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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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à cette imprudence, Agnan s’entendit murmurer :
    — Sauvez-la, je vous en supplie.
    L’autre le considéra un instant avant de froncer les
sourcils :
    — Serais-je si déchiffrable ? Vous m’inquiétez.
    — Vous me rassurez tant, chevalier.
    Le jeune clerc disparut, puis revint avec la célérité de l’éclair.
Il se rapprocha de Leone pour murmurer :
    — Il est plus vil et dangereux que le pire des incubes.
    — Croyez-vous ? rétorqua Leone dans un sourire. L’avantage
est que celui-là est mortel.
    Florin se demandait depuis l’annonce de son clerc ce que
venait fiche un hospitalier en la maison de l’Inquisition. Cette femelle
Souarcy ne lui occasionnait que des difficultés. La Question débuterait tout à
l’heure et se terminerait trop vite à son goût par le soulagement définitif de
l’accusée. La mort. Quelques heures de souffrances infligées, de hurlements, le
dédommageraient quand même un peu. Certes, il aurait pu l’étrangler dans sa
cellule et prétendre qu’elle s’était pendue afin d’éviter son questionnement,
la chose était fréquente. Non. Elle l’avait assez contré et excédé. La
délivrance lui serait pénible.
    Leone pénétra, à la suite d’Agnan, dans le petit bureau qu’occupait
l’inquisiteur. Le jeune clerc les abandonna aussitôt. Contrairement à ce qu’il
avait décidé, une sorte de force souleva Florin de son siège à l’entrée du
chevalier. La saisissante beauté de l’homme et l’évidente puissance qui
émanaient de lui le laissèrent pantois. L’idée incongrue mais insistante qu’il
aurait adoré le séduire pour le réduire s’imposa à lui. Après tout, pourquoi
pas ? Certes, il aimait la couche des filles, mais quelle magnifique
démonstration de son pouvoir d’amener un si bel hospitalier à faillir. Après
tout, le sexe ne lui servait qu’à cela : affirmer sa domination.
    — Chevalier, quel honneur.
    — L’honneur est mien, seigneur inquisiteur.
    Une sorte de griserie envahit Leone, et il s’en sentit
coupable. La griserie qui précède les combats les plus difficiles. Giotto
Capella avait été un adversaire de faible résistance. Celui qui se tenait
devant lui était des plus dangereux, des plus imprévisibles qu’il eut
rencontrés. Giotto Capella était un homme déchu. Celui-là était un venin
concentré. Il s’en voulut de l’espèce de perversité qu’il se sentait soudain :
vaincre la vipère en usant de ses propres armes.
    — Asseyez-vous chevalier, je vous en supplie. Mon clerc
me dit que le sort de madame de Souarcy vous préoccupe ?
    — Il ne s’agit pas de son sort, monsieur, car je ne
doute pas qu’il soit entre les meilleures mains.
    Le compliment flatta Florin, qui acquiesça d’un élégant
mouvement de tête.
    — Cela étant, la mère de madame de Souarcy était grande
amie de ma tante. Traversant votre belle région afin de rejoindre Paris pour
mon ordre, j’ai pensé que je pourrais lui apporter le confort d’une prière.
    — Hum...
    Florin n’était plus à la discussion. Il cherchait la
meilleure stratégie pour séduire l’homme éblouissant qui lui parlait.
    — Me concéderiez-vous la faveur de rencontrer madame de
Souarcy, mon frère ? insista Leone d’un ton léger.
    La requête dégrisa Florin d’un coup et un sourire forcé
étira ses lèvres :
    — Certes, chevalier, j’aurais grande peine à vous
refuser cette modeste faveur. Je reconnais bien là l’infinie générosité des
représentants de votre ordre.
    Nicolas Florin fulminait de colère en dedans de lui. Que
venait faire ce chevalier au milieu de son procès ? Nulle autorité ne le
mandait. Il enrageait de devoir ployer. Cela étant, on ignorait toujours le
grade d’un hospitalier, surtout chevalier de grâce et de justice, une fois hors
de son antre : grand maître ou simple guerrier. Il convenait donc de
rester prudent. Florin venait de franchir une étape cruciale dans son ascension
vers le pouvoir mais n’ignorait pas que bien des échelons lui restaient à
gravir. Ensuite, il serait au-dessus de tout, des hommes et des lois. Mieux
valait ménager cet inconnu, prétendre recueillir son avis avec impartialité et
une tendre humilité. Il reprit :
    — Il s’agit, vous le comprenez, d’une faille à notre
procédure, puisque vous n’êtes pas de la parentèle directe de l’accusée. Je
vous demanderai donc de m’assurer de la brièveté de cette visite. Le procès de
madame de

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