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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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sous le nom de Mouvement
national socialiste pour la liberté de l'Allemagne, voyaient les voies de leurs
électeurs (près de deux millions en 1924) tomber à moins d'un million en décembre.
Le nazisme apparaissait donc comme une cause agonisante. Poussé aussi vite
qu'un champignon sur les malheurs du pays, il dépérissait depuis son brusque
renouveau. Telle était du moins l'opinion de la plupart des Allemands et des
observateurs étrangers.
    Ce ne fut pourtant pas le cas d'Adolf Hitler. Il se décourageait
difficilement et il savait attendre. Pendant l'hiver 1925, dans le petit
appartement de deux pièces situé au dernier étage du n° 41 de la
Thierschstrasse, il se remémora ses souvenirs épars. L'été venu, dans plusieurs
auberges de l'Obersalzberg, au-dessus de Berchtesgaden, sa contemplation, qui
portait sur les mésaventures du passé immédiat et sur l'éclipsé du présent, ne
servit qu'à renforcer sa résolution. Derrière les portes de la prison, il avait
eu le temps de méditer non seulement sur son propre passé, ses triomphes et ses
erreurs, mais aussi sur celui, tumultueux, du peuple allemand, sur ses
triomphes et ses erreurs; il vit alors plus clairement les uns et les autres.
    Il sentait de nouveau brûler en lui le sens de sa mission — pour
lui-même et pour l'Allemagne — qui ne comportait aucun doute. Dans cet esprit
d'exaltation, il finit de dicter le torrent de mots qui formerait le premier
volume de Mein Kampf et il passa aussitôt au second. Le projet de ce que
le Tout-Puissant l'appelait à faire en ce monde et la philosophie, la Weltanschauung ,
qui le soutiendrait dans sa tâche, furent ainsi couchés par écrit, afin que
tous pussent y réfléchir. Nous avons vu que, pour démentielle qu'elle fût,
cette philosophie allait s'enraciner dans les profondeurs de la vie allemande.
Quant au projet, il aurait pu sembler absurde à la plupart des hommes du XXe
siècle, même en Allemagne; mais il possédait une certaine logique; il offrait
une perspective et un prolongement de l'histoire (si rares que fussent alors
ceux qui s'en aperçurent), et il montrait à la patrie le chemin d'une glorieuse
destinée.

LIVRE II
TRIOMPHE ET CONSOLIDATION

5 -
LE CHEMIN DU POUVOIR : 1925-1931
    De 1925 jusqu'au début de la crise de 1929, ce furent des années
maigres pour Adolf Hitler et pour le Mouvement nazi, mais ce qui donne la juste
mesure du personnage, ce fut qu'il persévéra sans jamais perdre espoir ni
confiance. Malgré son caractère irritable, qui provoquait souvent chez lui de
véritables crises de nerfs, il avait la patience d'attendre et il était assez
habile pour comprendre que le climat de prospérité matérielle et de détente qui
régnait alors en Allemagne ne servait pas son propos.
    Il était persuadé que le bon temps ne durerait pas. L'Allemagne
disait-il, ne dépendait pas de sa propre force, mais de celle des autres — et
surtout de l'Amérique, dont les coffres gonflés fournissaient les prêts qui
faisaient et qui maintenaient la prospérité de l'Allemagne. Entre 1924 et 1930,
les emprunts allemands atteignirent le total de quelque sept milliards de
dollars, provenant pour la plupart de financiers
américains qui se souciaient assez peu de savoir comment les Allemands
pourraient effectuer leurs remboursements. Ceux-ci
d'ailleurs s'en souciaient encore moins.
    La République empruntait pour payer ses réparations et pour
développer ses services sociaux, qui étaient le modèle du monde. Les
administrations départementales et municipales empruntaient pour financer non
seulement des améliorations nécessaires, mais aussi la construction
d'aéroports, de théâtres, de stades et de somptueuses piscines. L'industrie,
qui grâce à l'inflation avait épongé ses dettes, empruntait des milliards pour
refaire son équipement et pour rationaliser ses méthodes de production.
Celle-ci, qui en 1923 était tombée à 55 pour 100 du chiffre de 1913, atteignait
127 pour 100 de ce même chiffre en 1927. Pour la première fois depuis la
guerre, le nombre des chômeurs tombait au-dessous du million : 650 000 en 1928.
Pour la même année, les ventes au détail marquaient une augmentation de 20 pour
100 par rapport à 1925 et l'année suivante les salaires réels atteignirent un
chiffre supérieur de 10 pour 100 à celui de 1925 également. Les petits
bourgeois, tous les millions de boutiquiers et de petits salariés auprès
desquels Hitler devait chercher un soutien, profitaient de

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