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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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tenait très méticuleusement un
journal qui, avec sa correspondance, a contribué à le conduire au gibet.
    Au mois de juin 1943, Sievers avait réuni à Auschwitz les hommes et les femmes qui allaient fournir les squelettes destinés à
servir aux « mensurations officielles » du professeur Hirt à l’Université de Strasbourg. « Un total de 115 personnes, comprenant
79 Juifs, 30 Juives, 4 Asiatiques et 2 Polonais, ont été traitées », déclarait
Sievers en demandant un transport pour les amener d’Auschwitz au
camp de Natzweiler, près de Strasbourg. Le procureur anglais à Nuremberg
demanda ce que signifiait le mot « traités ».
    « Il s’agissait de mensurations anthropologiques, répondit
Sievers.
    — On prenait leurs mesures anthropologiques avant de les
assassiner ? C’est bien cela ?
    — On prenait également des moulages en plâtre. »
    Ce qui suivait a été raconté par le capitaine S. S.
Josef Kramer, lui-même un exterminateur chevronné d’Auschwitz, Mauthausen, Dachau et autres camps, et qui connut
une renommée éphémère sous le nom de la « Bête de Belsen » .
Il devait être condamné à mort par un tribunal anglais à Lüneburg.
    Le professeur Hirt, de l’Institut anatomique de Strasbourg,
me parla du convoi de prisonniers qui avait quitté Auschwitz. Il me dit que ces
personnes allaient être exécutées dans la chambre à gaz du camp de Natzweiler ;
puis leurs corps seraient transportés à l’Institut anatomique. Il me remit un
flacon de sels – il s’agissait, je crois de sels de cyanure – et m’indiqua la
dose approximative que je devrais employer pour empoisonner les déportés en
provenance d’Auschwitz.
    Au début du mois d’août 1943, je reçus 80 déportés qui
devaient être exécutés. Un soir, je me rendis à la chambre à gaz dans une
petite voiture en emmenant 15 femmes avec moi. Je leur dis qu’il leur fallait
passer dans cette chambre pour y être désinfectées. Je ne leur dis pas qu’elles
allaient être gazées.
    A cette époque les nazis avaient perfectionné la technique :
    Avec l’aide de quelques S. S. (poursuit Kramer), je
déshabillai complètement les femmes, et, quand elles furent nues, je les
poussai dans la chambre à gaz.
    Quand la porte se referma, elles se mirent à crier. J’introduisis
une certaine quantité de sel dans un tube… et j’observai à travers un hublot ce
qui se passait. Les femmes respirèrent pendant une demi-minute avant de tomber
à terre. J’ouvris la ventilation et fis glisser la porte. Les femmes gisaient à
terre, sans vie ; elles étaient couvertes d’excréments.
    Le capitaine Kramer affirma sous serment qu’il avait répété cet
exploit jusqu’à ce que les 80 déportés eussent été tués. Ensuite, il avait
envoyé les corps au professeur Hirt, « ainsi qu’il en avait reçu l’ordre ».
Son interlocuteur lui ayant demandé ce qu’il avait éprouvé au cours de ces
exécutions, il fit une réponse mémorable qui donne une idée du phénomène qui s’est
produit dans le Troisième Reich et qui semble si difficile à comprendre pour un
esprit normal.
    Je ne ressentais rien, parce que l’on m’avait donné l’ordre
de tuer les 80 détenus de la manière que je vous ai déjà exposée. Et, soit
dit en passant, c’est ainsi que l’on m’avait formé (74).
    Un autre témoin fit le récit de la suite de cette affaire. Il s’agit
d’Henry Herypierre, un Français qui travailla à l’Institut anatomique de
Strasbourg en qualité d’assistant de laboratoire du professeur Hirt jusqu’à l’arrivée
des Alliés.
    Le premier envoi que nous reçûmes comprenait les corps de
30 femmes… Ces corps féminins nous arrivèrent encore chauds. Leurs yeux étaient
grands ouverts et brillants. Rouges, injectés de sang, ils sortaient des
orbites. Il y avait également des traces de sang autour du nez et de la bouche.
Aucun signe de rigidité cadavérique.
    Herypierre soupçonna qu’on les avait tuées et, en cachette, copia
les numéros matricules que les prisonnières portaient tatoués sur le bras
gauche. Deux autres envois de cinquante-six hommes arrivèrent, dit-il, exactement
dans les mêmes conditions. Les cadavres furent conservés dans l’alcool sous la
direction du professeur Hirt. Mais toute cette affaire rendait le professeur
nerveux :
    « Si vous ne pouvez pas tenir votre langue, dit-il à
Herypierre, vous aurez le même sort. »
    Le professeur Hirt n’en poursuivit pas

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