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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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un seul, pour protester contre cette
condamnation à mort réfléchie, délibérée, de millions d’êtres humains ? Aucun
document concernant la spoliation de la Russie ne mentionne une réaction quelconque
de qui que ce soit, pas même des généraux pourtant indignés par la Directive
Commissar .
    L’élaboration de ce programme sauvage fut-elle l’œuvre des seuls
cerveaux anormaux, des seules âmes dévoyées d’un Gœring, d’un Himmler, d’un
Rosenberg ? Non certes. Pendant des semaines, des mois – les documents
saisis à Berlin nous l’apprennent – des centaines de fonctionnaires allemands, assis
à leurs bureaux sous la joyeuse et chaude lumière du printemps, alignèrent des
colonnes de chiffres, rédigèrent des statistiques et des rapports ayant pour
objet l’anéantissement par la faim de millions d’individus.
    De son côté, Heinrich Himmler, l’ex-éleveur de volaille, assis
lui aussi à sa table de travail du Q. G. des S. S. à Berlin, étudiait derrière
son lorgnon les plans d’extermination de millions d’autres êtres par des
méthodes plus violentes et plus expéditives. Là, la famine. Ici, la chambre à
gaz…
    Satisfait de la mise au point par ses laborieux esclaves, civils
et militaires, de l’assaut contre la Russie, de son démembrement, de son
exploitation et du massacre massif de ses citoyens, Herr Hitler, après avoir
prononcé le 4 mai au Reichstag son fameux discours, retourna à son repaire
favori : le Berghof, d’où il put contempler avec sérénité la splendeur des
sommets alpins encore coiffés de neige et rêver à sa conquête de demain, conquête
devant laquelle « le monde allait retenir son souffle » !
    C’est là que, dans la nuit du samedi 10 mai, il reçut une
nouvelle invraisemblable, suffocante, qui l’ébranla jusqu’à la moelle et
détourna pour un temps son esprit de toute autre préoccupation. Son plus intime
confident, son disciple le plus fanatique et farouchement fidèle, son second
héritier en ligne de succession après Gœring, l’homme qui depuis l’assassinat
de Rœhm se rapprochait le plus de ce qu’on appelle un ami, en un mot Rudolf
Hess, vice-Führer à la direction du Parti national socialiste, – Rudolf Hess
avait fait le mur et s’en était allé parlementer avec l’ennemi !

LA FUGUE DE RUDOLF HESS
    La nouvelle de l’envol de Hess pour l’Écosse, à bord d’un
chasseur Messerschmitt 110, fit à Hitler l’effet « d’une bombe sur le
Berghof (83) », relate le docteur Schmidt. Le général Keitel trouva le
dictateur arpentant de long en large son vaste cabinet de travail et marmonnant,
l’index pointé sur la tempe : « Il est devenu fou, positivement fou (84) ! »
Et aussitôt : « Appelez-moi Gœring tout de suite, il faut que je le
voie. »
    Dans la matinée du lendemain, un conciliabule houleux réunissait
le Führer, Gœring, Keitel et les Gauleiters du parti. Problème : Quelle
version allait-on offrir au public allemand et au monde de cet embarrassant
épisode ? Tâche d’autant plus difficile que l’Angleterre avait tout d’abord
gardé le silence sur cette étrange visite. Pendant quelques heures, Hitler et
ses comparses nourrirent l’espoir que Hess, à court d’essence, avait chu dans
la Manche et s’était noyé.
    Hitler avait été mis au courant de l’aventure par une lettre
quelque peu incohérente de Hess, remise cinq ou six heures après son décollage
de l’aérodrome militaire d’Augsbourg, à cinq heures quarante-cinq du soir.
« Je ne reconnais plus Rudolf », dit le Führer à Keitel. « Ce n’est
plus le même homme ; il lui est arrivé quelque chose… un soudain
dérangement cérébral. » Il éprouvait cependant une certaine méfiance. Séance
tenante il fit arrêter Messerschmitt, créateur de la compagnie dont Hess avait
utilisé le terrain et, avec lui, quelques douzaines de fonctionnaires
appartenant aux services administratifs de l’égaré. Si la fugue soudaine de
Hess stupéfia Hitler, son arrivée en Angleterre ébahit tout autant Churchill [115] .
    En vérité, ce bizarre incident demeura un mystère jusqu’à l’heure
du Procès de Nuremberg où Hess comparut en qualité d’accusé. Rappelons
brièvement les faits :
    Rudolf Hess, esprit confus, bien que moins abruti que Rosenberg,
s’envola vers l’Angleterre dans l’espoir illusoire d’y négocier la paix. Il
avait rencontré le duc de Hamilton à Berlin, à l’occasion des Jeux

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