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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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États autonomes pourvus chacun de son propre
gouvernement (78). »
    La mise au point de ce dernier programme fut confiée à Alfred Rosenberg, Balte au cerveau fumeux, l’un des premiers mentors d’Hitler
aux temps héroïques de Munich, devenu le penseur officiel du Parti nazi. Doué d’un
rare génie d’interprétation erronée de l’Histoire, à commencer par l’histoire
de Russie, sa patrie d’origine, cet individu balourd, bombardé commissaire au
Contrôle central de l’Administration des Régions d’Europe orientale, s’attela
aussitôt à la besogne. Les volumineux dossiers de Rosenberg furent saisis
intacts. Leur lecture est aussi accablante que celle de ses livres. Je n’en
citerai ici que les passages révélateurs des menées d’Hitler contre l’U. R. S. S.
    Rosenberg acheva dès le début de mai la
première ébauche de ces châteaux en Russie, prélude à ce qui promettait d’être
la plus colossale conquête germanique de tous les temps. Tout d’abord, la
Russie d’Europe devait être divisée en « Commissariats du Reich » .
La Pologne deviendrait un protectorat allemand sous le nom de Ostland , l’Ukraine, un État indépendant allié de l’Allemagne. Le
Caucase, région pétrolifère de grande richesse, serait gouverné par un « plénipotentiaire »
allemand. Les États Baltes et la Russie Blanche formeraient un protectorat
germanique, en attendant leur annexion par le Grand Reich.
    Cette ultime performance, explique Rosenberg dans
l’un des rapports-fleuves dont il inondait le Führer et
ses généraux, « afin d’étayer les mobiles d’ordre historique et racial de
ses décisions », serait réalisée par les Baltes germanisants « racialement
assimilables » après expulsion des éléments indésirables. « En
Lettonie et Estonie, cette expulsion devra être envisagée sur une vaste échelle,
prévoit Rosen berg ; les éléments écartés seraient
remplacés par des sujets allemands, de préférence anciens combattants. La mer
Baltique deviendra une « mer intérieure germanique (79) ».
    Deux jours avant le coup d’envoi de l’Opération
Barberousse , Rosenberg s’adressant à ses intimes collaborateurs, futurs Gauleiters de Russie, leur déclara :
    « Nos conquêtes à l’Est doivent tenir compte avant
tout d’une nécessité primordiale : nourrir le peuple allemand. Les régions
de la Russie méridionale y pourvoiront… Je ne vois absolument aucune raison ni
obligation de notre part de nourrir aussi la population russe, avec les
produits agricoles de ces régions. Nécessité fait loi et le sentiment n’a pas à
jouer en cette matière… De très dures années se préparent pour les Russes (80). »
    Dures années ? C’est peu dire ! Les Allemands
condamnaient tout bonnement des millions de Russes à mourir de faim.
    Dans sa longue directive du 23 mai 1941, Gœring, chargé de
l’exploitation économique de la Russie, projette une lumière encore plus crue
sur ce point particulier. Il y interdit le transport, dans les zones industrielles,
des stocks de vivres en provenance des riches « terres noires » d’Ukraine.
Les travailleurs de ces régions et leurs familles n’avaient plus qu’à se
laisser mourir de faim ou émigrer en Sibérie. Les ventres allemands d’abord.
    « Dans ces territoires, écrit Gœring, l’administration
allemande s’efforcera de réduire les conséquences d’une inévitable famine en
accélérant le rétablissement des cultures agricoles primitives. Entre-temps, toute
attribution, à la population russe, de vivres amenés du sud, cela au détriment
du ravitaillement allemand, aurait pour conséquence d’affaiblir les capacités d’endurance
de l’Allemagne et de saper sa résistance au blocus. Que ceci soit compris
clairement une fois pour toutes (81).
    De combien d’êtres humains cette politique d’extermination
délibérée causera-t-elle la mort ? Le procès-verbal secret de la
conférence des secrétaires d’État, le 2 mai, nous apporte la réponse :
    « Sans aucun doute, lisons-nous, si nous enlevons à
la Russie les stocks de vivres qui sont nécessaires à l’Allemagne, la famine
sévira et plusieurs millions de Russes mourront (82). »
    Gœring ne vient-il pas, implicitement, d’interdire l’attribution
de vivres à la population russe ? – « que cela soit compris
clairement une fois pour toutes ». La déduction est claire, elle aussi. Oh
reste confondu… Y eut-il un Allemand,

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