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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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variées. On enfermait les
prisonniers dans des chambres spéciales et on les soumettait à des essais de
haute pression jusqu’à ce qu’ils cessent de respirer. On leur inoculait le
typhus et l’ictère de Weil. On les soumettait à des expériences de « refroidissement »
dans l’eau glacée, ou bien on les exposait nus sous la neige jusqu’à ce qu’ils
meurent de froid. On essayait sur eux des projectiles empoisonnés, ainsi que du
gaz moutarde.
    Au camp de Ravensbrück, réservé aux femmes, des centaines de
Polonaises – les « lapines » comme on les appelait – firent l’objet d’études
sur la gangrène gazeuse, tandis qu’on en soumettait d’autres à des « expériences »
de greffe osseuse. A Dachau et à Buchenwald, on sélectionnait des Gitanes pour
voir combien de temps elles résisteraient en n’ayant pour tout aliment que de l’eau
salée. Les expériences de stérilisation furent poursuivies sur une grande
échelle dans divers camps, à la fois sur les hommes et sur les femmes ; plusieurs
méthodes furent étudiées – car, ainsi qu’un médecin S. S., le docteur Adolf
Pokorny, l’écrivait à Himmler, « il faut non seulement vaincre l’ennemi
mais également l’exterminer ».
    Si on ne pouvait le tuer – et comme nous l’avons vu, vers la fin
de la guerre, le besoin de main-d’œuvre remit en question l’opportunité de
cette mesure, – il fallait du moins l’empêcher de se reproduire. En fait, le
docteur Pokorny déclara à Himmler qu’il croyait en avoir trouvé le moyen :
une plante appelée Caladium seguinum , qui, écrivait-il, provoquait une
stérilité durable.
    La seule pensée (écrivait le bon docteur au Führer S. S.) que
les 3 millions de bolcheviques qui se trouvent actuellement en captivité en
Allemagne pourraient être stérilisés, de telle sorte qu’ils soient utilisables
pour le travail mais incapables de procréer, ouvre les perspectives les plus
audacieuses (72).
    Un autre médecin apercevant lui aussi « des perspectives
très audacieuses » était le professeur August Hirt, chef de l’Institut
anatomique de l’Université de Strasbourg. Son domaine particulier était un peu
différent de celui des autres, ainsi qu’il l’exposa dans une lettre qu’il
adressait vers Noël 1941 au lieutenant-général S. S. Rudolf Brandt, adjoint d’Himmler :
    Nous avons à notre disposition d’importantes collections de
crânes représentant presque toutes les races et les peuples. Toutefois, seuls
quelques très rares spécimens de crânes de la race juive sont utilisables… La
guerre qui se déroule actuellement à l’Est nous offre l’opportunité de pallier
cette déficience. En nous procurant les crânes des commissaires bolchéviques
juifs, qui représentent le prototype de ces êtres inférieurs, repoussants mais
très caractéristiques, nous aurions la chance de disposer d’un matériel
scientifique.
    Le professeur Hirt ne voulait pas des crânes de « commissaires-bolchéviques-juifs »
déjà morts. Il demandait que les têtes de ces hommes fussent mesurées alors qu’elles
étaient en vie. Puis…
    Après la mort subséquemment provoquée de ces Juifs, dont la
tête ne devra pas être endommagée, le chirurgien séparera la tête du tronc et l’expédiera…
dans une boîte en fer-blanc hermétiquement close.
    Sur quoi, le docteur Hirt promettait de se livrer à de nouvelles
mensurations scientifiques (73). Himmler fut enchanté. Il donna l’ordre de « fournir
au professeur Hirt tout ce dont il aurait besoin pour ses travaux ».
    Le professeur fut amplement approvisionné. Son fournisseur était
un individu dénommé Wolfram Sievers, qui témoigna au Procès de Nuremberg et au « procès
des médecins », où il figurait parmi les accusés [212] .
Sievers, un ancien libraire, avait été élevé au grade de colonel S. S. et de
secrétaire exécutif de l ‘Ahnenerbe (Institut
de Recherches sur l’Hérédité), un des organismes « culturels » créés
par Himmler pour satisfaire ses nombreuses lubies.
    Selon Sievers, cet « Institut » comprenait
cinquante « branches de recherches » dont l’une s’intitulait « Institut
pour la Recherche scientifique militaire ». C’était un homme au regard
mobile, à l’air méphistophélique, au menton couvert d’une barbe noire comme l’encre,
ce qui lui valut à Nuremberg le surnom de « Barbe-Bleue ». Comme tant
d’autres personnages de cette histoire, il

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