Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
au moins, l’imminence
de son exécution. Les jours qui suivirent sa fugue furent parmi les plus
embarrassants qu’Hitler eût jamais à affronter. Le prestige du parti était
atteint. Comment expliquer cette incartade au peuple allemand ? Les
interrogatoires infligés aux membres de l’entourage direct du transfuge
prouvèrent au Führer qu’il n’était coupable ni de
trahison, ni de machinations déloyales.
    Alors ?… alors, il avait tout bonnement perdu la raison. Hitler
décida d’offrir cette version urbi et orbi . Aussitôt, la presse nazie, docile,
publia un communiqué annonçant que l’ex-grande vedette du national-socialisme
venait d’être subitement, atteint « de désordres mentaux imputables à une
ancienne blessure de guerre et entraînant des aberrations de caractère
idéaliste ».
    « Il apparaît (dit le texte officiel du communiqué) que
Rudolf Hess souffrait depuis quelque temps de troubles hallucinatoires le
portant à s’imaginer qu’il était appelé à traiter un accord pacifique entre le
Reich et le Royaume-Uni… Cet accident n’affecte en aucune façon la poursuite d’une
guerre imposée au peuple allemand par la Grande-Bretagne. »
    En secret, Hitler donna l’ordre, au cas où Hess reviendrait, de
le fusiller séance tenante [118] .
En outre, il dépouilla publiquement son vieux compagnon de toutes ses fonctions.
Martin Bormann, individu sinistre et servile, prit sa
place. Le Führer put alors espérer que le fâcheux épisode
tomberait dans l’oubli. Ses pensées retournèrent à l’Opération Barberousse ,
dont l’échéance approchait.

TOURMENTE SUR LE KREMLIN
    Malgré les preuves criantes et multiples des intentions d’Hitler
à l’égard de la Russie : concentration de forces armées en Pologne, présence
d’un million de soldats nazis dans les Balkans, conquête de la Grèce et de la
Yougoslavie, occupation de la Roumanie, de la Hongrie, de la Bulgarie, etc., les
hommes du Kremlin, Staline le premier, en dépit de leur réputation passée et
présente de froid réalisme, espéraient bizarrement que la Russie échapperait au
courroux vindicatif du despote allemand. Soupçonneux par nature, ils ne
pouvaient toutefois s’empêcher d’observer les faits et de faire taire leurs
appréhensions devant les agissements d’Hitler dans le Sud-Est Européen.
    Il y a donc quelque chose d’incroyable et surtout de saugrenu
dans les échanges diplomatiques russo-allemands de ce printemps 1941 (copieusement
consignés dans les documents saisis à Berlin). D’un côté, les Allemands s’efforçaient
maladroitement de berner le Kremlin jusqu’à la dernière minute. De l’autre, les
chefs soviétiques semblaient incapables de saisir pleinement la menace et d’agir
en conséquence.
    Bien que le gouvernement soviétique eût protesté contre l’entrée
des troupes allemandes en Roumanie et Bulgarie, contre l’attaque de la
Yougoslavie et de la Grèce en tant que violation du Pacte germano-soviétique et
menace à la sécurité de la Russie, Staline se donna la peine de renouveler à
plusieurs reprises ses assurances d’amitié envers le Reich.
    Le 13 avril, von der Schulenburg, ambassadeur
d’Allemagne à Moscou, expédia un message fort significatif de cette attitude. Il
y décrit comment quelques jours plus tôt, à son départ de Moscou, le ministre
des Affaires étrangères du Japon, Yosuke Matsuoka, « et les officiels
allemands » avaient reçu de Staline de remarquables témoignages d’amitié. En
public, Staline me fit signe d’approcher, écrit-il, et, m’entourant les épaules
de son bras, il me dit : « Votre pays et le mien doivent rester amis,
monsieur l’ambassadeur, et vous devez tout faire pour cela. » Peu après, continue Schulenburg, Staline se tourna vers le colonel Krebs, notre attaché militaire, s’assura qu’il était bien
Allemand et lui dit : « Nous resterons vos amis contre vents et
marées (91). »
    De son côté, von Tippelskirch, chargé d’affaires du Reich à
Moscou, informa Berlin que « la démonstration publique de Staline témoigne
de son amitié envers l’Allemagne ; attitude d’une importance particulière
en raison de persistantes rumeurs d’un imminent conflit germano-russe (92) ».
Pas plus tard que la veille, le même Tippelskirch avait annoncé à la
Wilhelmstrasse l’acceptation sans condition par le Kremlin, après des mois de
contestations, des propositions allemandes concernant la frontière

Weitere Kostenlose Bücher