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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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rênes et leva les yeux vers le ciel où les nuages se dispersaient. Il murmura une prière.
    — Au moins, il ne neigera plus ce soir.
    Il soupira.
    — Ranulf, je dois réfléchir et méditer.
    Son cheval dérapa sur le sentier.
    — Et l’endroit est solitaire. Viens, Dieu seul sait qui nous suit.
    À leur retour à St Augustin, ils retrouvèrent Chanson, qui allait beaucoup mieux et, installé dans le petit réfectoire, dégustait un ragoût de lapin aux oignons et un pichet de la bière spéciale de l’abbaye. Corbett et Ranulf ôtèrent leurs bottes, se changèrent, se lavèrent mains et visage et descendirent lui tenir compagnie. La pièce était bien éclairée par des torches et des chandelles disposées sur la table et réchauffée par des braseros dans chaque angle. Le réfectoire était agréable, rassurant et confortable, avec ses fresques représentant la Cène et la rencontre du Christ avec ses disciples à Emmaüs. Ranulf narra l’histoire d’un abbé fort chiche et de son frère hôtelier aux doigts avides. Un visiteur demanda un jour abri pour la nuit en leur abbaye. On ne lui offrit que du pain rassis, de l’eau et une mince paillasse pour dormir. Au matin, il protesta auprès de l’hôtelier, qui se contenta de hausser les épaules. En quittant les lieux, l’homme, croisant l’abbé, le remercia pour sa somptueuse hospitalité.
    — Bien entendu, se moqua Ranulf, l’abbé gourmanda sur-le-champ l’hôtelier pour avoir dissipé ses ressources. Et, continua-t-il, il y a cette autre histoire : celle d’un prêtre qui avait rendu visite à son amante. Il arriva chez lui tard dans la nuit. À côté de son église se trouvait une maison hantée et, en passant, il entendit une voix qui criait : « Qui êtes-vous ? » Le pasteur s’avança. « Je suis le prêtre de cette église, déclara-t-il, et vous, qui êtes-vous ?
    — Je parle du fond de l’Enfer, répliqua-t-on. Êtes-vous bien sûr d’être un prêtre ?
    — Pourquoi ?
    — Eh bien, expliqua la voix, tant de curés peuplent l’Enfer que je ne croyais pas qu’il en restait sur terre... »
    Ranulf se tut comme l’hôtelier entrait en trombe pour apprendre à Corbett que les Joyeux aimeraient le voir le lendemain afin de lui rendre grâce de sa bonté envers eux. Le magistrat accepta et décida de se joindre aux frères dans le choeur pour chanter vêpres. Ranulf se déclara fatigué et dit qu’il ferait ses propres oraisons.
    Corbett se rendit dans l’église qui s’assombrissait. Il se tapit quelques instants au pied d’un pilier pour regarder les moines entrer en file au son des cloches qui marquaient l’heure. Puis il s’avança avec respect vers le supérieur, qui montra la stalle près de lui et, d’un geste, ordonna à un frère lai d’apporter un psautier. Le magistrat appréciait cette atmosphère. Il laissa, l’espace d’un instant, son esprit se perdre dans cette belle église aux arches incurvées, aux piliers ornementés, au maître-autel baigné par le chaud rougoiement des lampes et lanternes, et dans le choral des religieux chantant l’oraison du soir. Il regarda autour de lui. C’était aussi un lieu fantomatique. Des ombres dansaient au milieu des participants, visages à moitié cachés dans la lumière, têtes tonsurées baissées, mais l’hymne mélodieuse qui résonnait jusque dans les obscurs recoins rachetait tout cela.
    Le magistrat mêla avec ardeur sa voix aux autres, puis, alors qu’il s’était assis pour écouter le lecteur, pensa à Griskin. Le texte choisi était un extrait du deuxième livre de Samuel et la voix claire et puissante faisait entendre les lamentations de David sur la mort de Saül et de Jonathan : « Splendeur d’Israël, blessé à mort sur tes hauteurs ! Comment sont tombés les héros et anéanties les armes de guerre ? » Corbett se demanda comment Griskin avait été piégé, mais repoussa ces pensées quand tous se levèrent pour entonner le psaume « Dieu des armées, combien de temps ignoreras-tu les supplications de ton peuple... »
    Les vêpres dites, Corbett resta dans sa stalle. Il refusa avec courtoisie la proposition de l’abbé qui l’invitait à le rejoindre dans sa chambre de réception, et sourit aux autres moines qui passaient devant lui. Il voulait être seul. Il se retourna et contempla le maître-autel. Ses grands cierges brûlaient encore sans faiblir. Il regarda vers le bas de l’église où une brume vespérale, qui

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