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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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dont l’image
commençait à prendre corps dans le cerveau du Führer.
    Les accords de Vienne furent fort mal pris par le Kremlin, en
particulier la garantie allemande des territoires demeurés roumains. Lorsque, le
1er septembre, von Schulenburg vint présenter à
Molotov un long mémorandum par lequel Ribbentrop s’efforçait d’expliquer et de
justifier ce qui venait de se passer à Vienne, le ministre soviétique observa « une
attitude distante et une réserve contrastant avec son accueil habituel ». Réserve
qui ne l’empêcha pas de formuler une violente protestation à l’adresse du
gouvernement allemand, qu’il accusa d’avoir placé la Russie en face du « fait
accompli » au mépris des signatures échangées et violé l’article III du
Pacte germano-soviétique (par lequel le Reich et l’Union Soviétique s’engageaient
à se consulter mutuellement sur toute question d’intérêt commun (19). Ainsi qu’il
est courant en pareil cas, les voleurs commençaient à se chamailler autour du
butin.
    Au cours des quarante-huit heures suivantes, les récriminations
soviétiques prirent un ton de plus en plus véhément. Ribbentrop répliqua le 3 septembre
par un second mémorandum, rédigé en termes acerbes, dans lequel l’Allemagne se
défendait d’avoir violé le pacte de Moscou et accusait en revanche l’Union
Soviétique d’avoir, elle, commis cette félonie en annexant les États Baltes et
deux provinces roumaines sans consultation préalable avec Berlin. Le 21 septembre,
sur le même mode agressif, le Kremlin réitérait ses accusations et rappelait en
passant à l’Allemagne que l’U. R. S. S. possédait encore de nombreux intérêts
en Roumanie. Le document s’achève par une proposition d’où n’est pas exclu le
sarcasme, à savoir : « Si certaines clauses de l’Article III du Pacte
germano-soviétique impliquent pour le Reich quelques restrictions et
inconvénients, le gouvernement soviétique se montre disposé à les amender, voire
à les annuler (20). »
    Presque aussitôt, deux faits vinrent fortifier les soupçons
de Staline à l’endroit d’Hitler :
    1. – Le 16 septembre, Ribbentrop prie Schulenburg d’apprendre incidemment à Molotov le passage, à travers le territoire finlandais, d’unités
allemandes envoyées en Norvège.
    2. – En l’absence de Schulenburg, en congé à Berlin, Ribbentrop
adresse au chargé d’affaires de l’ambassade d’Allemagne à Moscou, Werner von
Tippelskirch, une dépêche portant la mention « rigoureusement confidentiel »
– « Secret d’État ». Les instructions qu’elle contient ne doivent
être exécutées qu’après réception préalable, par télégramme ou téléphone, dans
un délai de vingt-quatre heures, de certaine formule chiffrée (21).
    Il s’agit d’apprendre à Molotov que « dans quelques jours »
le Japon, l’Allemagne et l’Italie signeront un traité d’alliance militaire (nullement
dirigé contre l’U. R. S. S., spécifie un paragraphe spécial). « Cette alliance,
déclare Ribbentrop, constitue une mesure de protection contre les agitateurs
bellicistes américains. Si, en fait, ce motif ne se trouve pas explicitement
formulé, les termes mêmes du traité en impliquent l’évidence. L’alliance a pour
objet exclusif de faire réfléchir Washington, ou tout au moins certains
éléments du Congrès, partisans actifs de l’entrée en guerre des États-Unis, en
leur démontrant que cet acte dressera automatiquement contre l’Amérique la
coalition de trois grandes puissances (22). »
    Lorsque von Tippelskirch apporta la nouvelle à Molotov, au soir
du 26 septembre, le glacial commissar , dont les soupçons s’étaient
mis à fleurir comme pâquerettes en mai, se montra extrêmement sceptique. Tout
de suite, avec l’attention tatillonne qu’il apportait aux plus infimes détails
– manie exaspérante pour tous ceux qui eurent affaire à lui, alliés et
adversaires – il fit remarquer à l’envoyé allemand que l’article IV du pacte de
Moscou conférait au gouvernement soviétique le droit de regard sur le texte avant
qu’il ne fût signé , y compris les protocoles secrets, quels qu’ils fussent.
    Ce n’était pas tout : il tenait à en apprendre davantage
sur l’accord conclu entre le Reich et la Finlande au sujet du droit de transit
accordé aux troupes allemandes sur le territoire finlandais. Il s’en trouvait
informé depuis trois jours par la presse,

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