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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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au jardin. Vous passerez pour malade, au moins jusqu’à ce que le bruit de votre fin tragique soit éteint. Cela ne durera guère, croyez-moi. Les fins tragiques sont fréquentes et l’intérêt du public fugace. Évidemment, je n’en dirais pas autant de celui de Monsieur. Avec lui il va falloir jouer serré.
    — Je m’en remets entièrement à vous et à vos conseils. Mais je ne vous cache pas que j’aurai peine à supporter une longue captivité. Il faut que je puisse sortir le plus vite possible.
    — Je sais. Je sais aussi ce qu’est l’amour. Sachez vous-même que vous pouvez compter entièrement sur moi et sur ma compréhension. Ainsi soyez en repos et dormez bien. Vous voici chez vous.
    Au seuil, Gilles tendit une main dans laquelle, instantanément, Pierre-Augustin mit la sienne.
    — Merci, dit simplement le jeune homme. Merci pour tout. Je n’oublierai pas.
    Et il referma la porte tandis que son hôte se dirigeait vers sa propre chambre en fredonnant la chanson de Chérubin que tout Paris chantait alors :
    Je veux, traînant ma chaîne
    (Que mon cœur, mon cœur a de peine)
    Mourir de cette peine
    Mais non m’en consoler…
    C’est ainsi que Tournemine et Pongo entrèrent chez Figaro…
    1 .  Actuelle rue de Sévigné.

DEUXIÈME PARTIE
    L’ATTENTAT

CHAPITRE IV
    UN AUTRE VISAGE
    Cette nuit-là, Thérèse de Willermaulaz ne se coucha pas. La nuit était trop avancée pour qu’elle pût espérer trouver le repos.
    Tandis que ses hôtes, succombant enfin à la fatigue, dormaient de ce bon sommeil que donnent la sécurité et l’espoir d’une prochaine liberté, elle s’en alla, dès que le jour fut clair, entendre la messe au couvent des Filles de La Croix, voisin immédiat de la Bastille, puis errer sous les jeunes tilleuls de la place Royale 1 pour entendre les nouvelles du quartier. Elle savait que les dévotes des premières messes étaient toujours les meilleures sources d’information et qu’une fois en possession d’une nouvelle bien juteuse, elles se hâtaient de la répandre au plus vite en se rendant d’abord au cœur potinier du quartier, c’est-à-dire entre les grilles du beau quadrilatère couleur d’aurore qu’avait jadis construit le bon roi Henri.
    Son attente ne fut pas déçue. Depuis l’arrestation si spectaculaire du cardinal de Rohan et les premières inculpations dans ce que l’on appelait déjà l’Affaire du Collier, les prisonniers de la Bastille tenaient la vedette dans la curiosité des Parisiens et, à plus forte raison, dans celle des habitants de la rue Saint-Antoine et du faubourg voisin. À peine marmotté le dernier Deo gratias qu’en gagnant la sortie on chuchotait déjà en se trempant le bout des doigts dans le bénitier.
    — Vous avez entendu la cloche cette nuit ?
    — Pensez ! ça nous a tenus éveillés un bon bout de temps ! Est-ce qu’on sait ce qui s’est passé ?
    — Eh bien, je me suis laissé dire qu’un de ces pauvres gens que l’Autrichienne entasse à la Bastille comme harengs dans leur caque se serait jeté du haut d’une tour…
    — Une évasion comme qui dirait ?… Mon gamin, en sortant du fournil pendant que ça sonnait, a appris qu’un prisonnier avait essayé de s’en sauver et que les invalides lui auraient tiré dessus.
    — Une chose est sûre : on a tiré et pas qu’un coup !… Ça me paraît louche, moi ; ce bonhomme qui essaie de s’évader et qu’on abat. L’a pas eu beaucoup de temps pour se préparer. Ça serait pas un témoin gênant qu’on aurait voulu faire disparaître parce qu’il en savait trop ?
    Les potins allaient si bon train qu’en arrivant place Royale, Thérèse avait recueilli une foule d’informations allant des abords de la vérité à la plus intense fantaisie, d’un espion chargé d’empoisonner le cardinal de Rohan et qui, démasqué par les gardes, aurait été fusillé et jeté dans le fossé pour faire croire à une évasion… jusqu’au cardinal de Rohan lui-même qui aurait tenté de s’enfuir et qu’on aurait rattrapé à temps. Mais il ne venait à l’idée de personne que l’alerte de la nuit pouvait cacher tout simplement une évasion réussie. Personne ne parlait des quatre cavaliers qui avaient, à la vitesse de l’éclair, traversé la petite place pour s’enfoncer dans les ténèbres de la ville endormie.
    Un peu rassurée, la jeune femme reprit le chemin de la rue Vieille-du-Temple à travers le lacis de ruelles malodorantes où les

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