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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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pas la fureur qu’il parvenait encore à juguler. La vilaine ordure
jouissait de son pouvoir.
    — J’ai cru comprendre que l’interrogatoire de madame de
Souarcy avait débuté.
    — Si fait.
    — Pensez-vous que le procès dure encore ?
    — Je le redoute, messire comte. Mais ne tentez pas d’obtenir
de moi d’autres précisions. Ainsi que vous le savez, le plus grand secret
entoure les procédures inquisitoires. Nous tenons avant tout à préserver l’honneur
et la dignité de ceux qui sont menés par-devers nous, jusqu’à la preuve
formelle de leur culpabilité.
    — Oh, je ne doute pas un instant que l’honneur et la
dignité de madame de Souarcy soient au centre de vos préoccupations, rétorqua
Artus d’Authon.
    Florin croisa les mains sur sa robe noire et attendit la
suite. Ce si puissant seigneur allait-il tenter de le soudoyer, comme lors de
leur première rencontre ? Le menacerait-il ? Le supplierait-il ?
Et lui, que préférerait-il ? Un peu des trois, sans doute.
    Au lieu de cela, un étrange sourire étira les lèvres pleines
d’Artus, un sourire qui découvrit ses dents. Au grand étonnement de Florin, qui
l’imita sans même y réfléchir, il se leva.
    — Ma requête ayant été vaine, ainsi que je m’y
préparais, je m’en voudrais de gâcher davantage de votre temps. À vous revoir,
donc.
    Florin resta interdit après le départ du comte Artus. Que
venait-il de se passer ? Pourquoi cet arrogant abruti n’avait-il pas
insisté ? Ne s’agissait-il pas là d’un bien sévère camouflet pour lui ?
De fait, il se sentit rougir sous le soufflet. Pour qui se prenait le comte !
Il la voulait, sa femelle ? Qu’il vienne donc la contempler d’ici à
quelques jours. Les interrogatoires n’ayant pas permis de l’acculer, la
Question commençait demain.
    Une rage meurtrière le secoua et il envoya voler sa table.
Des piles de dossiers, des notes s’éparpillèrent dans le bureau. Il hurla :
    — Agnan, ici, tout de suite !
    Le jeune clerc entra avec précipitation, contemplant le
désordre d’un air ébahi. Florin feula dangereusement :
    — Ramasse, abruti ! Qu’attends-tu ?
    None approchait lorsque Francesco de Leone, rencogné sous un
porche, vit Nicolas Florin sortir de la maison de l’Inquisition. Le dominicain
répondit d’un sourire humble aux salutations guindées de quelques passants et
tourna rue de l’Arche. Leone abaissa sa capuche sur son front et rajusta la
courte tunique de manant pincée à la taille sur laquelle il avait ceint l’épais
tablier de cuir des forgerons. Il emboîta le pas à l’inquisiteur, le suivant à
quelques toises. Un gamin crasseux le dépassa, ralentissant brusquement le pas
pour marcher sans hâte, bras croisés dans le dos, nez levé vers les étages des
demeures. Leone se demanda vaguement s’il ne préparait pas quelque chaparderie.
    Ainsi qu’il l’avait affirmé à Hermine après qu’elle s’était
fait passer pour la riche Marguerite Galée pressée d’expédier son beau-père ad patres, le chevalier n’avait pas véritablement de plan. Il ne savait s’il cherchait des
détails compromettants de nature à faire ployer Florin, ou des circonstances
qui le contraindraient à le tuer. Leone était assez subtil pour admettre qu’il
se laissait porter par les faits et gestes de l’autre, lesquels, le cas
échéant, justifieraient sa mort. Il ne s’agissait pas de sa part d’une pleutre
et hypocrite dérobade. Leone avait accepté la responsabilité de tant de morts.
Pourtant, il ne les avait jamais choisies. Florin, en dépit de son ignominie,
bénéficierait de ce que lui n’avait jamais offert à ses victimes : un
jugement de Dieu confidentiel. S’il ne devait pas mourir, il serait sauvé.
Telle était la conviction de l’hospitalier.
    L’inquisiteur marchait d’un pas plus vif, comme s’il était
pressé par des obligations. Peut-être aussi parce qu’ils s’étaient assez
éloignés du carré qui hébergeait la maison de l’Inquisition, et qu’il craignait
moins que sa hâte étonne. Étrangement, le petit mendiant avait lui aussi
accéléré l’allure, se tenant toujours à la même distance de Florin. L’habitude
du combat alerta Leone.
    Florin tourna à droite et remonta jusqu’à la rue des
Petites-Poteries. Il obliqua soudain dans la rue du Croc, et Leone pressa le
pas. Lorsqu’il contourna à son tour l’échoppe en coin d’un savetier, Florin
avait disparu, et il se retrouva nez à

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