Le Troisième Reich, T2
Lindberg dit qu'à son
avis l'Angleterre s'effondrerait vite devant les attaques aériennes allemandes.
Les officiers d'état-major, cependant, soutinrent que la force aérienne de
l'Allemagne n'était pas suffisante pour forcer une décision (D.G.F.P., X, pp.
413-15).
Le 19 octobre 1938, trois semaines après Munich, Lindberg avait
été proposé — et l'avait accepté — pour la Croix de l'Aigle Allemand avec
étoile. C'était, je crois, la seconde plus haute décoration allemande,
habituellement conférée à des étrangers distingués et qui ont, selon les termes
officiels de la citation, « bien mérité du Reich ».
[68] Il y a dans les volumes des D.G.F.P. plusieurs dépêches du ministre des Affaires
étrangères allemand au sujet de prétendus contacts avec différents diplomates
et personnalités britanniques, quelquefois directs, quelquefois par
l'intermédiaire de neutres tels que les Espagnols de Franco. Le prince Max von
Hohenlohe, Sudète allemand anglophile, rapporta à Berlin ses conversations avec
le ministre anglais en Suisse, Sir David Kelly, et avec l'Aga Khan. Il
prétendit que ce dernier lui avait demandé de transmettre le message suivant au
Führer : « Le Khédive d'Égypte, qui est également ici, a décidé, d'accord avec
lui, que le jour où le Führer passerait la nuit à Windsor ils boiraient une
bouteille de Champagne ensemble... Si l'Allemagne ou l'Italie avaient
l'intention de s'emparer de l'Inde, il se mettrait à leur disposition... La lutte
contre l'Angleterre n'était pas une lutte contre le peuple anglais mais contre
les Juifs. Pendant des années Churchill a été à leur solde et le roi était trop
faible et pas assez libre... S'il devait aller en Angleterre avec de telles
idées. Churchill l'emprisonnerait... » (D.G.F.P., X, pp. 294-295).
Il faut se rappeler que ce sont des rapports allemands et
qu'ils peuvent être faux, mais ils sont ce qu'il fallait à Hitler. Le projet
nazi d'embrigader le duc de Windsor, en réalité de le « kidnapper » et d'essayer
alors de se servir de lui, révélé par les papiers secrets du ministère des
Affaires étrangères, est analysé plus loin.
[69] Attolico avait été remplacé par Alfieri en mai, à la
demande de Ribbentrop.
[70] Il se passa une scène pittoresque et sans précédent dans l'histoire de
l'Allemagne quand Hitler s'arrêta subitement au milieu de son discours pour
remettre le bâton de maréchal à 12 généraux et un bâton spécial, qui
ressemblait à un sceptre, à Gœring, promu au grade nouvellement créé de
maréchal du Grand Reich allemand, ce qui le mettait au-dessus de tous les
autres. II fut aussi promu Grand-Croix de la Croix de fer, le seul de toute la
guerre. Halder fut oublié dans cette avalanche de promotions; il ne montait que
d'un grade, de lieutenant-général à général. Cette promotion sans
discrimination — le Kaiser n'avait nommé que 5 Feldmarschall parmi les
officiers pendant la première guerre mondiale et Ludendorff n'avait même pas
été promu — aida sans aucun doute à étouffer toute opposition latente contre Hitler
parmi les généraux qui, dans le passé, avaient menacé de le renverser par trois
fois au moins. En agissant ainsi et en dévaluant le plus haut grade militaire
par de si nombreuses promotions, Hitler, adroitement, renforça son emprise sur
les généraux. 9 généraux furent promus Feldmarschall ; Brauchitsch, Keltel.
Rundstedt, Bock, Leeb, List. Kluge, Witzleben et Reichenau ; et 3 officiers de
la Luftwaffe : Milch, Kesselring et Sperrle.
[71] Plus tard, Churchill déclara que ce rejet immédiat et brutal de l'offre de paix
d'Hitler avait été fait « par la B.B.C. sans aucune pression du gouvernement de
Sa Majesté, dès que le discours d'Hitler était passé à la radio ». (Churchill,
L'Heure tragique, p. 274.)
[72] Le ministre des Affaires étrangères italien s'était conduit comme un clown
pendant la séance au Reichstag, s'asseyant et se relevant comme un diable dans
une boîte pour faire le salut fasciste chaque fois qu'Hitler reprenait souffle.
Je remarquai aussi Quisling, un petit homme à l'œil porcin, tapi dans un fauteuil
d'angle au premier balcon. Il était venu à Berlin pour prier le Führer de lui
donner le pouvoir à Oslo.
[73] « Sur terre je suis un héros, mais sur l'eau je suis un poltron », dit-il un
jour à Rundstedt (Shulman, Defeat in the West, p. 50.)
[74] Et contempler le tombeau de Napoléon aux Invalides : « Ce
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