Le Troisième Reich, T2
charbon). Le butin de l'Italie, quelque peu vague, se
résuma à fort peu de chose (65).
[112] Dès son retour d'Allemagne où il paraît avoir gobé avec une étonnante candeur
les fanfaronnades de la propagande nazie, Charles Lindbergh, vainqueur de
l'Atlantique, entreprit une tournée de conférences destinées à convaincre ses
vastes et enthousiastes auditoires de l'écroulement imminent de l'Angleterre.
Le 23 avril 1941, adressant la parole à une assemblée de 30 000 personnes à
l'occasion du meeting d'inauguration du comité Amérique d'abord, il déclara : «
Le gouvernement britannique trame en ce moment une dernière manœuvre désespérée
: nous amener à envoyer une seconde fois en Europe un corps expéditionnaire
américain voué à partager sa faillite militaire et financière. L'Angleterre,
dit-il encore, est coupable d'avoir incité les nations plus faibles à se lancer
dans une bataille perdue d'avance. »
Lindbergh oubliait sans doute — ou voulait oublier — que la
Grèce et la Yougoslavie, attaquées sans provocation de leur part et
impitoyablement écrasées par l'Allemagne, avaient simplement essayé de se
défendre. Certaines nations possèdent encore le sens de l'honneur et un
indomptable courage, même et surtout en face d'un combat inégal.
Les conséquences de ces propos ne se firent pas attendre. Deux
jours plus tard, publiquement flétri par le président Roosevelt de l'épithète
de « défaitiste », Lindbergh offrait sa démission de colonel de réserve de
l'armée de l'air américaine. Le ministre de la Guerre l'accepta.
[113] « Pour la première fois, déclara le maréchal von Manstein au tribunal, mes
principes militaires et mon devoir d'obéissance se trouvèrent en conflit.
J'aurais dû obéir mais, en mon for intérieur, je jugeais qu'un officier ne
pouvait pas se comporter ainsi. J'avertis le commandant du groupe d'armées sous
les ordres duquel je servais alors... que je n'exécuterais pas un tel ordre,
contraire à mon honneur de soldat (74). » (A titre documentaire, ajoutons que
l'ordre dont il s'agit fut exécuté sur une vaste échelle.)
[114] « Un homme de paille », comme Hitler devait l'appeler plus tard (Entretiens
Secrets avec Hitler)
[115] Dans le tome III de ses mémoires, La Grande Alliance, Churchill raconte comment
il apprit la nouvelle alors qu'il se trouvait en week-end à la campagne et
comment il refusa tout d'abord d'y ajouter foi parce que trop abracadabrante.
[116] Le dossier confidentiel de ses entretiens avec Hess fut communiqué au tribunal
de Nuremberg lors du procès des criminels de guerre allemands (86).
[117] A Nuremberg, Hess dira que Lord Simon se présenta à lui sous le nom de docteur
Guthrie, mandaté par le gouvernement britannique pour enregistrer ses
déclarations et en discuter dans la mesure où il les jugerait utiles pour le
gouvernement de Sa Majesté (89).
[118] Au Procès de Nuremberg, Hess, pantin brisé et pitoyable, simula l'amnésie
totale. Son évident dérangement mental lui valut d'échapper au peloton
d'exécution. Il fut condamné à la détention perpétuelle. J'ai décrit dans un
ouvrage précédent (Fin de Berlin's Diary) son comportement dans le box des
accusés. Traité en prisonnier de guerre, il fut libéré le 10 octobre 1945, afin
de pouvoir comparaître devant le Tribunal international. Tout au long de sa
captivité en Angleterre, il se plaignit amèrement de se voir refuser les
privilèges diplomatiques et ne cessa de les revendiquer. Son cerveau déjà
lézardé s'écroula tout à fait et il traversa de longues périodes d'amnésie,
authentique cette fois. Persuadé que les Anglais cherchaient à l'empoisonner,
disait-il au docteur Kelley, il préférait prendre les devants; en effet, à
plusieurs reprises il tenta de se suicider.
[119] Le 5 avril 1941, veille de l'assaut allemand contre la Yougoslavie, le
gouvernement soviétique conclut en hâte un pacte de non-agression et d'amitié
avec le nouveau gouvernement de Belgrade, apparemment dans l'espoir de
distancer Hitler. Informé de cet accord par Molotov, von Schulenburg s'exclama
: « Vous ne pouviez choisir un pire moment ! » et essaya d'obtenir des Russes
l'ajournement de leur signature (96).
[120] Quant à moi, juste avant mon départ de Berlin, en décembre 1940, George Kennan,
l'un des plus brillants sujets de notre ambassade, me fit savoir que celle-ci
avait eu vent, de divers côtés, des projets d'Hitler. Trois semaines à
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