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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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terrain. Une minute ou deux plus tard, l’avion décollait.
    Il était un peu plus de treize heures. Les trois heures
suivantes durent sembler à Stauffenberg les plus longues de sa vie. Il ne
pouvait rien faire, tandis que le lent Heinkel faisait route vers l’Ouest en
survolant la plaine sablonneuse et plate, sinon espérer que Fellgiebel avait pu
transmettre à Berlin le signal si important, que ses camarades de la
conspiration avaient aussitôt bondi à l’action pour s’emparer de la ville et
envoyer les messages préparés d’avance aux commandants militaires en fonctions
en Allemagne et à l’Ouest et que son avion ne serait pas contraint d’atterrir
par des chasseurs de la Luftwaffe alertés ou par des appareils russes – qui se
montraient de plus en plus actifs au-dessus de la Prusse-Orientale. Son propre
appareil n’était pas muni d’un poste radio à longue portée, qui lui eût permis
de capter Berlin, ce qui l’empêcha également de communiquer avec ses complices
de la capitale et de leur envoyer le signal que le général Fellgiebel avait
peut-être été empêché d’émettre.
    Son avion atterrit à Rangsdorf à quinze heures quarante-cinq et
Stauffenberg, plein de confiance, se précipita vers le téléphone le plus proche
pour appeler le général Olbricht et savoir exactement ce qui avait été accompli
au cours de ces trois heures dont tout dépendait. A sa grande consternation, il
apprit que rien n’avait été fait. Aussitôt après l’explosion, on avait reçu un
appel téléphonique de Fellgiebel, mais la communication était mauvaise et les
conspirateurs n’avaient pas bien compris si Hitler était mort ou non. En
conséquence, on n’avait rien entrepris.
    Les ordres « Walkyrie » avaient été sortis du
coffre-fort d’Olbricht, mais ils n’avaient pas été envoyés. Dans la
Bendlerstrasse, tout le monde avait attendu sans bouger le retour de Stauffenberg.
Le général Beck et le maréchal von Witzleben qui, respectivement en qualité de
nouveau chef de l’État et de commandant en chef de la Wehrmacht, auraient dû
lancer immédiatement les proclamations et les ordres préalablement rédigés pour
annoncer à la radio qu’un jour nouveau se levait sur l’Allemagne, ne s’étaient
pas encore montrés.
    Hitler n’avait pas été tué, contrairement à ce que croyait
fermement Stauffenberg et à ce qu’il avait dit à Olbricht lorsqu’il lui avait
téléphoné de Rangsdorf. L’acte presque inconscient du colonel Brandt, lorsqu’il
avait déplacé la serviette du colonel de l’autre côté de l’épais socle en chêne
de la table, avait sauvé la vie du Führer. Il était fortement commotionné, mais
ses blessures n’étaient pas graves. Ses cheveux étaient roussis, ses jambes
brûlées, son bras droit contusionné et momentanément paralysé, il souffrait d’une
lésion aux tympans, et une poutre en tombant lui avait lacéré le dos.
    Comme un témoin le dirait plus tard, il était à peine
reconnaissable lorsqu’il émergea du bâtiment ravagé et en flammes au bras de
Keitel, le visage noirci, les cheveux fumants, et les pantalons en lambeaux. Keitel,
miraculeusement, n’était pas blessé. Mais la plupart de ceux qui se tenaient à
l’extrémité de la table, près de l’endroit où la bombe avait explosé, étaient
tués ou grièvement blessés [267] .
    Dans le premier moment d’excitation, on émit plusieurs
suppositions sur la cause de l’explosion. Hitler pensa tout d’abord qu’il s’agissait
d’une attaque surprise d’un chasseur-bombardier ennemi. Jodl, la tête
ensanglantée – le lustre était tombé sur lui, – était convaincu que des
ouvriers qui effectuaient des réparations avaient logé une bombe sous le
plancher de la baraque. Le trou profond que la bombe de Stauffenberg avait
creusé dans le sol paraissait confirmer cette hypothèse.
    Les soupçons ne commencèrent à se porter sur le colonel que
quelque temps après. Himmler, qui était arrivé en courant sur les lieux au
bruit de l’explosion, fut sidéré et son premier geste fut de téléphoner – une
minute ou deux avant que Fellgiebel eût coupé les communications – à Artur Nebe,
chef de la police criminelle de Berlin, d’envoyer immédiatement par avion une
équipe d’enquêteurs.
    Dans la confusion et le trouble qui régnaient, personne au début
ne se souvint que Stauffenberg s’était glissé hors de la salle de conférence
peu avant l’explosion. On crut

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