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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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second acte de ce drame
est en train de s’écrire. Pour la première fois depuis soixante-sept ans nous n’avons
pas à faire la guerre sur deux fronts… Mais personne ne peut savoir combien de
temps il en sera ainsi… En vérité, je n’ai pas organisé les forces armées pour
qu’elles ne se battent pas. La volonté de frapper a toujours été en moi.
    La pensée du bienfait d’une guerre à front unique amena le
Führer à la question de la Russie.
    Pour le moment, la Russie n’est pas dangereuse. Elle est
affaiblie par bien des conditions intérieures. De plus, nous avons un traité
avec la Russie. Les traités, toutefois, sont respectés aussi longtemps qu’ils
servent un intérêt. La Russie le respectera seulement tant qu’elle le
considérera avantageux… La Russie a encore des buts très éloignés, notamment le
renforcement de sa position dans la Baltique. Nous ne pourrons nous opposer
à la Russie que lorsque nous serons libres à l’Ouest.
    Quant à l’Italie, tout dépendait de Mussolini « dont la
mort peut tout changer… Tout comme la mort de Staline, la mort du Duce peut
être une source de danger pour nous. J’ai moi-même expérimenté récemment
combien la mort pouvait facilement abattre un chef d’État ». Hitler
pensait que les États-Unis n’étaient pas encore dangereux « à cause de
leurs lois de neutralité » et que leur aide aux Alliés n’était pas
considérable. Cependant, le temps travaillait pour l’ennemi. « Le moment
est favorable à présent ; dans six mois il se peut qu’il n’en soit plus
ainsi. » En conséquence :
    Ma décision est irrévocable. J’attaquerai la France et l’Angleterre
au moment le plus favorable et le plus proche… Violer la neutralité de la
Belgique et de la Hollande est sans importance. Personne ne mettra cela en
question quand nous aurons vaincu. Nous ne justifierons pas cette violation de
neutralité aussi stupidement qu’en 1914.
    L’attaque à l’Ouest, dit Hitler à ses généraux, signifiait « la
fin de la guerre mondiale, et non une simple action. Elle ne concerne pas
seulement une question de détail, mais l’existence ou la non-existence de la
nation. » Puis il se lança dans une vibrante péroraison.
    L’esprit des grands hommes de notre histoire doit nous
encourager tous. Le destin ne nous demande pas plus qu’aux grands Allemands de
notre histoire. Aussi longtemps que je vivrai je ne penserai qu’à la victoire
de mon peuple. Je ne reculerai devant rien et j’anéantirai tous ceux qui s’opposent
à moi… Je veux anéantir l’ennemi !
    C’était un discours qui portait et, pour autant qu’on sache, pas
un seul général n’éleva la voix ni pour exprimer les craintes que tous les
commandants d’armée partageaient quant au succès d’une offensive à cette époque,
ni pour souligner l’immoralité d’une attaque contre la Belgique et la Hollande,
dont le gouvernement allemand avait solennellement garanti les frontières et la
neutralité. D’après quelques généraux présents, les remarques d’Hitler sur le
mauvais esprit aux échelons supérieurs de l’armée et de l’état-major furent
plus vives que dans la relation ci-dessus.
    Un peu plus tard, le même jour, à dix-huit heures, le Seigneur
de la Guerre fit encore appeler Brauchitsch et Halder et débita au premier – le
chef d’état-major attendait devant le bureau du Führer comme un collégien puni
– un austère sermon sur l’ « esprit de Zossen ». Le Haut-Commandement
de l’armée (O. K. W.) était imbibé de « défaitisme », accusa Hitler, et
l’état-major d’Halder avait une « attitude obstinée qui l’empêchait d’approuver
le Führer ». Le malheureux Brauchitsch, d’après son propre récit fait bien
plus tard à Nuremberg, offrit sa démission, mais Hitler la refusa, lui
rappelant sèchement, et le commandant en chef s’en souvenait, « que j’avais
à remplir mon devoir et mon service comme tous les autres soldats ». Ce
soir-là, Halder griffonna une note en sténo dans son journal : « Jour
de crise (32) ! »
    En bien des sens, le 23 novembre 1939 fut un jalon. Il
marqua le triomphe final, décisif, d’Hitler sur l’armée, cette force qui, au
terme de la première guerre mondiale, avait écarté Guillaume II et assumé
la direction suprême de la politique aussi bien que l’autorité militaire en
Allemagne. Depuis ce jour, le caporal autrichien de naguère considérait

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