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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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n’est qu’un peu plus d’une heure de l’après-midi, observai-je pendant que l’inspecteur ouvrait la portière. James ne doit pas être encore rentré.
    — J’espère pour vous qu’il ne va pas se radiner les mains vides.
    — Avec votre permission, j’irais volontiers montrer la photo de notre suspect à la fiancée d’Auber-Jones.
    — Miss Teynham est la première personne à qui j’ai présenté le dessin de Bishop, et elle a affirmé catégoriquement n’avoir jamais vu cet individu. De plus, on ne vous laissera pas l’approcher aux studios d’Islington.
    — Bonne raison pour m’y accompagner. Aucune porte ne reste close devant un éminent envoyé du Yard. Et puis, j’ai toujours rêvé de visiter un plateau de cinéma.

VI
    Dans les studios d’Islington
    Les studios de la société de production Gainsborough Pictures étaient plutôt mal nommés puisque, loin de se trouver à Islington à proprement parler, ils étaient logés au nord du faubourg d’Hoxton, dans Poole Street, lovés entre New North Road et le Regent’s Canal.
    Aménagés en 1924 dans une ancienne centrale électrique qui alimentait le métro londonien, les bâtiments étaient visibles de loin grâce à l’imposante cheminée en briques qui couronnait le bâtiment 1 .
    C’était aux studios d’Islington qu’un certain Alfred Hitchcock avait commencé sa carrière au temps du cinéma muet. De 1922 à 1927, il y avait réalisé plusieurs longs-métrages dont le mémorable Cheveux d’or , variation sur le thème de Jack l’Éventreur, et il n’allait pas tarder à y tourner, à la fin de l’année, son célèbre Une femme disparaît .
    Notre Austin Ripley se gara non loin de l’entrée. Après avoir franchi le portail au-dessus duquel s’étiraient en lettres jaunes le nom des studios, nous nous présentâmes devant le vigile, une grande gigue au visage sec comme une trique, qui, à la vue de l’uniforme du constable Royston, daigna extirper le brûle-gueule qui lui déformait la bouche.
    Dans la cour, une demi-douzaine de camions de déménagement étaient stationnés en rangs, d’où des ouvriers se hâtaient de décharger du matériel.
    — Inspecteur Staiton, de Scotland Yard. Cecily Teynham se trouve-t-elle dans les studios ?
    — Sûr qu’elle est là, postillonna le cerbère.
    — Nous désirerions nous entretenir avec elle.
    — Désolé, j’ai ordre de n’laisser entrer personne d’extérieur.
    — Vous préférez que je revienne avec un pouvoir émanant du haut-commissaire ? Ils sont sacrément pointilleux sur la sécurité en ce moment, à cause du couronnement.
    — Vous fichez pas en rogne, ’specteur ! C’est que tout l’monde est très occupé là-dedans. Risquez d’être pas l’bienvenu.
    — Ce sera l’affaire de quelques minutes.
    — Moi, pour c’que j’en dis ! Miss Teynham, la trouverez sur l’plateau n° 3, dans c’te direction-là.
    — Dites donc, il y a un sacré remue-ménage chez vous, ajouta Staiton en avisant les véhicules.
    — M’en parlez pas. Ils ont fermé les studios d’Lime Grove, à Shepherd’s Bush. Paraît qu’y a d’l’eau dans l’gaz à la Gaumont-British 2 . Du coup, ils débarquent tout leur outillage ici.
    Nous traversâmes la cour et pénétrâmes dans celui des bâtiments que le concierge avait pointé avec l’embout de son calumet. Une fois à l’intérieur, nous parcourûmes plusieurs galeries jusqu’à l’endroit recherché, facilement repérable à l’écriteau fixé au-dessus de l’entrée : « Studio n° 3. Défense de pénétrer à toute personne extérieure à l’équipe de tournage. » Quand nous eûmes poussé les battants, nous parvînmes dans une sorte de hangar grouillant d’activité, long d’environ cent pieds et large de soixante-dix.
    Au fond, des projecteurs disposés en demi-cercle éclairaient un décor constitué d’énormes pans de murs censés figurer l’intérieur d’une gare de province, et percés de grandes baies à travers lesquelles des toiles peintes donnaient l’illusion de paysages rupestres. À gauche, derrière son comptoir de carton-pâte, on apercevait un cabotin en costume de guichetier qui, désœuvré, se tenait les bras croisés. Près de lui, installés sur une rangée de bancs en bois, un groupe de comédiens tuait le temps en grillant des cigarettes. Devant la scène, des assistants se pressaient autour de deux grosses caméras, l’une fixe, l’autre montée sur des

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