Le Troisième Reich, T2
avait
éveillé les soupçons de l’O. K. W. Ce jour-là, on apprit que le général von Falkenhausen, un des dirigeants du complot à l’Ouest, avait
été brusquement démis de son poste de gouverneur militaire de Belgique et du
Nord de la France. Quelqu’un avait dû les dénoncer. Le 17 juillet, ils
apprenaient que Rommel avait été si grièvement blessé qu’on
ne pourrait plus compter sur lui avant longtemps.
Le lendemain, Gœrdeler était avisé par ses amis du quartier
général de la police qu’Himmler avait lancé un ordre d’arrestation contre lui. Sur
l’insistance de Stauffenberg, Gœrdeler, non sans protester, prit le maquis. Le
même jour, le capitaine Alfred Kransfelder, un des rares
officiers de marine appartenant à la conspiration, informa Stauffenberg que des
bruits circulaient à Berlin selon lesquels le quartier général du Führer allait sauter dans les prochains jours. Une fuite s’était
certainement produite. Tout indiquait que la Gestapo arrivait au nœud de la
conspiration.
Dans l’après-midi du 19 juillet, Stauffenberg fut de
nouveau convoqué à Rastenburg pour rendre compte à Hitler
des progrès faits dans la constitution des divisions de Volksgrenadieren , que l’armée de l’intérieur entraînait rapidement pour les
jeter sur le front qui craquait de partout. Il devait faire son rapport à la
première conférence quotidienne, qui aurait lieu au quartier général du Führer, le lendemain, 20 juillet, à treize heures [262] .
Le maréchal von Witzleben et le général
Hœpner, qui résidaient à quelque distance de Berlin, furent priés par
Stauffenberg d’arriver dans la capitale en temps voulu. Le général Beck fit ses derniers préparatifs pour prendre la direction des
opérations jusqu’à ce que Stauffenberg fût de retour après l’attentat. Les
officiers qui occupaient les postes les plus importants dans la garnison de
Berlin et aux alentours furent avisés que le 20 juillet serait Der Tag (le grand jour).
Stauffenberg travailla jusqu’à la tombée de
la nuit à la Bendlerstrasse sur le rapport qu’il devait présenter à Hitler. Il
quitta son bureau peu après huit heures pour rentrer chez lui, à Wannsee. En
chemin, il s’arrêta devant une église catholique de Dahlem pour
prier [263] .
Il passa la soirée tranquillement chez lui en compagnie de son frère, Berthold, et se retira de bonne heure. Tous ceux qui le virent
au cours de cet après-midi et de cette soirée devaient se rappeler combien il
était aimable et calme, comme si rien d’inhabituel ne se passait.
20 JUILLET 1944
Peu après six heures de la chaude matinée ensoleillée du 20 juillet
1944, le colonel Stauffenberg, accompagné de son adjoint, le lieutenant Werner von Haeften, se dirigea vers l’aéroport de Rangsdorf. Dans sa serviette bourrée, il emportait des papiers concernant les
nouvelles divisions de Volksgrenadieren , sur lesquelles, à treize heures, il devait faire un rapport au Führer dans la « Tanière du loup » de Rastenburg, en Prusse-Orientale. Entre ses documents, enveloppés
dans une chemise, il emportait une bombe munie d’un détonateur à retardement.
Elle était identique à celle que Tresckow et Schlabrendorff
avaient déposée dans l’avion du Führer l’année précédente
et qui n’avait pas explosé. De fabrication anglaise, ainsi que nous l’avons dit,
on la mettait en marche en brisant une capsule de verre dont l’acide devait
ronger un petit fil qui libérait la pointe percutante, laquelle devait frapper
la capsule de fulminate. De l’épaisseur du fil dépendait le temps qui s’écoulerait
entre la mise en marche du dispositif et le moment où l’explosion se produirait.
Ce matin-là on munit la bombe du fil le plus mince possible. Ainsi devait-il se
dissoudre en dix minutes maximum.
A l’aérodrome, Stauffenberg rencontra le général Stieff, qui lui
avait remis la bombe la nuit précédente. Un avion les attendait, l’avion
particulier du général Eduard Wagner, quartier-maître
général de l’armée et un des chefs du complot, lequel s’était arrangé pour le
mettre à leur disposition. Vers sept heures l’appareil décolla et, peu après
dix heures, il atterrissait à Rastenburg. Haeften donna au pilote l’ordre de se
tenir prêt à décoller pour le voyage de retour à n’importe quel moment après
midi.
Une voiture de l’état-major emmena le groupe au quartier général
de Wolfsschanze, situé dans un coin
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