sa se rappela ses compagnons massacrés pour leurs
montures et ne douta pas que sa vie dépendait d’un simple mot.
    — Je te suis lié par ordre de mon souverain, répondit-il
enfin.
    Gengis grogna, se pencha de nouveau vers la carte.
    — Alors, parle-moi de Baotou et de ses murs. Dis-moi
tout ce que tu as vu ou entendu.
    À l’aube, le camp était silencieux mais une lumière dorée
tremblotait encore dans la yourte du khan et ceux qui étaient étendus dans l’herbe
froide à proximité pouvaient entendre des voix murmurer, comme de lointains
tambours de guerre.

 
10
    Les trois cavaliers approchèrent de la berge du fleuve
sombre et descendirent de selle tandis que leurs montures commençaient à s’abreuver.
Une lune lourde suspendue

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