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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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amie d’Alix, dame Giralda, dont les troubadours chantaient la beauté. Fervente cathare, elle offrait sa générosité à tous, sans distinction. Jamais de sa vie un pauvre n’avait croisé son chemin sans recevoir l’aumône. Le chevalier du Christ ne pouvait s’imaginer défié par une femme : sa fureur fut à la hauteur de sa surprise.
    Comme un vol d’oiseaux de mauvais augure, une forêt de flèches avait obscurci le soleil. Jamais autant de munitions n’avaient été utilisées pour clouer au sol des défenseurs perdus de terreur. Puis les pierres pesantes des catapultes battirent les remparts, tandis que d’habiles terrassiers en sapaient les fondations. Le fracas métallique des armes se fit bientôt entendre, comme les cris des soldats perchés au sommet des échelles jetées sur les dernières murailles. Une véritable marée humaine se précipita dans la cité en flammes. Giralda avait bien défendu sa ville ; Montfort décida que Lavaur devait être mise à sac, avec toute sa richesse, pour punir l’humiliation d’une résistance acharnée. Au mépris du plus élémentaire code de l’honneur, quatre-vingts chevaliers qui avaient combattu pour leur dame furent pendus et égorgés. Accompagnés par les chants de curés fanatiques et d’abbés mitrés, quatre cents cathares furent brûlés sur le plus grand bûcher jamais conçu de main d’homme. Le peuple, épouvanté, ne put que s’enfuir aux quatre vents, sans le moindre ballot, en chemise et en braies, rien de plus. Il fallut en grande hâte enfouir les cadavres dans un grand trou fangeux tant la charogne dégageait une odeur insupportable. Quant à dame Giralda, elle eut à subir le pire sort qu’une femme puisse imaginer. Livrée aux soudards, elle fut violée tant de fois que son corps n’était plus que plaies. Puis, encore vivante, elle fut précipitée au fond d’un puits, et sa dépouille recouverte d’un tombereau de pierres.

    Alix ressentit le martyre de dame Giralda comme une violence personnelle, une offense faite à toutes les femmes, la négation de leur égalité fondamentale avec l’homme. Loin de se laisser gagner par une peur légitime, ou de satisfaire au désir de paix prôné par sa religion, elle céda à sa propre violence, jusque-là contenue dans les mots. Une virulente animalité s’empara de ses désirs et de ses actes. Elle se sentait louve auprès de son époux qui se comportait comme un prédateur des biens du clergé. Elle retrouvait, dans sa bouche, le goût du sang qu’elle avait éprouvé en poignardant Guillaume de Gourdon. Ce souvenir, un temps effacé par des années de bonheur, revenait la hanter. Il était si facile de franchir le pas, de trancher le noeud gordien. Un problème pouvait se résoudre en éliminant sa cause, fût-elle humaine. Menacée dans ses fiefs et sa situation de femme libre, Alix était devenue, plus que Bernard lui-même, une farouche combattante de l’idéologie cathare. Cette galante se fit furie pour défendre et répandre la foi qu’elle croyait juste. Que ces sottes femmes catholiques puissent s’opposer à elle déchaîna sa colère. À celles qui refusaient encore la conversion, elle fit couper les seins et les pouces. « Ainsi vous ne pourrez plus mettre au monde et nourrir des diables sans espoir de salut et qui se transforment en autant de guerriers qui complotent notre perte. »

    Dans le Sud, les nuages des incendies continuaient d’obscurcir l’horizon. Toulouse voyait son territoire se réduire comme peau de chagrin. Montfort paracheva son oeuvre en nourrissant de plus de cent fagots hérétiques le bûcher des Cassès, aux portes de la ville. Puis le cruel croisé attaqua les évêchés cathares d’Hautpoul, en Albigeois, et de Penne, en Agenais. Le souffle du démon s’approchait du Périgord à le toucher. Bernard et Alix crurent bien que les armées catholiques allaient fondre sur leurs châteaux. Mais Montfort préféra précipiter ses troupes sur Moissac dont les trois cents défenseurs furent passés au fil de l’épée.
    Bernard redoutait, à présent, tous les courriers qui lui arrivaient de Toulouse. Ils ne portaient que de mauvaises nouvelles. Celui qui lui parvint, en ce mois de septembre 1313, portait le deuil de ses espérances.
    « La guerre est finie ! Toulouse est tombée et le roi d’Espagne est mort. »
    La foudre s’abattant sur Castelnaud n’aurait pas laissé ses occupants plus consternés et hébétés. Le découragement

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