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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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un tel enfer, et quels secrets si cruciaux il détenait, pour que les Anglais aient employé de tels moyens pour les lui arracher.
    Elle comprenait mieux la sévérité de ses blessures maintenant qu’elle savait qu’il avait été Templier, cet ordre religieux objet d’un énorme scandale et accusé d’hérésie par l’Église. Si elle voulait convaincre Alexandre de fuir, elle allait devoir se servir de cette loyauté indéfectible qui, disait-on, liait entre eux les chevaliers du Temple.
    — Vous avez fait partie de l’élite des Templiers, résuma-t-elle, et ce sont vos camarades qui vous ont sauvé de l’Inquisition française. Parmi eux se trouvait ce Jean de Clifton, actuellement prisonnier des Anglais, et qui risque la mort si vous ne menez pas votre mission à bien.
    Elle le vit frémir et sut qu’il avait compris pour quelle raison elle avait abordé ce sujet.
    Marmonnant un juron, il détourna la tête, se leva et se dirigea vers la cheminée. Elizabeth lui accorda quelques instants de répit, pour le laisser ruminer la signification de ses paroles, puis elle ajouta d’un ton plus doux :
    — Jean de Clifton est sans doute en vie à l’heure qu’il est, les Anglais ignorant encore que leur machination a été éventée à Dunleavy. Mais messire Lucas saura que vous avez échoué si votre cadavre pend en haut des murailles. Et c’est ce qui se passera si vous restez, Alexandre, car nombreux sont ceux qui réclameront votre mort. Et parmi eux notre roi, Robert Bruce, dès lors qu’il apprendra quel rôle vous avez joué dans cette affaire. Même s’il sait que vous avez agi sous la contrainte, il estimera que vous avez souillé la mémoire de Robert Kincaid.
    Alexandre demeura silencieux, les yeux fixés sur les flammes qui se tordaient dans l’âtre.
    Elizabeth décida qu’il était temps d’assener le coup de grâce. Car s’il risquait sa vie en tentant de sauver son ami, il aurait au moins une chance de s’en sortir. Tandis qu’ici, à Dunleavy, son sort était scellé et sa mort assurée.
    — Vous ne disposez que de très peu de temps pour aider messire Jean, reprit-elle. Si vous ne profitez pas de l’effet de surprise, vous perdrez tous deux la vie. J’aurai également son sang sur les mains... et toutes les souffrances que vous m’avez infligées auront été vaines.
    Alexandre secoua lentement la tête, comme s’il se demandait s’il avait bien entendu. Puis il se tourna vers elle et, même à cette distance, elle sentit sa chaleur, son amour, en même temps que son désespoir.
    — Pardieu, madame, vous avez l’art de réduire à néant les arguments les plus imparables, soupira-t-il d’un air résigné. Je ne puis nier ce que vous me dites à propos de Jean et de ce que je lui dois – de ce que je vous dois aussi –, pas plus que je ne puis nier mon désir de demeurer ici et de me battre jusqu’à mon dernier souffle pour qu’il ne vous arrive rien. Aussi me mettez-vous dans la position intenable de devoir trouver le moyen d’accomplir ces deux tâches – quoique d’une manière différente de celle que j’avais imaginée à l’origine.
    Elizabeth s’efforça de ne pas fléchir. C’était là ce qu’elle souhaitait, ce qui devait se passer, si affreux que cela parût en cet instant.
    — Dans ce cas, vous êtes d’accord pour quitter le château avant l’aube ? demanda-t-elle d’une voix égale.
    Il semblait écartelé entre les propos qu’il avait tenus et ce qu’il ressentait, mais finalement il déclara :
    — Oui, je vais partir et tenter de libérer Jean. Le temps et les circonstances jouent contre nous et m’obligent à m’occuper en premier lieu de lui, si réticent que je sois à l’admettre. Mais je reviendrai vous aider, soyez-en sûre.
    Elizabeth tressaillit, puis décida d’ignorer cette dernière déclaration. Elle avait eu gain de cause et cela seul comptait.
    — Je suis soulagée que vous compreniez la nécessité d’agir ainsi, dit-elle.
    — Cela ne me fait pas plaisir pour autant.
    — Vous n’avez pas le choix.
    Il haussa un sourcil.
    — Je ne l’aurai plus si je ne parviens pas à quitter Dunleavy. Le reste mis à part, je ne partirai que si vous acceptez de ne pas vous impliquer dans mon évasion. Je refuse de participer à quoi que ce soit qui vous vaudrait des représailles.
    — Vous n’avez rien à craindre de ce côté-là, assura Elizabeth. Je suis entrée dans cette chambre à l’insu de la sentinelle, et c’est

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