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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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demanda s’il rêvait. Le Dragon Vert qu’il pensait durablement défait
paraissait fier navire confondu en la boule rouge du soleil couchant qui
touchait la mer.
    — Nissac !… Cet homme est le diable,
il est arrivé dans le soleil… Et il m’a volé le vent !…
    D’une voix étranglée par la terreur, le
capitaine barbaresque donna ses ordres mais en cette heure tardive, une bonne
partie de l’équipage ronflait sous l’effet de l’eau-de-vie quand l’autre
traînait les pieds pour gagner les postes, croyant à nouvelle persécution de
leur capitaine qui se plaisait tant à les tourmenter.
    Les canonniers du Dragon Vert déclenchèrent terrible tir qui brisa tous les mâts, puis le navire royal, avec
cette grande vitesse qu’on redoutait jusqu’à Alger et Chypre, envoya une
seconde bordée qui ravagea les ponts.
    Caché derrière le moignon du grand mât, William
Pelhman attendit le troisième tir qui, cette fois, détruisit l’artillerie de L’Eldorado. Pâle et défait, le capitaine anglais éprouva fugitif respect
pour Nissac et sa manière. Il admira comme il avait enseigné ses canonniers et
comprit la redoutable méthode de son adversaire. D’un premier tir qui démâtait,
Nissac immobilisait sa proie. Le second, sur les ponts, tuait les hommes
rassemblés pour l’abordage. Le troisième brisait l’artillerie du navire mise à
mal. Il ne doutait point, et le vérifia sur l’instant, que la quatrième bordée
toucherait son bateau en la ligne où celui-ci flottait, provoquant son rapide
naufrage.
    C’était là bel effet de l’intelligence en
correspondance avec ce qu’il savait de ce chef froid, méthodique, parlant peu, voyant
toute chose possible des ripostes de l’ennemi.
    William Pelhman se jeta à la mer et peu en
firent autant, la plupart se trouvant déjà morts ou blessés.
    Le Dragon Vert réduisit la voilure. Ses marins, penchés vers le flot, observaient sans les
aider les survivants de L’Eldorado mais ce fut au seul Pelhman qu’on
lança filin avant de le hisser sur le pont.
    Aussitôt, le galion s’éloigna des lieux du
naufrage tandis que le capitaine anglais, entouré de deux rudes marins normands
et d’un officier breton tous silencieux et hostiles, attendait qu’on statuât
sur son sort.
    Peu après, l’amiral se présenta, le regard
glacé, la voix froide et le ton cassant :
    — Ainsi, tu es l’Anglais Pelhman, ce porc
immonde ?
    Pelhman ne sut que répondre, notant la
présence de fort jolie femme aux côtés de Nissac qui reprit :
    — Tu t’es fait spécialité de violer tes
captives et de les jeter nues à la mer.
    Sans attendre réponse, Nissac se tourna vers
son second :
    — Monsieur des Ormeaux, qu’on déshabille
cet homme.
    Bientôt, le capitaine anglais se trouva nu sur
le pont sous les rires cruels de l’équipage faisant commentaires peu flatteurs
sur son anatomie.
    Nissac s’approcha de lui à le toucher et le
silence se fit aussitôt quand le comte, la voix contenant mal grande colère, lui
souffla :
    — Riait-il ainsi, ton équipage d’assassins,
quand tu faisais mettre nues ces pauvres femmes que tu avais souillées pendant
des jours ?… En quel état est-on, nu, lorsque tous les autres sont vêtus
et rient de vous ?… Et que pensaient-elles lorsque tu annonçais que tu
allais les jeter par-dessus bord comme il sera fait de toi dans un instant ?…
    Pelhman se mit à genoux devant Nissac.
    — Pas à la mer, monseigneur !…
    Nissac baissa encore la voix :
    — Tu es un de ces hommes comme je ne les
aime point, arrogant et cruel dans la victoire, rampant et s’humiliant dans la
défaite.
    Puis, au second :
    — Monsieur des Ormeaux, jetez cette
infamie à la mer où, par son fait, reposent onze de mes marins. Qu’il en soit
ainsi !…
    Pris aux pieds et aux mains, le capitaine
anglais William Pelhman fut précipité par dessus bord.
    Il nagea quelque temps, regardant s’éloigner Le Dragon Vert dans un ciel bleu semé de petits nuages blancs et tout
empourpré par le soleil qui se jetait en les flots sur la ligne d’horizon.
    Le Dragon Vert changea de cap et connut des jours tranquilles sous un vent qui
mollissait peu souvente fois. Depuis la pointe sud de la Sardaigne, où il avait
vaincu L’Eldorado, l’amiral choisit une route plus proche des côtes
barbaresques que de celles du pays du royaume des lys.
    Avec une audace extrême, il arriva de nuit au
large d’Alger, s’approcha, et canonna les navires

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