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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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joues et ses lèvres s’étaient plissées en une moue incertaine.
    — Quand j’ai été emprisonné dans le Puits, j’ai pensé mourir. C’est ton père qui m’a aidé. Il savait pourtant qu’il ne reverrait pas la lumière, mais il a pris le temps de me parler, de m’éclairer sur ma vie. Il m’a convaincu que j’avais un destin. C’est pour ça que je ne me suis pas tué.
    Les yeux de Bina se troublèrent d’un voile humide.
    — C’est le froid, balbutia-t-elle en s’essuyant furtivement les paupières.
    — Il m’a aussi juré quelque chose…
    — Quoi ?
    — … que tu m’aiderais. Qui est Hiram ?
    Dans un souffle, elle murmura :
    — C’est l’architecte qui a construit le Temple de Salomon. C’est lui le Secret.

    Comté de Tripoli
Chastel Noir
    Le sentier qui montait vers le château ne laissait le passage qu’à un cavalier à la fois. Une utile précaution en cas d’attaque, qui permettait de rapidement réduire le nombre d’assaillants. À la cour de Jérusalem, on racontait que c’était Bohémond lui-même qui avait tracé les plans de la forteresse, multipliant les pièges et les défenses pour rendre son repaire imprenable. Que la mort vienne m’y chercher, si elle l’ose , avait-il proclamé à la cantonade, défiant ainsi aussi bien chrétiens que musulmans. Depuis, la légende s’était emparée des lieux, on parlait de puits sans fond, de chausse-trappes infestées de serpents venimeux, d’oubliettes, royaumes de rats affamés, de souterrains labyrinthes où des prisonniers devenus fous erraient sans fin. Bohémond laissait dire. Dans son comté, l’expression de Chastel Noir était devenue synonyme d’Enfer. Ainsi il lui suffisait de prononcer le nom maudit pour terrifier ses adversaires. Ils n’ont pas peur de moi, ils ont peur de ce qu’ils imaginent, affirmait-il à ses proches qui aussitôt colportaient aux quatre vents les plus infernales rumeurs.
    Le sentier serpentait longuement à flanc de rocher, multipliant les têtes d’épingle. Bohémond montra une poterne circulaire percée de meurtrières, en avant du château.
    — Durant tout le temps que vous montez, vous êtes sous le tir des archers. De quoi décimer une troupe qui aurait la mauvaise idée de venir me chanter pouilles.
    — Et si les assaillants décident de couper tout droit ? Après tout la pente n’est pas si raide.
    Bohémond arrêta son cheval et sauta de selle. D’un pas agile, il monta au-dessus du chemin et, avec prudence, déblaya un carré de terre parsemé de cailloux, révélant un fin treillis de branchages. Bohémond l’ôta délicatement. Enfoncé dans le sol, un pieu acéré brilla d’un éclat métallique.
    — Il y en a plus de mille sur tout le parcours. La mort à chaque pas. Le jour où je serai attaqué, le spectacle vaudra le déplacement, croyez-moi.
    Un instant, le Légat eut la vision d’une armée entière empalée, criblée de flèches par les archers avant d’être achevée à l’arme blanche.
    — À l’intérieur, je vous montrerai d’autres surprises dont j’ai parsemé le château. Quand je pense que les Templiers se targuent de construire les meilleures forteresses d’Orient ! Qu’ils viennent donc ici me narguer, ces chevaliers vaniteux et arrogants, ces moines-soldats de malheur, et je ferai de leur ordre un cimetière.
    Comme ils atteignaient la dernière courbe avant le pont-levis, dans une échancrure du brouillard, une masse surgit, noire et luisante de givre, qui surplombait tout le château.
    — La Tour du Silence, annonça Bohémond, c’est là que vous attend votre invité.

    Ferme d’Ein Kerem
    Bina s’était assise près de la source qui coulait dans une vasque de pierre. Avant de parler, la jeune femme avait trempé ses mains dans l’eau glacée, puis frotté son front et ses pommettes. Une veine bleue battait à sa tempe gauche. Roncelin la regardait avec attention. À part ses sœurs, qu’il n’avait pas vues depuis des années, il n’avait jamais vraiment contemplé la face d’une femme. Les ribaudes, payées trois pièces de cuivre, étaient sans visage. Quant aux bourgeoises de Jérusalem, le fard et les onguents dissimulaient leurs traits véritables. Un instant, il essaya de trouver les mots pour dire ce qui, dans ce visage, perlant d’eau, lui donnait une impression à la fois d’étrangeté et de sérénité.
    — Mon père a toujours été fasciné par le Temple de Salomon, commença Bina. Durant

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