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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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à l’attaque des Allemands.

22 -
« L’OPÉRATION OTARIE » :
L’INVASION DE L’ANGLETERRE
ÉCHOUE
    «  La victoire
décisive sur l’Angleterre n’est à présent qu’une question de temps », écrivait
le général Jodl, chef d’opérations à l’O. K. W. le 30 juin 1940. « Les
opérations offensives ennemies sur une large échelle ne sont plus possibles. »
    Le stratège préféré d’Hitler était en pleine euphorie. La France
avait capitulé la semaine précédente, laissant l’Angleterre isolée et
apparemment sans défense. Le 15 juin, Hitler avait informé les généraux qu’il
voulait que l’armée soit partiellement démobilisée – ramenée de 160 à 120
divisions. « Cela laisse supposer, notait Halder dans
son journal ce même jour, que l’armée a rempli sa tâche. L’aviation et la
marine auront mission de poursuivre seules la guerre contre l’Angleterre. »
    En réalité, l’armée n’y portait pas grand intérêt. Le Führer non plus ne s’y intéressait guère. Le 17 juin, le
colonel Walter Warlimont, envoyé de Jodl, informa la
marine qu’ « en ce qui concerne le débarquement en Angleterre, le Führer n’avait pas jusqu’ici exprimé une telle intention… En
conséquence, même actuellement, nul travail préparatoire d’aucune sorte (n’a) été
exécuté à l’O. K. W. (1) » Quatre jours plus tard, le 21 juin, au
moment même où Hitler entrait dans le wagon de l’armistice à Compiègne pour
humilier les Français, la marine était informée que « l’état-major de l’armée
ne prend aucune part à l’affaire d’Angleterre. Considère l’exécution impossible.
Ignore comment l’opération doit être conduite à partir de la zone sud… État-major
rejette l’opération (2). »
    Aucun des officiers désignés pour établir les plans dans les
trois services allemands ne savait comment l’Angleterre serait envahie, bien
que ce fût la marine, assez naturellement, qui y avait pensé la première. Aussi,
dès le 15 novembre 1939, alors qu’Hitler essayait en vain de stimuler ses
généraux pour qu’ils lancent une attaque à l’Ouest, Raeder chargea l’état-major
de la marine d’examiner « la possibilité d’envahir l’Angleterre, possibilité
qui se présentera si certaines conditions sont remplies dans le cours ultérieur
de la guerre (3) ».
    C’était la première fois dans l’histoire qu’on demandait à un
état-major militaire allemand d’examiner une telle action. Il semble que Raeder
prit cette initiative en grande partie parce qu’il voulait prévenir une subite
et imprévisible aberration de son Führer. Il n’existe aucun
document qui permette d’affirmer qu’Hitler fut consulté ou qu’il était au
courant. A cette époque, ses pensées étaient limitées à la conquête d’aérodromes
et de bases navales en Hollande, en Belgique et en France pour resserrer le
blocus des Iles Britanniques.
    En décembre 1939, le Haut-Commandement de l’armée et la Luftwaffe réfléchirent eux aussi au problème de l’invasion de l’Angleterre.
Les trois services échangèrent d’assez vagues idées, mais elles n’aboutirent
pas à grand-chose. En janvier 1940, la marine et l’aviation rejetèrent un plan
de l’armée comme irréalisable. Pour la marine, il ne tenait aucun compte de la
puissance navale anglaise ; pour la Luftwaffe, il
sous-estimait la R. A. F. « En conclusion, remarquait l’état-major de la Luftwaffe dans une communication à l’O. K. W., une opération
combinée avec pour objectif un débarquement en Angleterre doit être rejetée (4). »
Plus tard, comme nous le verrons, Gœring et ses sous-ordres auront un point de
vue tout à fait contraire.
    La première mention, dans les rapports allemands, du fait qu’Hitler
envisageait la possibilité d’envahir l’Angleterre date du 21 mai, lendemain
de l’entrée à Abbeville des blindés se dirigeant vers la mer. Raeder discuta « en
privé » avec le Führer « la possibilité d’un
débarquement ultérieur en Angleterre ». La source de cette information est
l’amiral Raeder (5), dont la marine ne partageait pas la gloire des victoires
retentissantes de l’armée et de l’aviation à l’Ouest et qui, assez
naturellement, cherchait le moyen de faire rentrer ses forces en scène. Mais
les pensées d’Hitler étaient fixées sur la bataille d’encerclement au nord et
sur le front de la Somme qui se formait alors au sud. Il n’ennuya

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