Le Troisième Reich, T2
révision du 29 octobre 1939, fut
rétabli le 14 novembre sur les instances de la Luftwaffe, qui avait besoin
des terrains hollandais pour les utiliser contre l’Angleterre ; elle
offrit même de fournir un détachement de troupes aéroportées pour cette
opération mineure, mais quelque peu compliquée. C’est sur de telles
considérations que le sort des petites nations est parfois décidé (5).
Ainsi, alors que la campagne de Norvège approchait de sa
victorieuse conclusion et que les premiers jours ensoleillés du début de mai
arrivaient, l’armée allemande, la plus puissante que le monde eût jamais vue, attendait
le moment de frapper à l’Ouest. Par le nombre seulement, les deux adversaires
étaient à force égale – 136 divisions allemandes contre 135 divisions
françaises, anglaises, belges et hollandaises. Les défenseurs avaient l’avantage
de leurs vastes fortifications : l’impénétrable ligne Maginot au sud, la
longue ligne des forts belges au centre, et les lignes d’eau fortifiées de
Hollande, au nord.
Même pour le nombre de chars, les Alliés égalaient les Allemands,
mais, au lieu de les concentrer, ils les avaient dispersés par petits paquets. Et
à cause de l’aberration des Hollandais et des Belges, accrochés à leur
neutralité, il n’y avait pas eu de consultations d’états-majors, qui auraient
permis aux défenseurs de mettre leurs plans et leurs ressources en commun. Les
Allemands possédaient un commandement unique, l’initiative de l’attaquant, le
rôle d’agresseur ne les embarrassaient nullement, ils avaient une confiance
contagieuse en eux-mêmes et un plan audacieux.
L’expérience de la bataille de Pologne leur avait fourni l’occasion
de mettre à l’épreuve leurs nouvelles tactiques et leurs nouvelles armes. Ils
connaissaient l’efficacité du bombardement en piqué et de l’usage massif des
tanks. Et ils savaient, car Hitler n’avait jamais cessé de le proclamer, que
les Français, bien que défendant leur propre sol, envisageaient la lutte à
venir sans aucun enthousiasme.
Malgré son assurance et sa détermination, le haut commandement
allemand, comme le montrent les rapports secrets, connut quelques moments de
panique à l’approche de l’heure H – ou tout au moins Hitler, commandant suprême.
Le général Jodl les nota dans son journal. Hitler retarda à plusieurs reprises
et jusqu’au dernier moment le grand saut qu’au 1er mai, il avait fixé pour
le 5. Le 3 mai, il le repoussa au 6, à cause du temps, mais peut-être
aussi en partie parce que les Affaires étrangères pensaient que le prétexte
invoqué pour justifier la violation de la neutralité belge et hollandaise était
par trop transparent. Le lendemain, il décida que le jour J serait le 7 mai
et, le jour suivant, il le repoussa encore au mercredi 8. « Le Führer a
mis au point la justification de l’ « Opération Jaune », nota Jodl :
la Belgique et les Pays-Bas allaient être accusés d’avoir trahi eux-mêmes leur « neutralité. »
7 mai. – Le train du Führer devait quitter Finkenkrug
à seize heures dix-huit (poursuit le journal de Jodl). Mais le temps demeure
incertain et par conséquent l’ordre (d’attaquer) est annulé… Le Führer est très
énervé par ce nouveau retard, car il y a danger de trahison. Conversation de l’envoyé
belge près du Vatican avec Bruxelles permet de déduire que trahison a été
commise par une personnalité allemande qui a quitté Berlin pour Rome le 29 avril…
8 mai. – Nouvelles alarmantes de Hollande. Suppression
des permissions, évacuations, routes barrées, autres mesures de mobilisation… Le
Führer ne veut pas attendre davantage. Gœring veut retarder jusqu’au 10, au
moins… Le Führer très énervé ; puis il consent à l’ultime délai jusqu’au 10 mai,
ce qui est, dit-il, contraire à son intuition. Mais pas un jour de plus…
9 mai. – Le Führer a décidé attaque 10 mai. Départ
avec le train du Führer à dix-sept heures de Finkenkrug. Après rapport météo
annonçant temps sera favorable le 10, le mot code « Dantzig » est
donné à vingt et une heures.
Hitler, accompagné de Keitel, Jodl et autres personnalités de l’état-major
de l’. O. K. W., arriva au G. Q. G., qu’il avait appelé Felsennest (Aire des Roches), près de Münstereifel, juste
au lever du jour. Le 10 mai, à 40 kilomètres à l’ouest, les forces
allemandes se ruaient sur la frontière belge. Le long
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