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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le lendemain entre onze heures et midi à Sweetmead Manor. Le père Warfeld accepta, s’inclina devant les deux hommes et se retira.
    Castledene se dirigea vers l’huis, le ferma et s’y adossa.
    — Allons, Sir Hugh, que peut-on faire ici ? Lady Adelicia doit affronter les accusations dont elle est chargée, mais cette affaire de Maubisson... Malgré la neige, se hâta-t-il d’ajouter, j’ai envoyé des courriers dans tous les ports pour ordonner aux capitaines et aux officiers de rechercher Servinus. C’est sans aucun doute l’assassin !
    Le magistrat haussa les épaules :
    — Je ne ferai point de commentaires là-dessus, Sir Walter. Je n’en suis pas si sûr. Pourquoi Servinus aurait-il attendu d’être à l’étranger pour frapper ? Dans un manoir bien gardé comme Maubisson, en plein hiver, dans une ville inconnue ? Comment l’a-t-il fait sans que ses victimes résistent ? Comment s’est-il échappé ?
    Il secoua la tête.
    — Tout ce que je sais, c’est que le cas devant lequel nous nous trouvons est aussi ténébreux et sinistre que le temps dehors. Nous sommes à l’orée d’une impénétrable et dangereuse forêt de vilenies ; nous devons nous y frayer un chemin avec circonspection.

 
    CHAPITRE VI
    Dies irae et vindicatae.
    Jour de colère et de vengeance.
    Saint Colomba
    Quelques instants plus tard, Corbett et Ranulf, emmitouflés dans leur chape, montaient à cheval et quittaient le Guildhall. Ils empruntèrent la rue des Merciers, prirent à droite le tournant qui menait à Butter Cross, la grande croix du marché. Le soir tombait. Le froid était toujours vif et le sol rendu glissant par la glace qui durcissait, néanmoins étals et boutiques étaient fort animés. Le flamboiement des torches se déversait par les portes et les fenêtres des tavernes et des échoppes à bière, illuminant les ruelles encombrées de détritus. L’ombre mouvante, le tapage, les clameurs et les relents nauséabonds rappelaient à Corbett la fresque d’une église qui évoquait les rues de l’Enfer. Éboueurs et écureurs étaient à l’oeuvre avec leurs tombereaux à déchets. Des pèlerins en chapes de laine peignée, arborant des écussons d’étain représentant la tête suppliciée de Becket, ou des ampoules, petits flacons symbolisant le sang du martyr, se démenaient pour entrer ou sortir de la cathédrale. Ils agonissaient d’injures les apprentis qui, bondissant des étals comme des lévriers, les tiraient par la manche et le manteau, vantaient leurs produits et les invitaient à examiner les jeux de quilles complets à vendre, les bottes en cuir de Cordoue, les chandelles blanches et pures comme pucelles, les tourtes chaudes, les saucisses épicées, les couteaux bien affûtés.
    Des colporteurs et des musards de taverne encourageaient deux femmes ivres à se battre : chacune serrerait un penny dans la main et la première qui le laisserait tomber serait tenue pour perdante et plongée dans l’eau glaciale de l’abreuvoir à chevaux voisin. Un sergent de ville, qui cherchait à rattraper un âne qui avait rompu ses liens, essayait d’intervenir tout en appelant à l’aide les baillis du marché munis de leurs bâtons à bout ferré. Un chanteur, perché sur un socle au coin d’une ruelle prenant dans la rue des Merciers, expliquait à un groupe de pèlerins bouche bée qu’ils devaient, de toute urgence et tout de bon, aller prier devant le tombeau de Becket « parce que, annonçait-il, le temps du jugement est proche ». L’homme informait son auditoire qu’il revenait de Paris où un de ses amis avait invoqué les démons pour qu’ils facilitent ses études. Sur son lit de mort, à la dernière minute, on avait persuadé ledit ami de se repentir ; alors que ses compagnons d’études s’étaient rassemblés pour chanter les psaumes funéraires, ce dernier était tombé dans un profond sommeil. Il avait rêvé que son âme était plongée dans une sombre vallée sulfureuse où une troupe de diables la maltraitaient, pendant que d’autres l’aiguillonnaient de leurs griffes plus acérées que tout acier de ce bas monde. Quand il s’était réveillé, il avait fait le voeu de changer de vie et était parti en pèlerinage au tombeau de Becket où Dieu l’avait appelé à entrer chez les bénédictins. Par conséquent, concluait le narrateur, ses auditeurs devaient eux aussi prier de toutes leurs forces pour échapper aux pièges et aux leurres de Satan.
    Corbett,

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