Le Troisième Reich, T2
peine
avant l'assaut de Barberousse, notre consul à Kœnigsberg, J. Kuykendall,
communiqua même à Washington la date exacte.
[121] Le comte Ciano écrivit ces lignes le 23 décembre 1943 dans
la cellule 27 de la prison de Vérone, quelques jours avant son exécution. Le
gouvernement italien, ajoute-t-il, fut informé de l'invasion de la Russie une
demi-heure après le fait accompli. (Journal de Ciano, p.
583.)
[122] Von Hassell confirme cet aveu. En date du 16 juin, il note : « Halder et
Brauchitsch ont déjà approuvé la tactique « terroriste » du Führer en Russie.
L'armée va devoir assumer la responsabilité des exécutions et des massacres
dont, jusqu'ici, les S.S. possédaient le monopole. »
Tout d'abord, les conspirateurs antinazis s'imaginèrent non sans
naïveté que les consignes de terreur d'Hitler révolteraient la majorité des
généraux au point de les faire s'embrigader dans le clan de la rébellion. Cette
illusion ne dura pas.
« Série de discussions entre Popitz, Goerdeler, Beck, Oster et
moi-même, écrit encore Hassell. La question est de savoir si les ordres donnés
par le Führer (mais pas encore transmis aux unités combattantes) suffiront à
leur ouvrir les yeux sur la vraie nature du régime qu'ils servent. Ces ordres
exposent les mesures brutales... à appliquer aux Bolcheviks dés l'Invasion de
la Russie. Nous avons conclu que, pour le moment il n'y a rien à espérer... Les
généraux s'abusent eux-mêmes... ce sont d'Incurables sergents-majors !... »
(Carnets de guerre de von Hassell, pp. 198-99.)
[123] Ainsi s'acheva la carrière diplomatique du comte Friedrich Werner von der
Schulenburg. Revenu en Allemagne et contraint à la retraite, il rallia les
milieux de l'opposition dirigés par Hassell et quelques autres, déjà nommés,
hostiles à la dictature nazie.
Il fut question, pour un temps, de le nommer ministre des
Affaires étrangères d'un gouvernement antihitlérien et. en 1943, il s'offrit à
franchir les lignes russes afin de proposer à Staline d'éventuelles
négociations de paix avec le nouveau gouvernement. (Carnets de guerre de von
Hassell, pp. 321-322.)
En 1944, l'ex-ambassadeur du Reich, arrêté et emprisonné à la
suite du complot contre le Führer, fut exécuté par la Gestapo, le 10 novembre.
[124] Le journal d'Halder porte ce jour-là une curieuse notation. Après avoir
mentionné la reprise, à midi, des émissions radiophoniques russes contrôlées
par les Allemands, Il écrit : « Le gouvernement soviétique demande au Japon sa
médiation entre le Reich et l'U.R.S.S. dans le différend politique et
économique qui les divise et annonce qu'il demeure en contact permanent avec la
Wilhelmstrasse. » Neuf heures après l'assaut de Barberousse. Staline
s'imaginait-il pouvoir encore le juguler?
[125] Dans la nuit du 21 au 22 juin, un peu avant une heure, rapporte le général
Blumentritt, chef d'état-major de la IVe armée, alors que notre artillerie
était déjà en action, l'express Berlin-Moscou poursuivit « sans incident » son
petit bonhomme de chemin à travers nos lignes jusqu'à Brest-Litovsk. Encore
plus insolite lui parut le silence de l'artillerie russe après les premiers
tirs allemands. « Les Russes ont été pris totalement par surprise », dira-t-il
encore. Au petit jour, les stations d'écoute allemandes captèrent ce message de
l'Armée Rouge : « Les Allemands nous tirent dessus, que faut-il faire? »
Réponse du Q.G. « Etes-vous devenus fous ? Et pourquoi votre
message n'est-il pas chiffré ? » (The Fatal Décisions, Seymour Freidin et
William Richardson, éditeurs.)
[126] Passage souligné dans le texte allemand original.
[127] Quelques semaines plus tard, Gœring dira à Ciano : « Cette année, 20 à 30
millions de Russes mourront de faim. Peut-être est-ce bien ainsi; certaines
nations doivent être décimées. Dans le cas contraire, nous n'y pouvons rien. Il
est évident que, si l'humanité est condamnée à mourir de faim, nos deux nations
seront les dernières à succomber... Dans les camps de prisonniers russes, les
hommes commencent à s'entre-dévorer. » (Documents diplomatiques de Ciano, pp.
464-65.)
[128] Pas autant toutefois que les propos de l'état-major général américain. En
juillet, celui-ci avait confidentiellement annoncé à quelques correspondants de
guerre présents à Washington l'effondrement imminent de l'Union Soviétique :
quelques semaines au maximum... Rien de surprenant à ce
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