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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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économique de la Russie [180] .
    « Pillage » serait plutôt le mot, ainsi que Gœring
le disait clairement dans le discours qu’il prononça le 6 août 1942 devant
les commissaires nazis pour les territoires occupés. « On appelait
autrefois cela du pillage, dit-il, mais de nos jours les choses sont devenues
plus humaines. Néanmoins, j’entends bel et bien piller et le faire totalement (8). »
Sur ce point, du moins, il tint parole et pilla non seulement la Russie mais
toute l’Europe tombée entre les mains nazies. Cela faisait partie de l’Ordre
nouveau.

LES NAZIS METTENT L’EUROPE A SAC
    On ne connaîtra jamais le montant total du butin ; l’évaluer
avec précision s’est révélé au-delà des possibilités humaines. Mais on possède
certains chiffres, dont un grand nombre établis par les Allemands eux-mêmes. Ils
montrent avec quelle conscience toute germanique furent suivies les
instructions données par Gœring à ses subordonnés.
    « Chaque fois que vous tomberez sur quelque chose dont
le peuple allemand pourrait avoir besoin, vous devez vous acharner dessus comme
un chien de chasse sur sa proie. Il faut le saisir… et l’expédier en Allemagne
(9). »
    Et l’on prit beaucoup de choses ; non seulement des
marchandises, de la main-d’œuvre, mais des billets de banque et de l’or. Dès qu’Hitler
occupait un pays, ses agents financiers s’emparaient de l’or et des actions
étrangères détenus par sa banque d’État. Ce n’était qu’un simple début. D’effarantes
« indemnités d’occupation » étaient aussitôt calculées.
    A la fin de février 1944, le comte Schwerin von Krosigk, ministre
nazi des Finances, déclara que le total de ces paiements s’élevait à quelque 48
milliards de marks (en gros $ 12 000 000 000), dont la France, qui
fut saignée plus lourdement qu’aucun autre pays occupé, avait fourni à elle
seule plus de la moitié. A la fin de la guerre, les reçus des impositions
diverses donnaient une somme globale de près de 60 milliards de marks (soit $ 15 000 000 000).
    Sur ce total, la France dut payer 31,5 milliards ; sa
contribution annuelle de plus de 7 milliards représentant plus de quatre fois
les sommes annuelles que l’Allemagne avait payées au titre des réparations sous
les plans Young et Dawes, après la guerre de 1914-1918, tribut considéré par
Hitler comme un crime abominable. En outre, la Banque de France se vit
contrainte d’accorder des « crédits » à l’Allemagne, crédits qui s’élevèrent
à 4,5 milliards de marks, et le gouvernement français dut payer sous forme d’« amendes »
encore un demi-milliard.
    Au Procès de Nuremberg, on estima que les Allemands avaient pris
sous forme de « frais d’occupation » et sous forme de « crédits »
plus des deux tiers du revenu national belge et un pourcentage similaire du
revenu hollandais. En tout, selon une étude faite par l’ U. S. Strategic
Bombing Survey [181] ,
l’Allemagne soutira aux pays conquis une somme totale s’élevant à 26 000 000 000
de dollars, soit 13 000 milliards de francs anciens.
    Mais il est impossible d’estimer les marchandises qui furent
saisies et transportées en Allemagne sans même une formalité de paiement. Un
tel flot de chiffres se déversa sur Nuremberg que les experts furent bientôt
noyés ; à ma connaissance, pas un seul expert ne parvint à les mettre en
ordre et à en calculer les totaux.
    Pour la seule France, on estime que les Allemands ont prélevé
sous forme de « réquisitions en espèces » : 9 millions de tonnes
de céréales, 75 pour 100 de la production totale d’avoine ; 80 pour 100 d’huile,
74 pour 100 d’acier, etc., le tout représentant un total d’environ 184,5
milliards de francs.
    La Russie, dévastée par la guerre et par la sauvagerie allemande,
fut plus dure à saigner. On trouve dans les documents nazis des quantités de
rapports sur les « livraisons » soviétiques. En 1943, par exemple, on
note sur la liste de ces « livraisons » : 9 millions de tonnes
de céréales, 2 millions de tonnes de fourrage, 3 millions de tonnes de pommes
de terre, 662 000 tonnes de viande, auxquelles le Comité d’Enquête
Soviétique ajouta – pour la durée totale de l’occupation – 9 millions de têtes
de gros bétail, 12 millions de cochons, 13 millions de brebis, pour ne citer
que quelques articles. Mais les « livraisons » russes furent moins
intéressantes que l’on ne

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