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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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était irrésistible.
    « Le 27 janvier (quinze jours seulement après le début
de l’attaque), le raz de marée russe (dit Guderian) prenait pour nous les
proportions d’un désastre complet (13). » A cette date, déjà, la Prusse-Orientale
et la Prusse-Occidentale étaient isolées du Reich. Le même jour, Joukov
traversa l’Oder, près de Lueben, après un avance de 330 kilomètres en quinze
jours, et atteignit le sol allemand, à 300 kilomètres seulement de Berlin, Plus
catastrophique encore : les Russes avaient envahi le bassin industriel de
la Silésie.
    Albert Speer, responsable du programme d’armement,
rédigea un mémorandum destiné à Hitler, le 30 janvier – douzième
anniversaire de l’accession du Führer au pouvoir – où il
insistait sur l’importance de la perte de la Silésie : « La guerre
est perdue… » Le rapport commençait par ces mots et expliquait froidement
pour quelles raisons. Les mines de Silésie, depuis les bombardements intensifs
de la Ruhr, avaient fourni 60 pour 100 du charbon allemand. Il ne restait que
deux semaines de charbon pour les chemins de fer, les hauts fourneaux et les
usines. Dès lors que la Silésie était perdue, spécifiait Speer, il
ne pouvait plus fournir que dans les proportions d’un quart (pour le charbon) et
d’un sixième (pour l’acier) des productions de l’Allemagne en 1944 (14). C’était
prédire le désastre pour 1945.
    Le Führer – raconta plus tard Guderian – se
contenta de jeter un coup d’œil sur le rapport et le fit classer dans ses
archives secrètes. Il refusa de recevoir Speer et dit à
Guderian :
    « Désormais, je refuse de recevoir quiconque seul… C’est
toujours pour me dire quelque chose de désagréable. Je ne peux le supporter (15). »
    L’après-midi du 27 janvier, le jour où les troupes de
Joukov traversèrent l’Oder, à 200 kilomètres de Berlin, il y eut une réaction
intéressante au Q. G. d’Hitler, transféré à la Chancellerie de Berlin, où il
devait rester jusqu’à la fin. Le 25, Guderian, au désespoir, avait fait appel à
Ribbentrop pour le supplier d’obtenir une demande d’armistice à l’Ouest, afin
de concentrer le reste des armées allemandes sur le front Est. Le ministre des
Affaires étrangères se hâta d’aller « rapporter » l’affaire au Führer qui, le soir même, tança vertement son chef d’état-major
général, en l’accusant de « haute trahison ».
    Mais, deux jours après, sous l’effet du désastre à l’Est, Hitler,
Gœring et Jodl étaient persuadés qu’il ne serait même pas nécessaire de
demander un armistice à l’Ouest : d’après eux, les Alliés occidentaux ne
manqueraient pas de venir le leur offrir, tant ils craignaient les conséquences
possibles des victoires soviétiques. Un fragment des conférences du Führer, du 27 janvier, relate une partie de la scène.
    Hitler  :
Pensez-vous que les Anglais voient avec enthousiasme ce qui se passe sur le
front Est ?
    Gœring  :
Ils n’ont certainement pas prévu que nous les tiendrions en respect, pendant
que les Russes envahiraient la totalité de notre territoire… Ils n’avaient pas
compté sur la folie de notre part qui consisterait à les repousser, eux, et à
laisser les Russes nous écraser complètement. Ils tiennent pratiquement la
totalité de notre pays, maintenant…
    Jodl  : Ils
ont toujours considéré les Russes avec méfiance.
    Gœring  :
Si cela continue, nous recevrons un télégramme (des Anglais) dans quelques
jours (16).
    C’est sur cet espoir ténu que les chefs du Troisième Reich
misèrent leurs derniers jetons. A la fin, ces architectes du Pacte
germano-soviétique contre l’Occident allaient en arriver à ne pas comprendre
pourquoi les Britanniques et les Américains ne se joignaient pas à eux pour
repousser les envahisseurs russes.

L’ ECROULEMENT DES
ARMEES ALLEMANDES
    L’agonie du Troisième Reich commença au printemps 1945. Elle fut
rapide.
    Les derniers soubresauts eurent lieu en mars. En février déjà, la
majeure partie de la Ruhr était en ruine et la Haute-Silésie perdue, la
production de charbon était réduite au cinquième de l’année précédente et son
transport constituait un problème aigu, du fait des bombardements alliés sur
les voies de communication par rail et par eau. Les conférences du Führer
avaient trait principalement à la pénurie de charbon.
    Dœnitz se plaignait que de nombreux navires de guerre

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