Le vatican indiscret

tombé dessus et que j’ai été nommé archevêque de Lyon, je me suis dit : “Je serai au prochain conclave !”… »
    Quant à celui qui est déjà cardinal, il peut rêver de devenir le prochain Pape, pourquoi pas, et espérer échapper à toute la vigilance qui entoure l’élection dans la chapelle Sixtine en raison de la technologie toujours plus pointue… Alors comment traquer des cardinaux passés maîtres dans l’art d’utiliser leur portable ? Pour le savoir j’ai demandé une étude spécifique à Polyconseil, un cabinet international d’ingénieurs, spécialisé dans les médias et les télécommunications. Le polytechnicien Marc Taïeb, par ailleurs directeur général de Bolloré Telecom, qui pilote des projets numériques d’envergure pour de grandes sociétés, a dépêché spécialement un collaborateur à Rome afin d’étudier les diverses ruses. Selon les conclusions de Polyconseil, « l’utilisation d’un brouilleur est une option sérieuse pour éviter les fuites du téléphone portable. Un brouilleur ne peut pas couvrir toutes les fréquences de transmission. La très grande majorité des brouilleurs se focalisent sur les fréquences utilisées par les opérateurs mobiles. Un pirate astucieux utiliserait une fréquence interdite et peu utilisée. Il ne serait plus perturbé par le brouilleur mais éventuellement par un autre pirate. Il s’agit d’un outil de la taille d’une grande main utilisé dans les salles de spectacle et les cinémas, qui interdit la connexion entre chaque portable et le réseau national. Les conversations, mails, tweets et SMS sont alors bloqués. Le brouilleur est simple à manier, léger et aisément déplaçable. Il a une autonomie d’une heure. Il coûte quelques centaines d’euros en fonction de sa complexité. Son usage est réglementé. Enfin, sa puissance varie et empêche les conversations sur un rayon de cinq à cent mètres. Ce type d’appareil est en mesure de neutraliser la totalité de la chapelle Sixtine, mais débordera aussi sur les salles voisines. En choisissant un brouilleur de faible portée (vingt mètres), toute personne dans cette zone sera isolée du monde. Car, même au Vatican, la culture du secret est menacée par de telles innovations. Tout d’abord, cette technologie permet maintenant de retransmettre la voix avec un simple téléphone sans fil. La seule condition est d’être couvert par un opérateur. Les téléphones, dont certains mesurent trois centimètres sur cinq, pour être opérationnels doivent être manipulés par des mains expertes en mesure de télécharger des logiciels spéciaux pour l’espionnage. Ils peuvent être allumés par une personne sur place, mais également être déclenchés à distance par un simple appel ou un programmateur. Pour intercepter des appels, les opérateurs reçoivent des demandes de la justice et ils peuvent transmettre à un juge les enregistrements. Il arrive que le procédé soit détourné à d’autres fins (écoutes sauvages, par exemple). En fait, soit vous interceptez les conversations en captant le signal sur place (dans la chapelle), soit vous demandez à l’opérateur qui transporte les conversations de les intercepter dans ses locaux, ce qui nécessite ou bien une autorisation légale ou bien une complicité obscure. En ce qui concerne les mots clés, la reconnaissance vocale a fait beaucoup de progrès. Un mot prononcé lors d’une conversation peut tout à fait être détecté et déclencher un enregistrement de l’échange. Ce téléphone, mis en mode “écoute”, ne sonnera pas et ne fera aucun bruit. Il est ensuite possible d’enregistrer avec un téléphone en appuyant sur la touche “Dictaphone” ou, avec l’iPhone, grâce à la fonction “Mémo voix” et suivre les conversations pour pouvoir les diffuser ensuite. Cette méthode plus ancienne est efficace, mais ne permet pas d’en bénéficier en temps réel. Ces téléphones mobiles ont du mal à capter un signal derrière les très gros murs et il existe des zones sans couverture où le téléphone classique ne fonctionne plus. Les cardinaux les plus avisés devront donc chercher à s’isoler en discutant dans une zone dite “blanche”, telle la chapelle Sixtine, sans couverture du réseau téléphonique, afin d’être sûrs de n’être pas écoutés. Une nouvelle parade au “conclave sans réseau” consiste à déposer un répéteur, de la taille d’une savonnette, qui va prolonger