Le Testament Des Templiers
elle était déjà saturée d’informations. « Lesquels ?
– L’un d’eux était le récepteur 5-HT 2a . C’est un récepteur de sérotonine situé dans le cerveau qui contrôle l’impulsivité, l’agressivité, la colère, ce genre de chose. Quelque chose dans ton bouillon est un agent agoniste très puissant, ou bien un stimulateur de ce récepteur. Rien de très positif en ce qui concerne d’éventuelles utilisations médicales. On pourrait rendre quelqu’un très méchant avec ce genre de pharmacopée. L’autre signal était nettement plus sain.
– C’était quoi ? demanda-t-elle.
– Phosphodiestérase type 5, dit-il avec une lueur dans l’œil, comme si elle pouvait comprendre où il voulait en venir.
– Désolée, dit-elle, je ne connais pas. Et ça fait quoi ?
– PDE-5 est un enzyme impliqué dans une activité musculaire calme. Quelque chose dans ton bouillon est un inhibiteur de PDE-5 exceptionnellement puissant, et tu sais à quoi il sert ?
– Non, Fred, ce n’est pas tellement mon domaine. »
Il eut un sourire d’écolier gêné.
« Ce serait un genre de super Viagra !
– Tu veux rire !
– Pas du tout. Ton bouillon pourrait probablement t’emmener au septième ciel, te transformer en obsédée sexuelle avec un caractère de cochon et te faire vivre très très longtemps. »
Luc la regardait lui restituer le pittoresque compte rendu de Prentice. Il revit l’homme-oiseau priapique dans la dixième salle, puis il repensa, avec un pincement au cœur, au charmant scientifique qui ne devait plus voir le soleil se lever. Il n’osait pas lui annoncer que Fred était mort. Elle avait besoin de toutes ses forces.
« Et ensuite tu es partie ? demanda-t-il.
– Pas tout de suite. Je suis restée jusqu’à ce qu’ils lui trouvent un lit dans une salle, puis je suis retournée à l’hôtel chercher mon sac. Quelqu’un a frappé à la porte. Je suis allée ouvrir et deux hommes ont fait irruption. Je n’ai même pas pu crier. L’un d’entre eux m’a étouffée. » Elle se mit à pleurer. « Je me suis évanouie. »
Luc la serra une nouvelle fois contre lui pendant qu’elle sanglotait. Elle reprit son récit d’une voix haletante contre sa poitrine.
« Je me suis réveillée dans le noir avec un sparadrap sur la bouche. J’avais du mal à respirer. On avait dû m’administrer une drogue quelconque, car je n’avais plus aucune conscience du temps. Je crois que j’étais dans un coffre de voiture. Je n’en suis pas certaine. Ils peuvent très bien m’avoir transportée par ferry. Je ne sais pas combien de temps ça a pris, mais quand je suis arrivée ici, j’étais dans un état lamentable, complètement déshydratée. Odile était là. Elle s’est occupée de moi, si l’on peut dire. C’est une prison. Que veulent-ils, Luc ? Ils ont refusé de me dire ce qu’ils voulaient.
– Je ne sais pas très bien. »
Il la tint à bout de bras par les épaules de façon à bien la voir en face.
« S’ils voulaient nous tuer, ils l’auraient déjà fait. Ils veulent obtenir quelque chose de nous. Nous verrons, mais tu dois me croire, tout ira bien. Je ne vais pas les laisser te faire du mal. »
Elle l’embrassa pour le remercier d’avoir dit ça. Pas un baiser passionné, mais un baiser reconnaissant. Elle lui prit les deux mains, puis examina son bras gauche.
« Ça va mieux du côté de ton infection. »
Il se mit à rire.
« Ça n’a pas grande importance.
– Je m’inquiétais pour toi. »
Il sourit.
« Merci. Les comprimés font leur effet. »
À cet instant, le verrou cliqueta et la porte s’ouvrit. Bonnet était là, toujours avec son pistolet.
« O.K., dit-il, c’est l’heure. »
Luc abrita Sara derrière lui et s’avança d’un air menaçant.
« L’heure de quoi ? dit-il. Qu’attendez-vous de nous ? »
Bonnet avait le regard éteint. Il paraissait fatigué et las, mais bien décidé à rester éveillé.
« Vous verrez. »
35
I ls se trouvaient dans une salle froide et sans fenêtre, de la taille d’un gymnase d’école primaire ou d’un cinéma de quartier. L’endroit était bien trop vaste pour être simplement le sous-sol d’une maison. S’ils étaient toujours dans le village, comme Luc le pensait, dans ce cas, la salle devait être située sous la rue, accessible depuis plusieurs habitations. Un certain nombre de couloirs partaient de différents points tout autour, et il
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