Le Troisième Reich, T2
a été mis à plusieurs autres
pâtés d’immeubles. C’est le seul moyen de forcer ce rebut d’êtres inférieurs à
remonter à la surface…
Le 16 mai marqua le dernier jour du combat. Cette nuit-là, Stroop
adressa son dernier rapport quotidien.
Cent quatre-vingts Juifs, bandits, êtres inférieurs ont été
détruits. L’ancien quartier juif de Varsovie n’existe plus. L’action de grande
envergure entreprise a pris fin à vingt heures quinze, en faisant sauter la
synagogue de Varsovie…
Nombre total des Juifs dont le sort est réglé : 56 065,
comprenant à la fois les Juifs faits prisonniers et les Juifs dont la mort peut
être prouvée.
Comme, une semaine plus tard, on lui demandait de donner des
précisions sur ce chiffre, il répondit :
Sur les 56 065 capturés, 7 000 environ ont été
tués dans l’ancien ghetto au cours de l’opération de grande envergure. 6 929
Juifs ont péri au cours de leur transfert à Treblinka ; le nombre total
des Juifs liquidés est donc de 13 929. En outre, de 5 000 à 6 000
Juifs sont morts dans les explosions ou les flammes.
L’arithmétique du général Stroop manque un peu de clarté, car ce
rapport oublie quelque 36 000 Juifs. Mais il ne fait guère de doute qu’il
disait vrai lorsqu’il écrivait dans son rapport final, luxueusement relié, qu’il
avait pris « un nombre total de 56 065 Juifs dont la mort peut être
prouvée ». Les chambres à gaz avaient sans aucun doute réglé le sort des 36 000
qui manquaient au compte.
Selon Stroop, les pertes allemandes s’élevaient à 16 tués et 90
blessés. Les chiffres étaient probablement plus élevés, étant donné le
caractère féroce de ce combat de maison à maison, que le général lui-même
décrivait avec tant de sinistres détails. Mais il ne fallait pas heurter la
sensibilité d’Himmler ! Les troupes allemandes et la police, concluait
Stroop, « avaient rempli leur devoir sans défaillance, dans un parfait
esprit de camaraderie, et s’étaient comportées dans l’ensemble en soldats
exemplaires ».
La « solution définitive » se poursuivit jusqu’à la
fin de la guerre. Combien de Juifs furent ainsi massacrés ? Les chiffres
ont été discutés. Selon deux témoins S. S. au Procès de Nuremberg, le
tristement célèbre Karl Eichmann, chef du Bureau des Affaires juives à la
Gestapo, qui s’occupa de la « solution définitive » sous l’autorité
stimulante de son promoteur Heydrich [210] ,
en estimait le total à 5 ou 6 millions. Le chiffre donné à Nuremberg lors du
réquisitoire est de 5 700 000 et il cadrait avec les calculs du
Congrès mondial juif. Dans son étonnante étude de la « solution définitive »,
Reitlinger concluait à un chiffre moins important – toutes proportions gardées
– il se serait situé entre 4 194 200 et 4 581 200 (71).
En 1939,10 millions de Juifs environ vivaient sur les
territoires occupés par les forces hitlériennes. Quelle que soit l’estimation à
laquelle on s’arrête, il est certain que près de la moitié d’entre eux furent
exterminés par les Allemands. Telle fut la conséquence finale et le prix
effarant de l’aberration qui s’empara du dictateur nazi et qui remonte au temps
de sa jeunesse misérable à Vienne – aberration qu’il communiqua à tant de ses
partisans ou qu’il partagea avec eux.
EXPERIENCES MEDICALES
Certaines méthodes pratiquées par les Allemands durant le bref
règne de l’Ordre nouveau relèvent du pur sadisme.
Les expériences médicales nazies constituent un exemple de ce
sadisme, car l’utilisation des détenus des camps de concentration et des
prisonniers de guerre comme cobayes apporta fort peu de chose – sinon rien du
tout – à la science. C’est un récit d’horreur qui ne fait guère honneur à la
médecine allemande. Encore que les « expériences » furent conduites
par moins de deux cents charlatans meurtriers – dont certains occupaient des
postes éminents dans le monde médical – leur œuvre criminelle fut connue de
milliers de médecins en vue du Reich, dont aucun, du moins d’après les
documents que l’on possède, n’émit jamais la moindre protestation publique [211] .
Dans ce domaine, les Juifs ne furent pas les seules victimes.
Les médecins nazis se servirent également des prisonniers de guerre russes, des
déportés polonais, hommes et femmes, sans distinction, et même des Allemands. Les
« expériences » étaient des plus
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